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Du nouveau chez les Bleus

Mardi 6 Février 2018 - 11:00

A partir du dimanche 11 février (et jusqu’au 4 mars prochain), l’équipe de France de water-polo va vivre un long marathon marqué par un stage en Hongrie (11-14 février), l’Europa Cup (15-18 février), puis les rencontres de qualification aux championnats d’Europe face à la Suisse (fin février et début mars). Un programme XXL mené par Nenad Vukanic, ex-coach adjoint de l’équipe du Monténégro, également international yougoslave et vainqueur de la Ligue des champions, nommé sélectionneur de l’équipe de France masculine en octobre 2017. Un homme d’expérience qui n’a d’autre ambition que de voir l’équipe de France rivaliser avec les meilleures nations mondiales et se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo en 2020. Un défi pas si insensé que ça et auquel le technicien s’est en tout cas immédiatement attelé.

Nenad, même si tu as joué et entraîné en France (CN Marseille), on te connaît finalement peu…

Je suis né à Kotor au Monténégro, dans l’ancienne Yougoslavie, le 16 mai 1974. Kotor et toute la région de la baie de Boka Kotorska (des Bouches de Kotor), avec les villes d’Herceg Novi et de Budva, possèdent une longue tradition de water-polo qui date presque d’un siècle. Cette région est l’une des places fortes de ce sport en Yougoslavie, est aujourd’hui le centre et la base du water-polo monténégrin.

On sait que le water-polo était le sport national dans l’ex-Yougoslavie et l’est toujours au Monténégro, mais raconte nous comment toi, tu es arrivé à ce sport.

Comme je suis né près de la mer, il était naturel d'apprendre à nager très tôt. J’ai été très vite attiré par le water-polo, au point de m’inscrire dans un club, le Primorac. Mais ma passion pour ce sport est vraiment née en 1984 quand la Yougoslavie est devenue championne olympique à Los Angeles. Ensuite, en 1986, Primorac a gagné son premier titre national. Comme il y a seulement 25 000 habitants à Kotor, ça été une grande fête dans toute la ville et tout ça a bien évidemment laissé les traces sur moi et mes amis. Le rêve a continué et a vraiment pris forme à 15 ans, quand j’ai fait mes débuts dans l'équipe senior de Primorac. Ça a duré cinq ans avant que je rejoigne le club de Becej. J’y suis resté sept saisons pendant lesquelles j'ai remporté six titres nationaux et une Ligue des champions. J’ai parallèlement été appelé en équipe du Yougoslavie (Serbie & Monténégro) avec laquelle j'ai connu des moments inoubliables. J'ai joué ensuite en Grèce (PAOK), en Italie (Siracusa) et en Hongrie (Szeged). J’ai disputé ma dernière saison de joueur à Marseille, où j’ai également commencé ma carrière d'entraîneur.

Quel a été ton dernier poste avant de t’occuper de l’équipe de France ?

Lors des trois dernières grandes compétitions internationales (championnat d'Europe à Belgrade, Jeux Olympiques à Rio et championnats du monde à Budapest), j'ai été l’assistant du sélectionneur national du Monténégro. 

L'équipe de France a pris la 14e place des derniers championnats du monde de Budapest (DeepBlueMedia).

Comment s’est passée ton arrivée en tant que sélectionneur de l’équipe de France ?

En septembre, Florian Bruzzo m'a expliqué la problématique de l’équipe de France, mais aussi les ambitions et les projets. Sportivement, j’ai trouvé ça très intéressant et j’ai donc continué la discussion avec Julien Issoulié. En octobre dernier, lors de la première journée de championnat, on s'est retrouvé à Nice, où j'ai également rencontré le président de la Fédération.

Qu’est-ce qui t’a fait dire oui ?

J'ai dit oui parce que c'est un défi sportif et humain. Je vois ce poste de sélectionneur de l’équipe de France comme une chance d’accomplir mes rêves sportifs avec mes joueurs. 

Est-ce que Julien Issoulié (en tant que DTN) et Florian Bruzzo (en tant que directeur du water-polo) t’ont fixé des objectifs ? La qualification pour les championnats du monde de 2019 ? Pour les JO de 2020 ? 

