Victoire et colère à l’ASSE
À peine les supporters stéphanois quittaient-ils leur siège après la victoire 2-1 contre Nancy samedi dernier que les doutes resurgissaient. Oui, l’ASSE avait gagné. Oui, les Verts retrouvaient la deuxième place du classement. Oui, Horneland et son équipe avaient franchi un obstacle. Mais quelques minutes plus tard, une vérité glaçante émergea de la bouche même du technicien norvégien. Ce n’était pas une victoire ordinaire. C’était un succès accrocheur, fragile, traversé par des failles existentielles qui inquiètent bien au-delà du simple score.
Un succès fragile qui alerte le coach
Dès sa conférence de presse, Eirik Horneland n’a pas caché son malaise profond face à la prestation stéphanoise. « Je suis vraiment très agacé, très énervé », lâche-t-il d’entrée, avant de préciser : « Le résultat est une chose, mais il y a tout le reste… ». Ces trois petits points masquaient donc une réalité autrement complexe. L’entraîneur ne tarissait pas sur les manquements : « On n’a pas été sérieux d’un point de vue tactique ou sur le plan individuel », fustige-t-il. À 2-0, quand le match aurait dû être enterré, l’ASSE s’était totalement effacée du terrain. Nancy, relégable au classement, avait contre-attaqué avec une impudence que personne n’attendait.
L’absence de discipline mentale horrifiait Horneland. « À 2-0, j’aurais voulu qu’on insiste », explique-t-il, « plutôt que de chercher à marquer encore, on est sortis du match. Et surtout, on s’est exposé. » Cette responsabilité partagée entre le collectif et les individualités révélait une fissure béante. Horneland dirige une équipe qui sait gagner les grands matchs (Troyes, blessure de Guillou, Pedro) mais qui craque face aux « petits ». Les statistiques étaient là pour le corroborer : Nancy avait tiré 11 fois contre 9 pour l’ASSE, cadrant 3 frappes stéphanaises seulement. Cette inégalité de domination en dit long sur le relâchement coupable observé en seconde période.
Derrière la victoire, une culture à reconstruire
Horneland a alors livré un diagnostic sévère sur la culture du club. « Il faut créer une culture de la gagne », insiste-t-il, « ce soir, à 2-0, plutôt que de se rendre le match facile en faisant ce qu’il faut, on s’est arrêtés de jouer. » Il appelle à bâtir une « véritable discipline », à fixer « des standards plus hauts à chaque rencontre ». Le message était clair : l’ASSE ne peut pas se contenter de gérer; elle doit dominer, assommer, tuer. Sinon, à Dunkerque le samedi suivant, la même fébrilité risquait de resurgir.
Paradoxalement, cette victoire remplace les Verts à la seconde place (29 points) à seulement deux unités du leader Troyes (31 points). Le Red Star, pénalisé par son nul à Clermont (2-2), s’éloigne à la troisième place (28 points). Mais Horneland ne s’en réjouit pas. Car il sait que sans cette « discipline » qu’il prêche, sans cette « culture de la gagne » qu’il réclame, l’ASSE risque de s’effondrer face aux obstacles majeurs. Samedi, Nancy a jeté ses dernières forces en avant. Et l’ASSE a vacillé. Pour un groupe qui ambitionne la montée directe, ce vide reste très préoccupant.

