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Série "Mon outil de travail" (1/4) : Parra (ASM), un buteur fou de ballons

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A l’instar d’un skieur et sa paire de skis, d’un tennisman et ses raquettes, le buteur au rugby attache une importance très méticuleuse au ballon. A sa pression, à sa texture, à son usure aussi. On aurait pu aussi imaginer que la taille et la forme des crampons, ou le modèle du tee (qui sert à poser le ballon au sol) relevaient de l’outil de travail indispensable.

Mais, en ce qui concerne Morgan Parra, c’est bien le ballon, le chaînon essentiel dans le mécanisme du tir-au-but. C’est d’ailleurs sans doute par le ballon, et sa forme originale, que le numéro 9 international clermontois est entré dans le monde de l’ovalie, puis le cercle fermé des buteurs.

« Au début, tu cherches et tu trouves la façon de buter qui te convient le mieux. Après, tu choisis le tee. Moi, en jeunes, c’est mon père qui me les découpait dans les plots en plastique. Ensuite, à Metz et à Bourgoin, j’ai eu le télescopique. Après, j’ai adopté le tee Gilbert (la marque) avec ses tétines. Mais la base pour un buteur, ça reste le ballon », s’enflamme Morgan Parra.

 

« Dès que je l’ai en mains, au toucher, je sais si c’est un ballon officiel ou pas. Comment ? Le poids, la forme, la texture ».

Et là, pas question de tromper ce stakhanoviste du coup de pied et de son ballon. « Dès que je l’ai en mains, au toucher, je sais si c’est un ballon officiel ou pas. Comment ? Le poids, la forme, la texture ».

Au haut niveau, international ou en Top 14, il existe un protocole et des rituels immuables selon les clubs en ce qui concerne les ballons du match.

Le buteur de Clermont raconte. « A domicile, on joue avec nos ballons. Quand ils sont neufs, en général une fois par mois, dès le lundi je les ai tous et je tape dedans un maximum de fois pour les user un peu. J’ai besoin qu’un ballon ait du grip pour la passe et qu’il ait du répondant pour la frappe. La veille du match, je fais un tri et j’en sélectionne 8 pour le match. Je les fais mettre alors à la bonne pression. Notre intendant (Jean-Paul André) est là avec son manomètre et me les gonfle au gramme près. Camille (Lopez) fait pareil ».

 

« Je me souviens à Brive de m’être échauffé avec un ballon presque rond, pas gonflé, usé à la corde… »

 

Ça, c’est les manies du buteur quand il joue chez lui. A l’extérieur, cela peut être plus aléatoire. « Tu t’adaptes mais parfois c’est folklo. Je me souviens à Brive de m’être échauffé avec un ballon presque rond, pas gonflé, usé à la corde… on aurait dit un ballon de foot. Tu peux bien sûr t’échauffer avec tes propres ballons, mais tu sais que tu ne joueras pas avec ».

Le ballon, Morgan Parra en prend donc soin, il les cajole presque. « L’hiver, je demande à Jean-Paul de les mettre au chaud. Et puis le jour du match, à une heure du coup d’envoi, quand je bute, je demande toujours de vérifier la pression ».

Le Clermontois sacrifie à tout ce cérémonial depuis longtemps. Amoureux du ballon, il reconnaît avoir été aussi influencé par Gonzalo Quesada quand celui-ci intervenait avec les internationaux du XV de France.

 

Certains collectionnent les maillots, Morgan Parra c’est les ballons

 

« Quesada, c’est un fou du ballon qui m’a transmis cette culture. Quand j’étais jeune, qu’il commençait à m’entraîner, cela me stressait de ne pas jouer avec le ballon que j’avais choisi. Je n’étais pas bien. Aujourd’hui, ça m’a passé, je m’en fous même. Je m’adapte. Et puis, le buteur en face ne va pas choisir non plus un ballon pourri ».

On a bien compris qu’entre le buteur et le ballon, c’est une histoire particulière. Morgan Parra en est même devenu un collectionneur. Là où certains garnissent leur vitrine personnelle de maillots, le Clermontois aligne les ballons.

« Je suis un collectionneur. Je ne garde que les ballons du match avec le logo du club ou de la nation. Mais, je veux des ballons neufs qui n’ont pas servi, et ça, c’est plus compliqué à trouver ».

 

Christophe Buron

 

Série en "Mon outil de travail" (4 épisodes)Jusqu’au 11 mars, des champions racontent leur lien particulier et leurs anecdotes avec l'objet qui leur sert le plus dans l'exercice de leur métier de sportif de haut niveau. Après Morgan Parra (rugby), Renaud Lavillenie (perche, le 9 mars), Arthur Desmas (football, le 10 mars) et Rémi Cavagna (cyclisme, le 11 mars) se prêteront à l'exercice.

 

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