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Isabelle Nanty et Gérard Depardieu au casting de « Fahim » : l'enfant bangladais qui doit sa vie aux échecs

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Isabelle Nanty et Gérard Depardieu au casting de « Fahim » : l'enfant bangladais qui doit sa vie aux échecs

Après nous avoir fait rire avec deux volets des Profs et Gaston Lagaffe, Pierre-François Martin-Laval, plus connu comme Pef dans la troupe des Robins des bois, revient avec Fahim, un film aux allures de conte de fées.

Interview.

Comment vous est venue l’idée de faire ce film ?

Le 15 février 2014, je regarde à la télé « On n’est pas couché ». Laurent Ruquier interviewe un jeune Bangladais de quatorze ans à l’occasion de la sortie de son livre, Un roi clandestin.

Je n’en ai encore jamais entendu parler, mais je suis à la fois fasciné et bouleversé par ce garçon qui raconte d’une voix calme et posée, pourquoi, à l’âge de huit ans, il a dû soudainement quitter sa mère et son pays natal ; comment, ensuite, après avoir débarqué avec son père en France, sans en connaître ni la langue, ni la façon de vivre, il a réussi à survivre et à devenir, quatre ans plus tard, malgré son statut de SDF sans papiers, le champion de France d’échecs des moins de 12 ans.

Quel parcours ! Mon sang de cinéaste ne fait qu’un tour. J’ai aussitôt envie de faire un film.

Pourquoi ?

Parce que pour le réalisateur que je suis, l’histoire de Fahim est « extraordinaire ». Elle relève à la fois du conte de fées et du drame social. On peut l’aborder, soit sous l’angle d’un enfant qui arrive à sortir de l’enfer, soit sous celui d’un gamin brutalement séparé de sa mère pour fuir un pays où il est en danger de mort.

Si les contes ont beaucoup influencé ma façon de filmer, en revanche, le drame n’y a encore jamais fait irruption. Pour Fahim, je sens que je dois tenter une « première ». Je suis cinéaste, mais je suis aussi père. Dans la vie, rien ne me révolte plus que les injustices faites aux enfants. Alors, forcément, l’histoire de Fahim me chamboule.

Photo DR

Je suis d’autant plus secoué que je réalise que j’ai dû croiser son père quand il vendait des roses à la sauvette à Paris, ou qu’il dormait dans les parkings de Créteil où je me rends parfois pour des avant-premières. Je m’en veux de ne pas lui avoir prêté attention, ni à lui, ni à son fils, qui ne devaient pas être loin. Je me dis qu’en leur consacrant un film, ce sera ma façon de témoigner, à travers leur histoire, sur le sort des demandeurs d’asile qui sont dans leur grande majorité des gens menacés de mort dans leur pays.

Comment avez-vous trouvé votre Fahim ?

C’est mon directeur de casting Mohamed Belhamar qui l’a découvert après plusieurs mois d’enquête et de déambulations. Il a commencé par le chercher dans les quartiers de Paris où sont regroupés les bangladais. Ne le trouvant pas, il s’est rendu dans les banlieues.

Mohamed a fini par trouver sur photo un enfant de douze ans. Quand ce dernier est arrivé au casting, on s’est aperçu qu’il mesurait… 1mètre 75. Heureusement ce grand « petit garçon » était venu avec un copain, Assad, qui, lui correspondait physiquement au Fahim que nous cherchions. Arrivé en France trois mois avant, c’était un jeune garçon très réservé mais il a accepté de passer les essais.

En offrant ce rôle à Assad et en le faisant travailler, avez-vous eu conscience qu’en quelque sorte, vous alliez être aussi pour beaucoup dans l’éducation de cet enfant ?

C’est ce qui m’a beaucoup ému. J’ai eu l’impression de vivre en vrai une histoire presque identique à celle que je racontais sur le plateau. Au début, comme je vous l’ai dit, Assad, ne disait et ne comprenait que quelques mots de français. Mais, en quelques semaines, grâce à la maîtresse qui l’accompagnait pendant le tournage et à notre contact, son vocabulaire s’est accru de façon exponentielle.

