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Les ambitions retrouvées des Bleues

Mardi 30 Janvier 2018 - 10:15

Demain (mercredi 31 janvier), l’équipe de France féminine de water-polo s’envolera pour les Pays-Bas, où elle disputera l’Europa Cup à Oosterhout du 1er au 4 février prochain face à l’Espagne, la Russie et les Pays-Bas. Un test grandeur nature pour un collectif qui rêve désormais ouvertement d’une participation aux Jeux Olympiques ! Considérée a minima comme saugrenue il y a encore quelque temps, la question peut aujourd’hui être décemment posée. C’est en tout cas l’ambition affichée par Florian Bruzzo, entraîneur de l’équipe de France féminine depuis le mois d’août 2016.

Pensez-vous sincèrement qu’une qualification de l’équipe de France féminine aux Jeux de Tokyo est envisageable ?

Je répondrai tout simplement que je ne peux pas ne pas ambitionner les Jeux Olympiques. Sinon, je n’aurais pas accepté ce poste d’entraîneur. La tâche peut paraître ardue, certes, mais je vais tout mettre en œuvre pour y parvenir. Souvenez vous en 2012, j’étais le seul à parler des Jeux pour les garçons et beaucoup se demandaient si je n’étais pas fou…

Concrètement, qu’est-ce qui vous permet d’envisager cette qualification ?

Après un passage à vide, l’équipe de France a fait sa réapparition dans les grandes compétitions internationales. Les filles étaient présentes aux championnats d’Europe à Budapest en 2014 et à Belgrade en 2016, aux mondiaux à Kazan en 2015 et à Budapest en 2017. Ce sont des preuves tangibles d’une progression, non ! Surtout, je retiens la septième place glanée à Belgrade alors que le nombre d’équipes qualifiées avait augmenté.

A quoi peut-on imputer ce « renouveau » ?

C’est en grande partie la conséquence du travail effectué de 2005 à 2013 au pôle France de Nancy autour de Christophe Bachelier. C’est le pôle qui a maintenu sous perfusion le water-polo féminin français tout au long de ces années et l’équipe est d’ailleurs aujourd’hui composée majoritairement de filles passées par Nancy qui arrivent à maturité (moyenne d’âge de 24-25 ans, ndlr). Ces résultats peuvent aussi être mis en partie au crédit des meilleurs clubs français qui mettent de plus en plus de moyens pour développer le water-polo féminin.

Audrey Daulé (DeepBlueMedia).

A l’inverse, qu’est-ce qui pourrait vous faire douter ?

Pendant un an, j’ai fait la tournée des clubs pour voir les moyens structurels, financiers et humains dont disposait le water-polo féminin français. Je voulais connaître la fréquence des entraînements, les disponibilités des bassins, les aménagements horaires au niveau des études ou du boulot… Et c’est là que le bât blesse ! Même si le constat vexe, je dis qu’il n’y a actuellement aucune structure en France qui permet une pratique féminine de haut niveau. Je suis désolé, mais trois entraînements par semaine, pas ou très peu de préparation physique, des arrêts quasi systématiques après le Baccalauréat pour pouvoir continuer ses études… Ça relève plutôt du loisir et ça ne permet pas, en tout cas, de mettre sur pied une équipe de France forte ! Rajoutez à cela la fermeture du pôle de Nancy et le trou générationnel que cela a provoqué après les filles nées 1993…

Et vous restez malgré tout optimiste ?

Ce n’est pas une question d’optimisme. Une fois ce constat effectué, on fait quoi ? On laisse tomber ? Moi, je préfère trouver les moyens d’avancer.

Et quels sont ces moyens ?

