Messi a changé la MLS, mais le débat Ronaldo refait surface
Depuis son arrivée en Floride, Lionel Messi a changé l’échelle de la MLS. Trophées, audiences, ventes de maillots, stades pleins : rarement un joueur aura autant structuré une ligue en si peu de temps. À Inter Miami, l’Argentin a redéfini la visibilité du championnat nord-américain, jusqu’à devenir son principal moteur économique et sportif. Et pourtant, au-delà de ce constat presque unanime, une réflexion commence à émerger, plus subtile, moins frontale : l’impact d’une superstar se mesure-t-il uniquement à ce qu’elle produit sur le terrain ?
Une autre lecture de l’impact en MLS
Selon une ancienne figure du championnat américain, la réponse est non. Sans remettre en cause l’influence sportive de Messi, cette voix avance qu’un autre monument du football mondial aurait pu provoquer un séisme encore plus large aux États-Unis. L’argument n’est pas technique, ni statistique. Il est culturel, médiatique, presque sociologique. « Messi est très discret, presque effacé dans l’espace public », explique-t-il, estimant qu’un profil plus expansif, plus présent dans les médias et plus à l’aise avec l’anglais aurait amplifié la portée du projet MLS bien au-delà des stades.
Ce raisonnement oppose implicitement deux manières d’exister. D’un côté, Messi, génie silencieux, dont le football parle pour lui. De l’autre, Cristiano Ronaldo, figure totale, omniprésente, à l’aise avec les codes du spectacle et du divertissement américain. « Je parle uniquement de l’impact hors terrain », insiste l’ancien international américain Brek Shea, aujourd’hui consultant, soulignant que Ronaldo aurait, selon lui, multiplié interviews, apparitions publiques et interactions médiatiques. Une exposition susceptible de transformer la MLS en phénomène culturel permanent, et pas seulement événementiel.
Messi indispensable, Ronaldo fantasmé
Cette lecture n’ignore pas la réalité : la MLS avait besoin de Messi, et elle l’a verrouillé. Prolongé jusqu’en 2028 à Inter Miami, le champion du monde reste la pierre angulaire du projet, notamment à l’approche de l’ouverture du nouveau stade du club. Même l’ancien joueur à l’origine de cette analyse le reconnaît : laisser partir Messi aurait été un risque colossal pour la ligue. Mais le débat posé est ailleurs : Ronaldo, alors libre en 2023 avant de rejoindre Al Nassr, aurait-il touché un public plus large, plus vite, plus intensément ?
En filigrane, ce discours ne cherche pas à départager Messi et Ronaldo sur le terrain, duel déjà épuisé par vingt ans de comparaisons. Il interroge plutôt la nature même de l’influence dans un championnat en construction comme la MLS. L’un a transformé la ligue par le jeu et la performance. L’autre, selon certains observateurs, l’aurait peut-être fait par l’image, la parole et la mise en scène. Deux visions de la grandeur, deux chemins vers la postérité. Aux États-Unis, le débat reste théorique. Mais il en dit long sur ce que le football moderne attend désormais de ses icônes.

