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Damien Cely : « Je n’ai pas peur de l’échec »

Mercredi 15 Novembre 2017 - 09:30

Retraité des bassins à l’issue des Jeux Olympiques de Londres en 2012, le plongeur tricolore Damien Cely, a décidé de reprendre le fil de sa carrière. Depuis septembre, il s’entraîne de nouveau à l’INSEP et aménage son temps entre le plongeon et son métier de Sapeurs-Pompiers à la brigade de Paris. Les raisons de son retour, ses objectifs, sa vision du plongeon tricolore, il a accepté de répondre à toutes nos questions avec franchise et gentillesse.

Pourquoi as-tu souhaité reprendre l’entraînement ?

J’avais promis à Matthieu Rosset que si Paris obtenait l’organisation des Jeux Olympiques en 2024, je m’y remettais. Je tiens mes promesses. Dès que la décision a été officielle, le 13 septembre dernier, j’ai repris l’entraînement.

Étais-tu heureux de cette désignation pour Paris, qui impliquait ton retour au bord des bassins ?

Bien sûr ! Je pensais à ce retour depuis quelques temps déjà, mais je ne savais pas si j’allais être capable de reprendre et prendre du plaisir sans réels objectifs. Du coup, les Jeux de Paris en 2024 constituent un objectif à long terme qui va me permettre de profiter au maximum de cette nouvelle carrière. Depuis la reprise, je plonge avec un autre état d’esprit. Avant les Jeux de Londres, j’avais cette pression permanente d’obtenir ma qualification parce que c’était mon rêve. Maintenant que j’ai atteint ce graal, j’ai l’esprit beaucoup plus léger.

Maintenant que tu as tenu ta promesse, penses-tu réussir à convaincre Matthieu de tenter l’aventure olympique avec toi ?

Je pense que Matthieu, après dix-huit ans de plongeon, a besoin de se consacrer à sa vie personnelle et à ses études. Mais je crois aussi qu’il a envie de participer de nouveau aux Jeux Olympiques et que l’on dispute l’épreuve du 3 m synchro. C’est un regret que l’on a tous les deux de ne pas l’avoir disputé à Londres. S’il a le temps et la forme, il sera là et nous atteindrons cet objectif partagé.

Damien Cely et Matthieu Rosset vont tenter de reconstituer leur duo sur l'épreuve du 3 m synchro. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)

Tu avais mis un terme à ta carrière à l’issue des JO de Londres. Qu’as-tu fait pendant ces cinq années ?

Je suis entré dans la vie active en intégrant la brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris. C’est le métier que je pratique toujours. J’en ai également profité pour découvrir d’autres disciplines sportives comme la luta livre, un art martial brésilien. C’est à l’opposé du plongeon ! C’est du combat sans percussions. On commence debout et l’objectif est d’amener l’adversaire au sol et de finaliser le combat avec toutes les clés possibles comme les étranglements, les clés articulaires et la compression musculaire. J’ai même participé aux championnats de France et dans la catégorie « moins de deux ans de pratique » j’ai pris la deuxième place.

Tu as donc continué à t’entretenir physiquement.

Oui, d’autant qu’à la brigade, ils ont reconstitué un groupe de gymnastique et j’ai décidé de l’intégrer. Pour les acrobaties et la préparation physique, c’est parfait. D’autant qu’à la caserne, les séances de sport sont généralement libres et j’en profitais pour travailler beaucoup de spécifiques du plongeon. Quand on a été sportif de haut niveau et qu’on a des acquis, on n’a pas trop envie de les perdre.

Cette longue pause t’a-t-elle été bénéfique ?

Je pense que oui. J’ai davantage de maturité et moins de pression, ce qui me libère durant les entraînements. Je n’ai pas peur de l’échec. J’essaie de profiter de ce retour pour reprendre à zéro certains points et corriger les défauts que je pouvais avoir. Et puis les automatismes sont revenus assez vite.

(Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)

Qu’est-ce qui t’avais poussé à prendre ta retraite à l’époque ?

J’ai commencé la gymnastique à l’âge de neuf ans et très tôt j’avais l’ambition de disputer les plus grandes compétitions. J’ai été amené, très tôt dans ma vie, à m’entraîner de longues heures. Ensuite, ma maman est décédée et sur son lit de mort, elle m’avait demandé de lui promettre de participer aux Jeux Olympiques. Depuis ce jour, je n’ai jamais lâché cet objectif. Comme je me suis blessé en gym, j’ai basculé sur le plongeon à l’âge de 16 ans. Et en un temps record, je devais atteindre mes objectifs. J’ai travaillé très dur et le jour où j’ai réussi à me qualifier aux Jeux Olympiques, j’ai eu besoin de souffler et j’ai été libéré d’un poids. Une fois que j’avais tenu ma promesse, je n’avais plus de temps à consacrer au sport de haut niveau.

Comment organises-tu tes entraînements depuis la reprise ?

Pour le moment, je m’entraîne à l’INSEP sur tous mes jours de repos avec les pompiers. Évidemment, cela peut être aménagé en fonction de mes gardes. Si la veille, j’ai fait une garde de 48h qui a été un peu compliquée, je fais l’impasse sur l’entraînement du matin. Mais pour le moment, ça n’est pas arrivé. Les seules semaines qui sont compliquées, sont celles avec des gardes le week-end, parce que je dois enchaîner pendant deux semaines sans aucun jour de repos. Les seuls moments où je peux me reposer le week-end, c’est lorsque je ne travaille pas avec les pompiers, puisque nous n’avons pas d’entraînement de plongeon le samedi et le dimanche. Pour le moment, je tiens le rythme et tant que c’est le cas, je ne souhaite pas d’aménagement particulier. En espérant que cela me permettra tout de même d’atteindre mes objectifs et de me qualifier pour les championnats d’Europe de Glasgow.