On a parlé du futur, évidemment, et l’objectif est clairement de se qualifier pour les Jeux Olympiques de 2020. Mais Julien et Florian ne m’ont pas mis la pression. Ils n’ont d’ailleurs pas eu à le faire parce que je me la suis mise moi-même. Nous devons, en effet, essayer de nous rapprocher des meilleures équipes du monde à chaque match, à chaque tournoi : on n'a pas de temps à perdre. Julien et Florian ont mis à ma disposition les vidéos des matches de l’équipe de France de cet été. J’ai aussi un accès sur la plateforme où on peut voir les matchs de championnat. Il n’y avait plus qu’à se mettre travail !

Tu habites en France ? Ou tu ne viens que pour les stages ? 

Pour instant, je n’habite pas en France parce que j’ai été contacté (et accepté ce poste) alors que mes enfants avaient déjà repris l’école au Monténégro, mais je m’installerai en France en septembre prochain. C’est prévu.

Ugo Crousillat, capitaine de l'équipe de France pendant les championnats du monde de Budapest (DeepBlueMedia).

Qu’est-ce que tu penses des dernières saisons de l’équipe de France ? En particulier lors des derniers championnats du monde à Budapest ?

On ne peut pas être content de la 14ème place à Budapest, mais l’équipe avait subi de nombreux changements par rapport à Rio - avec quelques anciens qui n’avaient pas été appelés ou qui avaient arrêté -, et la concurrence était très forte au niveau de ces championnats du monde. L’Italie termine 6ème, l’Espagne, 9ème ! Ce résultat reste cependant une bonne chose. Les garçons sont redescendus sur terre et je pense qu’ils ont beaucoup appris, individuellement comme collectivement.

L’équipe de France s’est rapprochée des meilleures nations mondiales ?

Je pense que la France est devenue une équipe respectable au niveau mondial, mais le chemin est encore long pour rivaliser avec les meilleurs.

Tu as fait appel à beaucoup de jeunes joueurs lors des premiers stages à l’INSEP et à Abbeville (cf. photo Le Courrier Picard). Ne vas-tu plus faire appel aux joueurs expérimentés ? 

J'avais envie de connaître le plus possible de jeunes joueurs, de voir de quelles armes nous disposerons dans le futur, mais je n’ai fermé la porte à personne. 

Nenad Vukanic et Yann Clay s'adressent aux joueurs tricolores pendant le stage d'Abbeville (Le Courrier Picard).

Qu’est-ce qui va changer avec toi en équipe de France ? Le style de jeu ? La tactique ? Plus de travail physique ? 

Je veux poursuivre sur le chemin que mes prédécesseurs et toute une génération des joueurs ont emprunté. Après vingt-quatre ans d’absence aux Jeux olympiques, ils ont remis le water-polo français sur la bonne voie. Nous devons construire l’avenir à partir de cette expérience. Ça devra être notre pierre angulaire.

Mais quelles sont les forces de cette équipe ?

Comme on n’a pas de grandes stars de niveau mondial, notre force va reposer sur le mélange de l’expérience des « anciens » et la force physique, le talent et l’ambition des jeunes. Il nous faut aussi être attentifs à ce qui se fait de nouveau au niveau du water-polo, ne pas penser que l’on sait tout, être humbles et solidaires.

Et ses faiblesses ? 

On va essayer de les cacher et de ne montrer que nos points forts !

Pourquoi avoir fait appel à Yann Clay et à Julien Aspar dans le staff de l’équipe de France (cf. encadrés ci-dessous) ? 

Yann et Julien sont des gens qui aiment et connaissent beaucoup le water-polo en général et qui ont aussi un grand désir de tout faire pour le bien de l'équipe. Ils m'aident beaucoup. Sans eux, tout serait beaucoup plus compliqué. Je sais que je vais pouvoir beaucoup apprendre d'eux. Ce qui est le plus important, c'est que je puisse parler librement et partager mes doutes et mes problèmes avec eux. J'espère sincèrement que nous sortirons de cette aventure comme des gens meilleurs et unis par une amitié encore plus grande.