Pour l’équipe de France, la première chose à faire était de nommer un entraîneur à temps plein. Que ce soit moi ou quelqu’un d’autre, on s’en moque. Ce qui compte, c’est qu’il y ait en permanence un référent, quelqu’un dont le seul questionnement est : « Qu’est qu’on doit faire pour que ça marche ». Ce qu’il faut ensuite, c’est pouvoir travailler ensemble le plus souvent possible. Cet été, on a eu 110 jours de stage et on est - en particulier - resté ensemble du 4 juin au 1er septembre. C’est bien, mais par contre l’an dernier… rien ! Pour pouvoir avoir des résultats, il faut être capable d’assurer une continuité dans ce domaine pendant dix ans. Les conditions de travail sont importantes aussi : il faut avoir le bassin à disposition 6-7 heures par jour, pouvoir utiliser une salle de musculation tous les jours… Ce n’est pas grave si on n’est pas au Sofitel ou si ce n’est pas un stage à l’autre bout du monde, au soleil. Il suffit qu’on travaille bien, qu’on mange bien, qu’on dorme bien ! Restait le plus important : créer un centre d’entraînement permanent où tout est mis en place pour permettre un double projet, entraînement intensif et formation professionnelle. C’est fait depuis quelques semaines !

Louise Guillet (DeepBlueMedia).

Parlez nous de ce centre d’entraînement qui a ouvert ses portes à Nice en début de saison.

D’abord le choix du lieu : Nice est, à l’heure actuelle, le seul endroit où on peut disposer d’un bassin deux fois par jour et où tout est réuni pour la réalisation du double projet. Quant aux filles, elles ont été choisies pour leur motivation, en s’engageant à tout mettre en œuvre pour aller au TQO et accéder au match de barrage avec l’ambition de le gagner.

L’équipe de France sera exclusivement composée des filles du centre d’entraînement ?

Non ! Être au centre d’entraînement ne garantit pas d’être en équipe de France. Mais il est clair que s’entraîner 5h/jour avec l’entraîneur national et un collectif de haut niveau est un vecteur évident de progression.

Si vous vous focalisez légitimement sur l’équipe de France, n’est-il pas nécessaire de s’interroger aussi sur la pratique féminine en France et sur son développement ?

Si, bien sûr ! Ce sont deux enjeux d’égale importance : l’équipe de France doit rester une vitrine et une locomotive, mais en même temps il faut relancer (ou peut-être lancer) le water-polo féminin dans notre pays. Chacun se nourrit de l’autre.

Recueilli par Jean-Pierre Chafes

LES 13 FRANCAISES RETENUES

Léa BACHELIER - OLYMPIC NICE NATATION

Laurine BACQUET - OLYMPIC NICE NATATION

Marie BARBIEUX - LILLE UNIVERSITE CLUB

Aurélie BATTU - UNION ST BRUNO BORDEAUX

Morgane CHABRIER - LILLE UNIVERSITE CLUB

Lou COUNIL - GRAND NANCY AQUAT. CLUB

Yaëlle DESCHAMPT - LILLE UNIVERSITE CLUB

Louise GUILLET - UNION ST BRUNO BORDEAUX

Morgane LE ROUX - LILLE UNIVERSITE CLUB

Géraldine MAHIEU - DUNAUJVAROS FVE

Estelle MILLOT - OLYMPIC NICE NATATION

Amandine PAILLAT - OLYMPIC NICE NATATION

Aurore SACRE - OLYMPIC NICE NATATION

Les joueuses de l'équipe de France écoutent les consignes de Florian Bruzzo lors des championnats du monde de Budapest (DeepBlueMedia).

LES PROCHAINES ECHEANCES DES TRICOLORES

  • Stage du 18 au 21 février 2018 à Nice.
  • Match de Qualif. Aller pour le Champ. d'Europe : du 22 au 24 février 2018 à Limoges - match le 24/02 à 18 h 00 - FRA/SUI
  • Stage du 25 février au 2 mars 2018 à Nice.
  • Match de Qualif Retour pour le Champ. d'Europe : du 3 au 4 mars 2018 à Uster (SUI) - match le 3/03 à 16 h 00 - SUI/FRA

TROIS QUESTIONS A CLEMENTINE VALVERDE

Après les championnats d’Europe de 2014, tu as décidé de t’octroyer une pause avec l’équipe de France. Pourquoi ?

