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Objectif Tokyo – Episode #6 – Yohann Ndoye Brouard

Samedi 17 Juillet 2021 - 09:15

Ne vous fiez surtout pas aux apparences. Derrière sa décontraction apparente et ce détachement qu’il affiche en toutes circonstances se dissimule un compétiteur acharné doublé d’un authentique passionné de natation. Yohann Ndoye Brouard, puisque c’est de lui dont il s’agit, est sans conteste l’une des grandes révélations de la saison « covidienne » 2020-2021 qui trouvera son épilogue au pays du Soleil-Levant. A l’instar de la pépite Léon Marchand, de l’Amiénois Mewen Tomac et de son grand pote de l’INSEP Maxime Grousset, le colosse d’Annecy - 1m97 pour 90 kg - a profité du report des Jeux de Tokyo pour progresser, interrompre la série de pépins physiques qui entravait son éclosion depuis plusieurs saisons et réaliser des premières longueurs prometteuses dans les bassins internationaux. Médaillé de bronze du 100 m dos - sa distance de prédilection - aux championnats d’Europe de Budapest (52’’97 ex-aequo avec le Grec Christou, ndlr) après avoir poinçonné deux tickets olympiques lors de l’étape marseillaise du FFN Golden Tour-Camille Muffat (100 et 200 m dos, mars 2021), le jeune nageur de Michel Chrétien, 20 années au compteur, a disputé les championnats de France de Chartres (15-20 juin) avec application avant d’embrasser son rêve olympique au sein d’une équipe de France portée par l’énergie et les ambitions d’une relève qui ne demande désormais qu’à s’émanciper.

De quelle manière as-tu vécu les championnats de France de Chartres (15-20 juin) sachant que tu étais déjà qualifié pour les Jeux olympiques depuis l’étape marseillaise du FFN Golden Tour-Camille Muffat (mars 2021) ?

Davantage comme une compétition de préparation. L’idée, pour moi, c’est surtout de prendre l’expérience à chaque compétition car je suis avant tout focalisé sur les Jeux de Paris en 2024. Cette année, à Tokyo, j’aimerais bien disputer une finale sur 100 ou 200 m dos. Cela me permettrait de prendre des repères pour la suite tout en me familiarisant avec l’environnement olympique.

Il ne s’agit donc pas uniquement d’emmagasiner de l’expérience sportive, mais aussi du vécu olympique et international, c’est bien cela ?

Absolument ! Il me semble impératif d’apprendre à gérer toutes les émotions inhérentes à cette compétition hors du commun. Je ne suis pas quelqu’un qui stresse beaucoup, mais je sais malgré tout qu’il y aura un choc en arrivant, en découvrant les installations, la démesure du village olympique. Déjà, à la télé, les Jeux me paraissaient énormes, alors les vivre en vrai, ça va être quelque chose de forcément impressionnant !

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Le Comité d’organisation nippon avait annoncé un huis-clos avant de revenir, fin juin, sur sa décision, puis d’interdire finalement la présence du public. Au-delà de la confusion qui accompagne ce revirement comment abordes-tu cette échéance olympique tronquée par un strict protocole sanitaire ?

Il est certain que ces Jeux ne seront pas une édition comme les autres. Le médecin de l’équipe de France (Sébastien Le Garrec) nous a présenté les consignes sanitaires en vigueur à Tokyo à l’issue des championnats de France de Chartres (15-20 juin). Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça fait un peu peur…

Peur ?

Il y a beaucoup de règles à suivre. Une fois dans le village olympique, ce sera très réglementé : un test salivaire par jour, sans parler des contrôles, des applis de géolocalisation… Au total, ça fait beaucoup ! Mais bon, on sait pourquoi on le fait ! Si on peut préserver le collectif national de cette manière, il n’y a pas de questions à se poser.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Quels souvenirs as-tu des Jeux olympiques ?

Je me rappelle de la victoire de Yannick (Agnel) sur le 200 m des Jeux de Londres (2012), de celle du relais 4x100 m nage libre aussi et de la médaille d’argent de Florent (Manaudou) à Rio en 2016. Je me rappelle que j’avais été déçu qu’il fasse deuxième. Maintenant, j’aimerais qu’on fasse mieux qu’au Brésil et qu’on ramène au moins un titre (sourire)

En parlant de titres, mais nationaux cette fois, le groupe de Michel Chrétien dont tu fais partie s’est particulièrement illustré aux championnats de France de Chartres (15-20 juin). A l’issue des sélections olympiques, cinq des dix nageurs de l’INSEP avaient poinçonné leur ticket olympique (Yohann Ndoye Brouard, Maxime Grousset, Lucile Tessariol, Jonathan Atsu et Hadrien Salvan, ndlr). Cela doit être stimulant d’évoluer au sein de pareille armada, non ?