Le guerrier Rémi Saudadier pendant les Mondiaux de Budapest (DeepBlueMedia).

Qu’est-ce que tu as appris pendant les premiers stages sur les joueurs que tu as convoqués ?

La première chose que j'ai vue, c'est que les jeunes ont du talent et de grandes ambitions sportives qu’ils sont capables d’assumer. Á Abbeville, plusieurs joueurs expérimentés ont rejoint le groupe. Grâce à leur travail et à leur comportement, la qualité et l'atmosphère de travail dans l'équipe a encore grandi. C’est comme ça que nous devons continuer à travailler et j'espère que ce sera le cas en Hongrie pour l’Europa Cup.

Quelles sont tes ambitions avec l’équipe de France ? 

Nous avons bien entendu nos rêves et nos ambitions. Pour les atteindre, nous devons beaucoup travailler sur nous-mêmes ; nous devons progresser ensemble, joueurs et entraîneurs ; nous devons être persévérants et très patients.

Qu’est-ce que tu penses du championnat français ? Est-ce qu’il permet aux joueurs français de devenir bons ou est-ce qu’il vaut mieux qu’ils partent à l’étranger pour progresser ? 

Le championnat de France n'est pas le meilleur d’Europe, c’est certain, mais il est devenu très intéressant ces dernières années. Il est bon en particulier pour le développement des jeunes, mais je voudrais que les joueurs sur lesquels je compte, les internationaux, soient aussi plus nombreux à évoluer à l’étranger, dans les meilleurs clubs européens. C’est comme ça, qu’on que l'équipe nationale progressera.

Recueilli par Jean-Pierre Chafes

Rémi Garsau pendant les Mondiaux de Budapest (DeepBlueMedia).

LES JOUEURS FRANÇAIS RETENUS

Mathias BACHELIER - OLYMPIC NICE NAT

Charles CANONNE - FNC DOUAI

David CAUMETTE - OLYMPIC NICE NAT

Ugo CROUSILLAT - PAYS D’AIX NATATION

Andrea DE NARDI - OLYMPIC NICE NAT

Aubin DENUX - TEAM STRASBOURG

Guillaume DINO - RADNICKI (SRB)                 

Hugo FONTANI - TEAM STRASBOURG           

Rémi GARSAU - OLYMPIC NICE NAT

Michal IZDINSKY - OLYMPIC NICE NAT                     

Enzo KHASZ - PAYS D’AIX NATATION  

Igor KOVACEVIC - C.N. MARSEILLE                 

Hugo LEPOINT - FNC DOUAI                             

Mehdi MARZOUKI - KAZAN (RUS)                              

Mathias OLIVON - C.N. MARSEILLE                

Cédric ROCCHIETTA - ENT LILLE METROPOLE         

Rémi SAUDADIER - SPANDAU BERLIN                      

P.F. VANPEPERSTRAETE - TEAM STRASBOURG      

Thomas VERNOUX - C.N. MARSEILLE            

LE PROGRAMME DES BLEUS

  • STAGE DE L’EQUIPE DE France A MESSIEURS : du 11 au 14 février 2018 à BUDAPEST, puis du 19 au 21 février 2018 à BUDAPEST.
  • EUROPA CUP : du 15 au 18 février 2018 à KECSKEMET (HUN).
  • MATCH DE QUALIFICATION ALLER AU CHAMPIONNAT D’EUROPE : FRA / SUI - Du 22 au 25 février 2018 à LIMOGES.
  • STAGE PREPARATOIRE AU MQCE RETOUR : du 26 février au 2 mars 2018 à MULHOUSE.
  • MATCH DE QUALIFICATION RETOUR AU CHAMPIONNAT D’EUROPE : SUI / FRA - Du 3 au 4 mars 2018 à USTER.

L'équipe de France lors des championnat du monde de Budapest (DeepBlueMedia).

