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Monsieur Nakache, qui êtes-vous ?

Lundi 27 Novembre 2017 - 09:00

Pendant que les meilleurs nageurs tricolores ont rendez-vous dans la magnifique piscine d’Antigone, Montpellier rend hommage à Alfred Nakache. La préfecture de l’Hérault accueille, en effet, jusqu’au 10 décembre l’exposition consacrée au champion juif (1) sur les traces duquel Fabien Gilot a également souhaité marcher.

Né le 18 novembre 1915 à Constantine dans une famille juive de onze enfants, Alfred Nakache découvre la natation de l’autre côté de la Méditerranée avant que son talent ne le pousse à rejoindre la métropole en 1933. Vice-champion de France du 100 nage libre l’année suivante derrière Jean Taris, « Artem » - comme on le surnomme – est membre du relais 4x200 m nage libre français qui participe aux Jeux Olympiques de Berlin, dans une Allemagne déjà sous l’emprise d’Hitler.

(D. R.)

Déchu de sa nationalité française en tant que juif sous le gouvernement du Maréchal Pétain, Nakache se réfugie à Toulouse en zone libre. Mais son calvaire ne fait que commencer. Interdit de participer aux championnats de France 1942 malgré le soutien de ses coéquipiers des Dauphins du TOEC qui boycottent la compétition, il est finalement arrêté en novembre 1943. Déporté au camp d’extermination d’Auschwitz, où sa femme et sa fille seront victimes de la barbarie nazie, il parvient à y nager à l’insu de ses bourreaux. A son retour en France alors qu’il ne pèse qu’une quarantaine de kilos, le professeur d’éducation physique reprend l’entraînement aux côtés d’Alex Jany et du jeune Jean Boiteux.

A force de volonté, Alfred Nakache finira par retrouver les sommets et participera même aux Jeux Olympiques de Londres sur 200 m brasse papillon et au sein de l’équipe nationale de water-polo. Victime d’un malaise dans le port de Cerbère, où il effectuait sa séance quotidienne de natation, il décède le 4 août 1983 à l’âge de 68 ans. Il est enterré au cimetière de Sète. C’est ce destin sportif et humain hors du commun que l’exposition « Nakache, le nageur d’Auschwitz » retrace.

Jean-Pierre Chafes

(1) Elle est visible jusqu’au 10 décembre au centre Communautaire et Culturel Juif de Montpellier (500 boulevard d’Antigone). Entrée libre. Horaires d’ouverture : du lundi au jeudi, de 10h30 à 12h30 et de 14h à 17h.

 

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Trois questions à… Fabien Gilot

Quand as-tu entendu parler pour la première fois d’Alfred Nakache ?

J’étais petit. C’était à l’occasion d’un repas de famille où mon grand-père paternel (en fait le monsieur avec qui ma grand-mère s’était remarié) qui avait été lui-même déporté et qui savait que je nageais m’a parlé d’Alfred Nakache et des camps de concentration. Je me suis ensuite intéressé de façon plus générale à la natation française de cette époque-là : Jany, Boiteux, etc. Et puis j’ai rencontré, quand je suis arrivé à Marseille, Jo Bernardo qui m’a parlé de l’homme et de l’athlète Nakache, tel qu’il l’avait connu et côtoyé.

Qu’est-ce qui t’a poussé à participé à un documentaire sur lui ?

Tout commence à Londres en 2012 quand les journalistes ont découvert le tatouage en hébreu que j’ai sous mon bras gauche et qui signifie « Je ne suis rien sans eux ». Après que j’ai expliqué que c’était pour rendre hommage à ma famille et que j’ai parlé de mon grand-père, Thierry Lashéras a trouvé que mon histoire familiale et de nageur me rapprochait de Nakache et il m’a contacté pour me proposer de collaborer à la réalisation d’un documentaire sur lui.

Qu’est-ce qu’on apprend dans ce documentaire (2) ?

En fait, je sers de guide sur les pas de de Nakache, à Toulouse et à Marseille en particulier. A travers les interviews de la fille d‘Alban Minville, son entraîneur, de Ginette Jany, la sœur d’Alex et sa coéquipière au TOEC… on a voulu faire mieux connaître l’homme, sa vie, sa passion pour la natation. Avec son plus jeune frère William, on s’est, par exemple, baladé dans Toulouse pour voir où Alfred vivait, où il allait s’entraîner. Au fil de ce tournage et de ces rencontres j’ai découvert un personnage extraordinaire, chaleureux. Un homme qui force l’admiration.

Recueilli par J.-P. C.

(2) « Nage libre » de Thierry Lashéras (Eva Production / France 3 Sud-Ouest, 2017).

 

 

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