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Bronromme

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Le hameau de Bronromme, altitude 525 mètres, se situe sur le plateau du même nom. L’altitude maximale de cet ancien plateau fagnard est de 562 mètres à la « Pyramide de La Gleize ».

Jadis situé aux confins de la Principauté épiscopale de Liège, de la Principauté abbatiale de Stavelot et du Duché du Luxembourg, le plateau de Bronromme se situé depuis 1977 sur le territoire des communes de : Spa, Theux, Stoumont et Aywaille. Le hameau, quant à lui, se trouve entièrement sur la commune Theux et est rattaché à la paroisse de Desnié.

Bronromme ou Bronrome : è Bronrome : viendrait du gaulois bronnia ou brunnio qui signifie plateau et du wallon liégeois romer ou roumi qui signifie ruminer. C’était donc initialement un plateau fréquenté par du bétail, l’endroit de pâture des herdes locales.

La première habitation, une simple bergerie transformée par la suite en une solide construction, date, semble-t-il, du début du 17e siècle. Plusieurs constructions, isolées dans la fagne voisine, n’existent plus de nos jours, c’est le cas d’une ancienne grange-auberge qui a donné son nom au lieu-dit « Heure Gilson ».

C’est sur le plateau de Bronromme que le ruisseau dénommé « L’Eau Rouge » (lu rotche êwe) prend sa source. Ce ruisseau sépare les communes de Spa et de Theux et se jette dans le Wayai au hameau de Marteau. Il est aussi appelé le ruisseau de Winamplanche.

Le plateau de Bronromme était jadis traversé par de nombreux chemins, c’était un véritable carrefour routier. Le plus connu de ces chemins est « La Vecquée », un chemin de crêtes ancestral utilisé régulièrement dès le Moyen Age ; il faisait partie d’une voie de grande communication qui, de Liège, permettait de rejoindre la région de Stavelot-Malmedy, l’Allemagne, la Lorraine et le Luxembourg. Beaucoup de ces anciens chemins ont disparu aujourd’hui suite à la réalisation des routes modernes, si bien que leurs traces encore visibles sont rares.

C’est à Bronromme que s’est déroulé le dimanche 10 septembre 1944, jour de la libération de Spa, une véritable bataille (voir l’article intitulé : Le mémorial de Bronromme). L’Armée Secrète et la Résistance, cantonnées dans le hameau, se trouvent exposées aux tirs de l’armée allemande. Plusieurs résistants tombent tandis que d’autres personnes des environs sont fusillées. Depuis la fin de la guerre, chaque année le 5 juin, a lieu à Bronromme la cérémonie des « Feux du maquis », une commémoration en hommage aux combattants morts pour la Patrie. Durant de nombreuses années, le dernier week-end de juin, les « Alloys Desniétwès » (voir l’article intitulé : Desnié) ont allumé à Bronromme le « Grand feu de la Saint-Jean ».

En 2005, la société « Verlac », une entreprise de la région liégeoise, implante une éolienne sur le plateau. C’est aussi cette année-là que fut créée la « Fagne de la Vecquée ». D’une superficie de +/- 63 hectares, elle est constituée d’un ensemble de petites fagnes isolées au milieu des pessières. Des vaches highlands paissent de mars à octobre dans un enclos de +/-20 hectares afin de recréer les conditions favorables à la reconstitution de la fagne originelle. En 2007, le « Haras de Bronromme », un centre d’insémination (agréé par la Région Wallonne) et d’élevage de chevaux de sport (obstacle/dressage) s’est installé sur l’ancien plateau fagnard.

Aujourd’hui le plateau de Bronromme est surtout un lieu privilégié pour les promeneurs attirés par la nature sauvage, la beauté de l’endroit et la tranquillité du site.

Carte postale : Le château-ferme de Bronromme


Le château-ferme de Bronromme : Les documents cadastraux liés au plan Popp de 1860 mentionnent un bâtiment (sec C n°29) et des terrains (sec C n°25, 26, 27, 28, 30 et 31) à « Brourom » où s’élèvent aujourd’hui de vastes constructions.