Yann CLAY (36 ans)

Bio express

Nordiste « for ever », Yann Clay a débuté le water-polo à Cambrai avant de rejoindre Denain, puis Douai. Après un passage de deux saisons à Tourcoing, le « Cht’i » revient aux Cheminots. Un club qu’il ne quittera plus, même une fois qu’il aura raccroché le maillot en 2014. Titulaire d’un BE2, il entraîne tour à tour le pôle espoirs local, les équipes U13 et U17 ans et depuis 2015, l’équipe première. Sacré meilleur entraîneur de Pro A par ses pairs en 2017, Yann Clay a été international à 160 reprises et a participé à ce titre aux championnats d’Europe à Budapest en 2001.

Au service des Bleus

« J’ai été très agréablement surpris et très honoré quand Nenad m’a appelé pour me proposer de lui donner un coup de main sur l’équipe de France dont il venait juste de prendre la responsabilité. C’était lors de la 1ère journée de championnat. J’ai tout de suite compris que c’était une super opportunité à saisir. Christian Fargeas, le CTR Nord-Pas-de-Calais, m’avait mis le pied à l’étrier en me confiant des équipes régionales depuis que j’ai 21 ans, mais là, c’est l’équipe de France… J’ai vu avec mon club et avec ma famille si c’était conciliable et j’ai dit ok. Ma mission lors des premiers regroupements avec les Bleus, c’est la préparation physique, en salle et dans l’eau. Même si Nenad a trouvé que depuis son départ de France, il y a sept ans, les jeunes en particulier avaient fait de gros progrès à ce niveau-là, il y a encore des choses à améliorer. Ce travail s’effectue bien évidemment dans le cadre d’un échange entre nous et des objectifs que Nenad a définis, mais cette répartition des rôles lui permet de se consacrer plus à l’aspect technique et tactique, au jeu. Nenad ne résidant pas pour le moment en France, il me contacte aussi très régulièrement pour me demander ce que je vois dans le championnat de Pro A et on échange autour des vidéos qu’on lui envoie tous les week-ends avec Julien (Aspar). Mais c’est lui le patron. »

Julien ASPAR (33 ans)

Bio express

Formé à Perpignan, ville dont il est originaire, Julien Aspar a ensuite joué en Espagne (Olot) avant de rejoindre le championnat de France Elite. D’abord à Sète, puis à Montpellier et à Marseille, club dont il gardera les buts pendant quatre saisons avec autant de titres de champion de France à la clé (il jouera également à Aix-les-Bains et mettra un terme à sa carrière à Lyon en N1). Parmi ses coéquipiers sur les bords de la Grande Bleue, un certain… Nenad Vukanic avec lequel le Catalan, devenu entre-temps entraîneur d’équipes de jeunes, puis responsable de la formation au Pays d’Aix Natation, continue à entretenir des relations amicales.

Au service des Bleus

« Quand Nenad a postulé pour le poste d’entraineur de l’équipe de France, il m’a appelé pour me demander si j’aurais éventuellement du temps pour intervenir sur les gardiens au sein d’un staff technique étoffé. Nenad avait en effet entraîné les goals du Monténégro quand il était coach-adjoint de l’équipe nationale et savait que c’était une charge importante et pesante dont il souhaitait se détacher avec l’équipe de France pour se concentrer sur « le reste ». Pour lui, l’idée est de construire un encadrement complet autour des Bleus, avec des compétences multiples. Lors des deux premiers regroupements, à l’INSEP et à Abbeville, j’ai été chargé de faire le point sur gardiens appelés. Au point de vue technique, tactique, physique. J’ai réalisé un document complet pour Nenad et des mémos individuels (une sorte de feuille de route) pour les entraîneurs de clubs concernés qui souhaitaient avoir un avis et un accompagnement sur le travail à accomplir avec leur gardien. Ça a été le cas en particulier avec Jonathan Ghesquiere, le coach de Tourcoing, pour Clément Dubois. Faute d’une budgétisation préalable, mon intervention auprès de l’équipe de France n’est pas permanente. Je ne serai pas, par exemple, à Budapest pour l’Europa Cup, où Nenad a préféré pendre un joueur de plus. Je serai, en revanche, à Limoges et me tiens prêt pour cet été, pour les Jeux Med et les championnats d’Europe. »

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