Ligue 1+ cartonne, mais les clubs bientôt ruinés ?
C’est le paradoxe qui agite le football français. D’un côté, une réussite commerciale inattendue : Ligue 1+, la chaîne 100% LFP, a dépassé le million d’abonnés en quelques semaines, un objectif initialement fixé pour la fin de la saison. De l’autre, une crise de confiance sans précédent : les présidents de clubs, menés par Olivier Létang, sont montés au créneau pour réclamer des comptes à Nicolas de Tavernost, le patron de LFP Media. Derrière les chiffres flatteurs se cache une réalité bien plus sombre, celle d’un modèle économique qui, s’il sauve les apparences, ne sauve pas encore les clubs.
Un succès commercial qui masque la crise financière
Les chiffres sont là, et ils sont bons. Avec plus d’un million d’abonnés, Ligue 1+ est un succès populaire. Mais ce succès ne se traduit pas encore par une manne financière suffisante pour les clubs. Une fois les charges, l’apport de CVC et les aides déduits, la part reversée aux clubs reste très faible. Avant la révision à la hausse due aux bons chiffres, le champion de France ne devait toucher que 4,67 millions d’euros de droits TV, moins que la lanterne rouge de la saison précédente. Même avec la rallonge, les revenus restent très inférieurs à ce que les clubs percevaient par le passé, les plongeant dans une situation financière précaire.
De Tavernost sous le feu des critiques
Cette situation a explosé lors du dernier conseil d’administration de la LFP. Les présidents de clubs ont exigé plus de transparence sur le budget de fonctionnement de la chaîne, notamment sur les 14 millions d’euros alloués au marketing. La réponse de Nicolas de Tavernost, qui aurait menacé de démissionner, a mis le feu aux poudres. « Nicolas oublie qu’il n’est plus le patron comme à M6, il a des comptes à rendre », a confié un président de club à L’Équipe. La lune de miel entre l’homme providentiel et les clubs est déjà terminée.
En une réunion, Olivier Létang a fait vaciller l’équilibre fragile de la LFP. La guerre des présidents est déclarée.
Une guerre ouverte avec les diffuseurs historiques
Pour ne rien arranger, LFP Media est en guerre ouverte sur plusieurs fronts. Le bras de fer avec Canal+, qui refuse de distribuer la chaîne, prive Ligue 1+ d’un canal de diffusion majeur. Le conflit avec beIN Sports, qui conteste les conditions de son contrat, fragilise encore un peu plus le modèle. Isolé, Nicolas de Tavernost doit naviguer dans un environnement hostile, où ses anciens partenaires sont devenus ses principaux adversaires.
Un avenir incertain pour le football français
Au final, le succès d’audience de Ligue 1+ est une lueur d’espoir dans un tableau bien sombre. Mais il ne peut, à lui seul, résoudre la crise profonde que traverse le football français. Sans une réconciliation avec les diffuseurs historiques et une meilleure répartition des revenus, les clubs continueront de souffrir. Le pari de la chaîne 100% LFP était audacieux, mais il pourrait bien se transformer en un piège mortel si le modèle économique ne s’avère pas viable à long terme.