Cette propriété, sise à l’orée des fagnes, non loin de la Vecquée, a appartenu jusqu’en 1873 à la famille de Jacques Goffin de Winamplanche, puis a été vendue à Henri Peltzer, bourgmestre de Spa, qui acheta également d’autres terrains pour agrandir la propriété. Le château-ferme de Bronromme a été construit en 1875. Henri Peltzer-Henrichs est l’oncle d’Edouard, de Georges, de Paul, de René et d’Auguste Peltzer, les propriétaires des châteaux Peltzer de Nivezé (voir l’article intitulé : Les châteaux Peltzer de Nivezé).

En 1902, le domaine revient à son fils Henri Peltzer-Orban, puis en 1925 à son petit-fils Raymond Peltzer-de Becker et ensuite à son arrière-petite-fille Noëlle de Kerkove-Peltzer. En 2018, deux entrepreneurs verviétois achètent la propriété, la rénovent et créent « Le Domaine de Bronromme » pouvant accueillir des mariages, des séminaires, des réunions de familles, …

Vaches highlands sur la fagne de la Vecquée


Les bâtiments du château-ferme sont disposés en forme de quadrilatère. A sa construction, une partie des bâtiments abritait une ferme industrielle modèle, le fumier était évacué par wagonnets. En 1890, la ferme employait une trentaine d’ouvriers et l’électricité était produite sur place. A cette époque, la ferme de Bronromme était devenue pour les « Bobelins » un but de promenade comme la cascade de Haldeboeuf et les rochers de Tolifaz situés bien plus bas dans la vallée de l’Eau Rouge. Les curieux venaient en nombre pour admirer cette ferme modèle où on dégustait les produits fermiers. La Reine Marie-Henriette, en villégiature à Spa, est venue plusieurs fois rendre visite à Henri Peltzer ; lors d’une des visites, la fanfare de La Reid était présente pour l’accueillir. Néanmoins, avant la 1ère Guerre, cette entreprise avait cessé ses activités faute de débouchés et de moyens rapides pour vendre la production en hiver.

Durant les années trente, pendant la belle saison, une Semaine hippique internationale était organisée chaque année à Spa et certaines épreuves se déroulaient au château-ferme de Bronromme. Ces épreuves eurent lieu la dernière fois en 1938 ; la Coupe de Bronromme-Farm, fondée par l’épouse de Raymond Peltzer, récompensa le vainqueur dès 1933.

Outre le mémorial de Bronromme (voir article intitulé : Le mémorial de Bronromme) et la stèle Masson (voir article intitulé : La stèle Masson à Desnié) liés aux événements du dimanche 10 septembre 1944, d’autres croix plus anciennes et plusieurs bornes jalonnent encore ce territoire fagnard même si plusieurs d’entre-elles ont disparu de nos jours, ce sont :

La croix Honnay


La croix Honnay ou Honin : lu crêu Honê : appelée aussi la croix de Monthouet. Pour certains, elle fut élevée jadis par la famille Honnay, originaire de La Gleize ; pour d’autres, elle a été érigée suite au vœu d’un voyageur perdu en fagne dans les neiges d’un hiver rigoureux et sauvé miraculeusement. Elle est déjà mentionnée sur l’Atlas des Chemins Vicinaux de 1841. Fin du 19e siècle, la croix Honnay se situait à un carrefour important dans la lande fagnarde ; de nos jours la plupart de ces chemins n’existent plus. Une croix en béton fut inaugurée à la fête du Christ-Roi le 28 octobre 1930 pour remplacer la croix de bois détruite en 1929 lors de l’incendie de cette partie des fagnes. En 1949, dans « Monuments et souvenirs historiques » (Spa – Les Hautes-Fagnes : Editions J’Ose), l’auteur la décrit comme ceci : « La croix Honnay énorme, impressionnante (4,20 m de hauteur), en béton recouvert de mousse, s’impose au regard. » Elle remplaçait d’autres croix en bois, plus anciennes, dont on a retrouvé le crucifix. La croix en béton a été endommagée en 2013 par une grosse branche d’un hêtre voisin touché par la foudre. La croix actuelle en mélèze, haute de 3 mètres, a été érigée par la commune de Stoumont. Elle est l’œuvre d’un artisan local sur laquelle on a replacé le magnifique Christ.