Pour tout vous dire, j’étais super fier à l’issue de ces championnats. Plus pour eux que pour moi d’ailleurs (sourire)... Cela montre que nous progressons dans la bonne direction. Cela donne confiance dans l’avenir. Michel (Chrétien) et Mathias (Mercadal, l’autre coach de l’INSEP, ndlr) font bien leur boulot (sourire)

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Rétrospectivement, quel regard portes-tu sur le report des Jeux ?

Je pense que cela a été une bonne chose pour les nageurs de l’INSEP. Il y a un an nous n’aurions sans doute pas pu prétendre à une qualification olympique. Avec un an de plus, nous avons tous progressé. Il faut encore que nous élevions notre niveau, mais c’est aussi le jeu des rendez-vous internationaux.

Peut-on dire que d’une certaine manière que vous êtes la nouvelle génération dorée de la natation française ?

Ah ça, je ne sais pas (sourire)… La génération Laure Manaudou et celle d’après autour de Yannick Agnel, Fabien Gilot ou Florent Manaudou a quand même accompli des choses incroyables. Nous n’en sommes pas encore là ! Il faut que l’on se familiarise avec le niveau mondial et après on verra s’il y a moyen d’accéder au podium.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

A Paris, en 2024, donc !

C’est l’objectif !

Tu y penses souvent ?

Oui, mais pas autant que les gens qui m’entourent et qui me le rappellent sans cesse (sourire)… Mais c’est sûr qu’en accueillant les Jeux en France, nous aurons une responsabilité supérieure. Je pense qu’il y aura de l’attente et de la pression. Mais ça ne sert à rien d’y penser maintenant. Si ça se trouve, dix mecs vont émerger sur le 100 m dos et je vais me retrouver relégué loin des meilleurs. Tout ce que je peux vous dire, c’est que j’aurais 24 ans en 2024 et que j’ai très envie que ce soit le sommet de ma carrière. Si je dois faire une médaille olympique, je pense que ce sera là-bas !

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Quelle place occupe les « anciens » au sein de l’équipe de France ? Un nageur expérimenté comme Florent Manaudou (capitaine du collectif national) partage-t-il son vécu justement ?

Florent, c’est un peu notre grand-frère (sourire)… Même si Max (Grousset) l’a battu sur 50 m nage libre à Chartres (15-20 juin 2021), il ne faut pas oublier la carrière qu’il a accompli, tous les titres qu’il a remportés, à commencer par celui de Londres en 2012 (sur 50 m nage libre). Florent est un immense nageur. Un champion hors du commun. Avec les plus jeunes, il est extrêmement bienveillant. De manière générale, je trouve que tout le monde est bien intégré. Non, vraiment, nous avons, cette année, une très belle équipe de France !

Florent Manaudou joue-t-il également un rôle de « paratonnerre médiatique » ?

Oui, évidemment ! Il est en première ligne et prend toute la pression médiatique sur ses épaules. C’est une chance pour nous, les plus jeunes, parce que nous ne sommes pas attendus. C’est lui que les journalistes veulent voir performer. Honnêtement, ça ne doit pas être facile à gérer. Heureusement, il sait faire, mais quand même, il y a des fois où je n’aimerais pas être à sa place (sourire)

Recueilli par Adrien Cadot (avec Jonathan Cohen et Issam Lachehab)

YOHANN NDOYE BROUARD

Né le 29 novembre 2000 à Chambéry

Taille : 1m97

Poids : 90 kg

Club : Dauphins d’Annecy

Entraîneur : Michel Chrétien (INSEP)

Qualifié sur 100 et 200 m dos

La phrase : « Je ne réalise pas ! J’ai l’impression d’être dans un rêve et que je vais me réveiller en me demandant pourquoi j’ai imaginé tout ça. Mais non, je vais bien nager à Tokyo. Aux championnats de France de Chartres, j’avais un peu l’impression de disputer un Golden Tour. Forcément, j’ai abordé ce rendez-vous différemment de mes concurrents, mais j’étais quand même très concentré. Je voulais gagner. De toute façon, je nage toujours pour gagner. Il n’y avait pas de stress, mais beaucoup d’envie. »

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