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Dans le monde du football, il y a les bons et les mauvais otages…

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Mikhael Nabeth s’indigne de voir que les hautes institutions du football refusent toute communication ou mise en place d’hommages vis-à-vis de l’horreur du 7-Octobre et l’enlèvement des otages.


Causeur. Vous êtes co-fondateur de l’association Human Face. Quel est son objectif ?

Mikhael Nabeth. C’est important de démystifier l’idée que les gens ont d’Israël et de détruire cet imaginaire collectif, d’un peuple autocentré qui a rompu avec toute forme d’humanité. Pour cela, j’ai commencé par réaliser des interviews d’Arabes qui vivent dans les territoires les plus reculés, près de Ramallah. Ils nous parlent de leurs droits, de leurs salaires et de leurs conditions de vie assez longuement pour qu’on comprenne ce qu’il en est vraiment. On voit dans ma vidéo que la contextualisation du 7-Octobre par le Secrétaire général de l’ONU est non seulement ignoble, mais en plus mensongère. Outre ce projet qui montre la réalité des uns et des autres en face, j’ai produit du contenu « débunk » et développé une activité sur les réseaux sociaux, notamment LinkedIn.

Il y a aussi une part importante de notre travail qui vise à alerter directement les politiques et les instances publiques à travers des rapports ou des enquêtes sociologiques, et on développe une branche juridique pour 2025.

Mikhael Nabeth

Fin 2023, vous avez contacté la Ligue de Football pour proposer une action en faveur des otages israéliens retenus par le Hamas.

Il n’est pas tolérable de voir que le Hamas bénéfice de relais en Europe ! On a demandé aux institutions du football s’il était possible de mettre en place des communications d’avant-match pour appeler à la libération des 240 otages et montrer une rupture idéologique entre le monde du football et le terrorisme. Chacun sait que les financements du football sont qataris et qu’un rapport idéologique parfois malsain s’installe entre le monde du football et le public jeune, crédule et réceptif aux messages antisémites d’un Dieudonné ou de joueurs de football. Cela nous oblige à agir.

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Mais l’UEFA ou les instances du foot français ont-elles l’habitude de laisser passer des messages politiques ou humanitaires sur les terrains ?

Sur ce sujet précis de la prise d’otages, elles l’avaient déjà fait. Par exemple pour les journalistes MM. Ghesquière et Taponier, retenus en Afghanistan, en 2011. La Ligue de Football avait fait une communication d’avant-match de la finale de la Coupe de la Ligue OM – Montpellier. Et sinon, ils communiquent pour de nombreuses causes : séisme au Maroc, lutte contre le cancer, les attentats de Charlie Hebdo… Cela ne manque pas.

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron, les instances du foot traitent de l’homosexualité plusieurs fois par an, en grande pompe. Le travail de la Ligue est remarquable là-dessus, ils investissent aussi 4% de leur chiffre d’affaires dans les communications RSE. C’est d’ailleurs ce qui est un peu choquant : avec toutes les communications passées, ce silence sur les otages prend une dimension de complaisance. Vous ne pouvez pas dénoncer les attentats en Russie l’an dernier, et vous taire pour le 7-Octobre.

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Quelle a été la réponse des institutions de football ?

Ils ont refusé. D’abord, ils ont annoncé avoir fait une minute de silence pour les Israéliens et les Palestiniens et que c’était suffisant. Cette réponse est odieuse, déjà parce qu’on a demandé un message pour les otages, et d’autre part parce que leur communication a totalement zappé les crimes terroristes du Hamas. Puis, à force d’insistance, j’ai eu la direction au téléphone qui m’a avancé des arguments bancals. Par exemple, ils m’ont dit qu’ils ne pouvaient pas communiquer sur les otages car ils avaient un agenda de communication. Je leur ai rétorqué que pour le séisme au Maroc ils ont mis 24h à le faire. J’ai produit une enquête sociologique qui a mis en évidence que les discours « Hamas, résistants » sont partagés par la moitié du public (échantillon de 300 supporters) et des cabinets ministériels sont intervenus. En vain. Ni le viol de Courbevoie perpétré par un jeune au maillot du PSG, ni l’attentat raté de la Grande-Motte n’auront fait agir la Ligue non plus, ils sont ancrés dans un profond refus.
Quant à la FFF, ils ont aussi refusé un soutien aux otages pour le dernier France-Israël. Ils ont avancé que l’UEFA leur interdisait, en vertu de l’article 14 qui interdit les manifestations politiques. Autrement dit, ils considèrent qu’une prise d’otages de civils s’inscrit dans des négociations politiques, ils parlent le langage du Hamas.

Ce même jour, les ultras du PSG déploient le tifo pro-Palestine, avec Israël rayé de la carte…

Au moment où la FFF me dit qu’ils refusent de communiquer pour France – Israël, on a un match de Ligue des Champions le soir même : PSG – Atletico Madrid.

Un tifo gigantesque sort, oui, et il évince Israël, et représente les Juifs comme des sanguinaires, fait écho à la prise de Jérusalem par des djihadistes, et la réponse de l’UEFA est de dire « circulez, il n’y a rien à voir ». Le Paris Saint-Germain ne sera pas inquiété, aucune sanction de l’UEFA ou du ministère de l’Intérieur. Ils ont même déclaré que le tifo n’était pas provocateur ou insultant. Que leur faut-il, à l’UEFA ? Donc demander la libération d’otages est politique, mais un tifo from the river to the sea ne l’est pas ? Pourquoi le gouvernement n’a pas pris de sanctions contre Nasser Al Kheilafi ?

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