La croix Jacques

La croix Jacques : Croix métallique scellée dans la pierre, située le long de la route reliant Marteau et Stoumont, côté droit, au point le plus élevé entre Desnié et l’amorce du chemin menant à Ville-au-Bois. Jadis, les habitants des hameaux environnants s’y rendaient pour se prémunir de la rage de dents. Cette croix est déjà citée dans un guide pédestre édité en 1914.

La croix Wathy


La croix Wathy : dénommée également sur certains documents « Croix rouge ». Au 11e et 12e siècle, des croix rouges jalonnaient les routes menant aux lieux de rassemblement des Croisades, puis ensuite des voies de pèlerinages. Mentionnée « Croix Wauthier » dans un document de 1482, « Croix Wathier » dans un registre franchimontois de 1565 et « Croix Wautieu » dans un rapport de la cour de Theux établi en 1744. La croix Wathy figure sur le plan levé par S. Bouillin en 1610. Avant 1795, elle marquait la limite de 3 territoires : Le duché de Luxembourg, la principauté de Stavelot et la principauté de Liège. La croix actuelle semble avoir été installée au début de ce siècle car elle ne ressemble plus à la croix plantée en 1959.

La borne à 3 faces : Cette borne de section triangulaire indiquait le point où les communes de La Gleize, Stoumont et Spa se touchaient. Elle porte les lettres GL, ST et SP sur ses faces et se dresse toujours sur la Vecquée, à quelques mètres à l’est du coupe-feu qui suit la ligne électrique qui se dirige vers la vallée de l’Amblève. Depuis 1977, l’ancienne commune de La Gleize fait partie de la commune de Stoumont.

La borne à 3 faces

Bornes n°9 de la Porallée


Les bornes de la Porallée : En 1833, pour mettre fin à de violentes querelles territoriales entre les communes de Remouchamps (Aywaille) et La Reid (Theux), un abornement a été ordonné par le roi Léopold 1er. Il est réalisé par 9 bornes cylindriques en pierre placées dans un alignement rectiligne de 7,3 km. La n°9 se trouve en rive droit du ruisseau dit « La Chefna » qui passe sous la route Marteau-Stoumont. Les bornes n°7 et n°8 se trouve non loin de la Croix Jacques du même côté que la croix par rapport à la route précitée.

Le pas Bayard : Au lieu-dit « Fagne Brume », à proximité de la route reliant Marteau et Stoumont, un bloc de quartzite de forme parallélépipédique présente une excavation régulière de forme ovale. Cette particularité a autrefois éveillé la curiosité de nos ancêtres et véhiculé la légende de l’empreinte d’un sabot du cheval Bayard. La légende raconte en effet que c’est depuis cet endroit que le cheval Bayard se serait élancé pour franchir l’Amblève d’un bond, laissant l’empreinte d’un de ses sabots dans le roc.

Le pas Bayard

Durant de nombreuses années, certaines personnes virent aussi dans cette cavité la main de l’homme, en suggérant un polissoir néolithique. Cette hypothèse fut formellement rejetée par des scientifiques de l’université de Liège. Pour eux, l’origine de cette cuvette est tout simplement naturelle et produite certainement par l’inclusion d’une impureté sédimentaire.