Quel est donc ton rythme actuel d’entraînement ?

Pour le moment, j’ai toujours réussi à m’entraîner au minimum cinq fois par semaine. Il y a toute une organisation mise en place. À la brigade, nous avons des séances de sport, qui viennent compléter mon travail en plongeon. Le foncier m’aide à garder la ligne et le soir, pendant les séances de musculation, je me cale sur le programme établit par le préparateur physique de l’INSEP. Ça me permet de gagner du temps et d’optimiser mon travail dans l’eau lorsque je suis au bord des bassins.

Damien Cely avait pris sa retraite sportive à l'issue des Jeux Olympiques de Londres. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)

C’est donc un métier parfaitement complémentaire avec une pratique sportive à haut niveau.

C’est vrai que je n’ai pas de soucis à allier les deux, d’autant que je reviens bien au niveau en plongeon. Si j’avais un métier « classique » et que je travaillais tous les jours de 8h à 17h, ce serait impossible de le faire.

A-t-il été aisé de convaincre l’INSEP et les entraîneurs tricolores de t’accueillir de nouveau ?

J’ai eu la chance d’être soutenu dans ce projet. Mais j’ai été franc avec eux. J’ai beau avoir disputé les Jeux Olympiques, je ne suis pas un plongeur de la trempe de Matthieu ou de Benjamin. Je suis capable de me qualifier aux plus grandes compétitions, de jouer ma carte à fond, mais je ne vais pas ramener toutes les médailles. Si je reviens, c’est parce que je sais qu’au niveau national, j’ai encore les capacités pour performer et décrocher ma place en équipe de France.

Trouves-tu que le plongeon tricolore a changé pendant ton absence ?

Lorsque j’étais en équipe de France, j’essayais d’amener un certain état d’esprit aux plongeurs tricolores. Je venais de la gym où les méthodes de travail étaient différentes. J’ai voulu en tirer le meilleur pour en faire profiter les plongeurs. Je pense que ça a poussé certains, et notamment Matthieu à se surpasser. Le niveau international a augmenté en même temps que celui du plongeon français et on a eu la chance d’avoir des athlètes hors normes. Quand je suis revenu, j’ai retrouvé le même état d’esprit qu’au moment de ma retraite.

(Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)

Durant ces cinq années, les plongeurs ont remporté des titres européens et un titre mondial. Est-ce que cela a amené le plongeon français dans une autre dimension ?

J’étais heureux de voir que Benjamin, Matthieu et Laura étaient capables de briller au plus haut niveau. Mais il faut bien comprendre que ce n’est pas parce qu’on a eu trois athlètes extraordinaires qui ont été capables de bouleverser l’ordre établi, que tous les plongeurs tricolores en ont les capacités. Il ne faut pas se reposer sur ses titres et continuer à travailler pour entretenir cette dynamique.

Revenons-en à tes objectifs. Quels sont-ils actuellement ?

Je vais participer aux championnats d’Île de France, parce que c’est la condition pour que je puisse prendre part aux championnats de France d’hiver qui se tiennent du 9 au 11 février 2018. À ce moment-là, j’aurais pour ambition de réaliser le nombre de points requis pour intégrer le collectif « France » et participer aux championnats d’Europe séniors. Pour cela Il faut que je réussisse à produire 350 points sur un Grand Prix FINA à 3 mètres, et 330 points aux championnats de France à 1 mètre. Mais si je n’y arrive pas, il n’y aura pas mort d’hommes. Depuis ma reprise, j’ai déjà remis tous les plongeons de ma série des Jeux Olympiques de Londres. Physiquement, je suis prêt mais il me manque encore de la régularité. C’est ce qui prime dans notre discipline.

Est-ce le plus difficile dans cette reprise ?

C’est sans conteste, ce qui me pose le plus de problème. Dans mon esprit, les plongeons sont encore très clairs et physiquement je ne me sens pas dépassé. Mais je n’arrive pas toujours à contrôler mes exécutions et c’est très important que je travaille ce point cette année.

Damien Cely et Matthieu Rosset pourrait bien représenter la France aux Jeux Olympiques de Paris en 2024. (Photo: KMSP/Stéphane Kempinaire)

Sur du plus long terme, l’objectif est bel et bien de prendre part aux Jeux de Tokyo, mais aussi à ceux de Paris ?

Sur les deux prochaines années, je vais prendre part à des formations pour essayer d’évoluer dans mon travail avec les pompiers. Je vais mettre la priorité là-dessus parce que je suis déjà engagé dans mon avenir professionnel. Mais je vais continuer à m’entraîner comme c’est le cas actuellement. Je me sens capable de retrouver un niveau suffisant pour prendre part au moins aux qualifications olympiques. Si c’est le cas, je donnerais tout pour aller à Tokyo, mais mon objectif principal, c’est Paris et c’est déjà pour ça que je me prépare.

Es-tu déjà focalisé sur cet objectif ?

Dans ma tête, c’est Paris 2024. Cela peut surprendre parce que j’aurais 35 ans, mais ce sera à la maison et les modalités de sélection ne seront pas les mêmes. Il faut simplement que je sois encore suffisamment au niveau pour pouvoir représenter la France comme il se doit et être parmi les meilleurs tricolores.

D’autant que Matthieu Rosset a affirmé qu’il pourrait revenir pour disputer les Jeux de Paris. L’objectif est-il de disputer l’épreuve du 3 m synchro avec lui devant votre public ?

Si ça se passe comme ça, j’aurais coché toutes les cases des objectifs de ma vie. Je n’aurais plus qu’à acheter une maison, fonder une famille et, quand je serai vieux, me retourner en me disant que j’ai accompli tous mes rêves.

Recueilli par Jonathan Cohen

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