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La star des podcasts Joe Rogan, l'anti-politiquement correct en bandoulière

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A 54 ans, cet ancien champion de taekwondo a la langue aussi bien pendue que ses bras -- tatoués -- sont musclés. Il a des millions de fans, qui apprécie son franc-parler, ses idées iconoclastes et la variété de ses invités.

Mais il a aussi beaucoup de détracteurs, à commencer par la légende du folk-rock Neil Young ou la chanteuse Joni Mitchell, qui ont retiré leur musique de la plateforme de streaming Spotify pour signifier leur désaccord avec son podcast.

Les deux artistes lui reprochent d'avoir propagé de la désinformation sur le Covid-19. La chanteuse de R&B India.Arie leur a emboîté le pas, évoquant pour sa part des propos "problématiques" de l'animateur sur "la question raciale".

Pour ses accusateurs, il est particulièrement dangereux parce que son émission "The Joe Rogan experience", diffusée exclusivement sur Spotify depuis 2020 en vertu d'un accord estimé à 100 millions de dollars, attire en moyenne 11 millions d'auditeurs par épisode.

Souvent un verre de whisky à la main, il y discute à bâtons rompus pendant deux à trois heures avec un invité de sujets aussi variés que les soucoupes volantes, les drogues psychédéliques, la viande rouge ou le fitness, glissant un juron ici ou là, comme lors d'une conversation entre amis.
Complotiste
De fait, des amis, il en a reçu beaucoup au début du programme en 2009. Mais Joe Rogan, qui a été comédien dans des séries télévisées, présentateur de l'émission de téléréalité Fear Factor, humoriste et commentateur de combats d'arts martiaux, avait déjà un public et ses audiences ont rapidement décollé.

Les personnalités, venues de tous les horizons, se sont alors pressées devant son micro.

En 12 ans, il a reçu près d'un millier d'invités -- à 88% des hommes selon le site de fans JRELibrary -- dont le patron de Tesla Elon Musk qui a fumé un joint sur son plateau, le lanceur d'alerte Edward Snowden ou encore le réalisateur Oliver Stone.

Joe Rogan a aussi donné la parole à des climatosceptiques, au complotiste Alex Jones et, depuis le début de la pandémie, à des figures du mouvement anti-vaccin, ce qui lui a valu d'être qualifié de "véritable mégaphone des mensonges de l'extrême droite" par le site progressiste Media Matters for America.

Se posant en pourfendeur du politiquement correct, il égratigne la gauche qui "diabolise la droite" et flirte avec des théories infondées chères aux partisans de Donald Trump -- notamment sur la présence d'agents du FBI infiltrés parmi les assaillants du Capitole le 6 janvier 2021.

Comme l'ancien président républicain, il déteste les "perdants". "J'ai grandi entouré par des losers, à commencer par mon père (un ancien policier, violent qui a rapidement quitté sa mère, ndlr). J'ai toujours eu le désir de ne pas être comme lui et tout ceux autour de moi qui n'avaient ni espoir ni futur", a-t-il confié lors d'une interview en 2016.
Pro-Bernie
Lui se défend d'être un idéologue ou même de voter à droite.

Politiquement, cet athée, favorable au mariage homosexuel, à la dépénalisation des drogues douces et aux armes à feu, se dit libertarien et a même envisagé de soutenir le sénateur socialiste Bernie Sanders lors de la dernière primaire démocrate.

Quant à ses invités, "je cherche juste à discuter avec des personnes qui ont des opinions différentes. Parler avec des gens qui ont tous la même perspective ne m'intéresse pas", a-t-il déclaré dans une vidéo mise en ligne sur Instagram après les critiques de Neil Young.

Faisant acte de contrition, il a promis d'essayer de mieux "contrebalancer les opinions controversées" et s'est dit d'accord avec l'annonce par Spotify de l'ajout de liens, dans les podcasts sur le Covid, vers des informations factuelles et scientifiquement sourcées.

Comme conscient de ses limites, il a ajouté: "C'est une étrange responsabilité d'avoir autant de public, c'est étrange, je n'étais pas prêt."

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