La pyramide : à l’piramîde : appelée sur de nombreux documents la « Pyramide de La Gleize » : butte de terre dite « La Pyramide », de +/- 8 mètres de haut, aujourd’hui disparue, élevée vers 1818 durant la période hollandaise (1815-1830) dans le but d’établir la triangulation des provinces méridionales. Ces travaux furent poursuivis par des officiers de l’armée belge de 1866 à 1870 à partir d’un pilier en maçonnerie aujourd’hui disparu. A cette époque le plateau de Bronromme était relativement dénudé. Le signal géodésique dit de La Gleize est situé sur la commune de Stoumont à l’altitude de 562 mètres, au point le plus élevé du plateau de Bronromme. En 1929, une borne IGM (Institut Géographique militaire) fut plantée à cet endroit et une tour en bois de 16 mètres de haut fut construite pour effectuer les relevés géodésiques. Cette tour fut détruite par l’armée belge au début de la Seconde Guerre. En 1949, une tour métallique démontable, de 28 mètres de haut, fut érigée pour effectuer des observations précises. Il semble qu’elle fut reconstruite à plusieurs reprises et remontée pour la dernière fois en 1971. Les seuls vestiges visibles, depuis lors, sont les 4 plots de fondation de la tour et la borne géodésique. Depuis 2005, date de la création de l’enclos de la fagne de la Vecquée, ces vestiges ne sont plus visibles. Il est d’ailleurs dommage que cet ancien signal géodésique ne soit pas mentionné sur les panneaux didactiques situés en bordure de l’enclos de la dite fagne !

Heure Gilson : è l’heùre Djîlson : lieu-dit spadois et theutois situé près du ruisseau « l’Eau Rouge » qui fixe à cet endroit la limite de séparation entre les deux communes. Le lieu est aussi connu sous les dénominations de : « Cense Gilson » ou encore « Etable Gilson » et aussi « Ferme Gilson ». L’appellation proviendrait, semble-t-il, du fait que primitivement à cet endroit il y avait une grange appartenant à un dénommé Gilson originaire de Winamplanche. En wallon « grange » se dit « heûre ». Le bâtiment est souvent mentionné sur les cartes détaillées établies dès 1803. A l’origine, c’est une auberge de rouliers avec une grange qui accueille les voyageurs fréquents à l’époque sur le plateau fagnard. Les habitants de Desnié et de Creppe avaient l’habitude d’y faire halte en se rendant à Stoumont. Le plan Popp montre qu’elle est située le long de l’Eau Rouge qui sépare les communes de La Reid (Theux) et de Spa, non loin du chemin de Creppe à Stoumont. Le recensement communal spadois de 1890, sur la page du village de Creppe, nous donne les informations suivantes : « Heure Gilson » : lieu-dit isolé, situé sur la fange au-dessus du bois des Lesbiolles. S’y trouvent 2 maisons : le n°84 propriétaire et occupant Gilles Gonay – le n°86 propriétaire Henri Peltzer et locataire Joseph Gonay. Fin du 19e siècle, le n°86 est acheté par François Laboureur-Gonay. Le dernier habitant de l’endroit s’appelait Jean Laboureur décédé en 1926. Dans les années cinquante, il ne restait plus que les fondations. Un habitant de Desnié aurait utilisé les pierres des ruines pour construire sa maison après la Seconde Guerre.

Jean Lecampinaire

Sources :
La Reid (André Vlecken – Editions Vinche)
Dictionnaire de l’ex-commune de La Reid (Jean-Luc Seret – 2011)
Le plateau de Bronromme (H.A.S. – Christian Guillaume – 1999/2000)
Fagne Maron au temps passé (S.I. de La Reid – André Andries)
La Gleize ancien ban de Roanne (Serge Fontaine – 1972)
Monuments et souvenirs historiques (Georges E. Jacob – Editions J’Ose – 1949)
Atlas toponymique de l’ancien ban de Theux (Jacques Otten – 1967)
Où se situe le lieu-dit « Hure Gilson » ? (Réalités n° 176 de mai 1998)

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