Après Budapest, j’ai quitté Nice pour Bordeaux. Pour le water-polo, mais aussi pour mes études d’ostéopathe. Il m’a fallu du temps pour m’organiser entre mes études et l’entraînement et j’ai préféré arrêter l’équipe de France jusqu’à ce que j’arrive à nouveau à m’entraîner correctement. J’ai finalement repris quand Florian Bruzzo m’a appelée l'été dernier.

Dans la foulée, tu as même décidé de rejoindre le centre d’entraînement à Nice…

Le projet m’a plu : quatorze filles (*) qui s’entraînent ensemble deux fois par jour, un entraîneur qui est tout le temps là pour nous, des horaires d’entraînement et des repos individualisés en fonction des études… Franchement, même si j’ai dû changer d’école et de cadre de vie, je ne regrette pas du tout mon choix.

As-tu le sentiment d’avoir embrayé sur une pratique « professionnelle » ?

L’environnement invite à la performance, c’est évident. Et puis, je retiens que c’est la première fois de ma carrière que le water-polo me rapporte quelque chose : mon loyer et mes transports sont pris en charge par la FFN !

(*) Outre les Niçoises Léa Bachelier, Laurine Bacquet, Victoria Gaiech, Anaelle Grass, Estelle Millot, Amandine Paillat, Adeline et Aurore Sacré, six joueuses licenciées dans d’autres clubs ont rejoint le centre d’entraînement : Morgane Chabrier, Yaëlle Deschampt (Lille Université Club), Aurélie Battut, Audrey Daulé, Gabrielle Fitaire (Union Saint-Bruno Bordeaux).

Clémentine Valverde lors des Mondiaux de Budapest (DeepBlueMedia).

TOKYO MODE D’EMPLOI

Réunissant six équipes pour son apparition au programme des JO en 2000, puis huit à partir de 2004, le tournoi olympique passera à dix équipes à Tokyo ! Dans l’attente du système de qualification, on peut rappeler qu’en 2016, à Rio : le Brésil avait été qualifié au titre du pays organisateur, la Chine, la Hongrie, l’Australie avaient été les qualifiés continentaux pour l’Asie, l’Europe et l’Océanie tandis que l’Afrique avait décliné la place continentale et l’Amérique n’en avait pas dans la mesure où le Brésil était qualifié d’office. Ajoutons pour être tout à fait complet que les quatre dernières places (trois initialement prévues + Afrique) avaient été attribuées lors du TQO organisé à Gouda (Pays-Bas). Le tournoi de qualification olympique avait alors réuni douze pays dont la France, septième des championnats d’Europe. Quatrièmes du groupe B avec deux victoires (Allemagne et Nouvelle-Zélande) pour trois défaites (Pays-Bas, Italie et Russie), les Bleues avaient échoué en ¼ de finale face aux championnes olympiques Américaines.

UN PEU D’HISTOIRE

Le water-polo commence véritablement à se décliner au féminin dans les années 1980 quand un tournoi réservé aux filles fait son apparition aux championnats d’Europe (1985), puis aux Mondiaux (1986). Des temps héroïques qui voient les pionnières françaises de la discipline se distinguer à l’échelon continental en décrochant deux médailles de bronze successives, à Strasbourg en 1987 et à Bonn en 1989. Après deux neuvièmes places mondiales en 1991 et 1994, les choses vont pourtant se gâter. Et en 2000, quand le water-polo féminin fait son entrée aux Jeux, c’est sans les Françaises, absentes de tous les grands rendez-vous de 2001 à 2014. Seules exceptions dans cette période de disette : les Euro de 2008 à Malaga, où les Bleues terminent huitièmes (sur 8) et les Mondiaux de 2003 où, repêchées de dernière minute, elles terminent quinzièmes (sur 16) avec un seul succès à leur actif face à la Grande-Bretagne !

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