Photo DR

A la fin, il parlait couramment français. Et puis, on lui a appris et montré plein de trucs. La mer, par exemple. A Paris, aux répétitions, il n’arrivait pas à jouer l’émerveillement d’un enfant qui la découvre. Et pour cause, il ne l’avait jamais vue ! Mais quand il est arrivé vraiment devant, à Marseille, il a joué la scène formidablement. A faire monter les larmes aux yeux !

Pourquoi avez-vous proposé à Gérard Depardieu d’incarner le professeur d’échecs de Fahim, Sylvain, qui, dans la vraie vie, s’appelait Xavier Parmentier ?

Quand j’ai rencontré Xavier Parmentier, je me suis retrouvé face à un homme qui m’a évoqué Gérard Depardieu : même gabarit, même douceur et même… tempérament volcanique. Étant un grand naïf, j’ai évidemment tout de suite pensé à Gérard pour l’interpréter, sans imaginer une seule seconde que ce dernier pourrait me dire non.

Photo DR

Jusque-là, en matière de distribution, j’avais toujours eu de la chance. J’avais rêvé des Monty Python, je les ai eus. J’avais rêvé de Pierre Richard, il est venu.

Quand j’ai envoyé le scénario à l’agent de Gérard, j’ai quand même un peu tremblé. Le script faisait 140 pages. J’ai eu peur que cette longueur ne décourage Gérard. Ça n’a pas été le cas : dans les 48 heures, il m’a dit oui. Gérard est un homme élégant. Il ne vous fait pas lambiner longtemps.

Et Isabelle Nanty ?

C’est la première personne que j’ai eue en tête avant même d’avoir écrit le scénario. Comme j’ai tout de suite su quel personnage j’allais lui proposer de jouer, je l’ai écrit pour elle. Si elle n’avait pas été libre, ça aurait été pour moi un tsunami.

Isabelle est ma bonne fée. Je ne peux pas imaginer faire un film sans elle. Sur un plateau, elle fait du bien à tout le monde. Elle est à la fois solaire et bienveillante. C’est une amie exceptionnelle et une comédienne miraculeuse. Son inventivité est éblouissante. Elle prend des risques inouïs. Contrairement à d’autres, elle ne refait jamais deux fois la même chose. Elle propose tellement que parfois, on se sait plus quelle prise choisir.

Photo DR

Exceptionnellement pour ce film tourné avec une majorité d’acteurs non professionnels, je lui avais demandé, comme à Gérard d’ailleurs, d’être dans l’hyper réalisme, autrement dit, d’« être », de ne pas composer . C’est très difficile. Il n’y a que les plus grands comédiens, qui peuvent faire ça. Gérard et elle ont été géniaux. Je trouve que, dans son contraste, leur « couple », fonctionne vraiment bien.

Vous dirigiez un film d’un genre nouveau pour vous. Avez-vous eu des difficultés particulières ?

Les difficultés et les doutes, je les ai eus, avant le tournage, au moment de l’écriture du scénario, de la préparation et du casting. Je ne voulais ni décevoir ni surtout trahir Fahim, sa famille, et tous ceux qui les avaient aidés.

Sur le plateau proprement dit, en revanche, rien ne m’a semblé insurmontable. Sans doute parce que, comme je n’avais pas le rôle principal, j’ai eu toute latitude pour me concentrer entièrement sur mon travail de metteur en scène. C’était la première fois : j’ai trouvé cela formidable.

Synopsis : Forcé de fuir son Bangladesh natal, le jeune Fahim et son père quittent le reste de la famille pour Paris. Dès leur arrivée, ils entament un véritable parcours du combattant pour obtenir l’asile politique, avec la menace d’être expulsés à tout moment. Grâce à son don pour les échecs, Fahim rencontre Sylvain, l’un des meilleurs entraîneurs d’échecs de France. Entre méfiance et attirance, ils vont apprendre à se connaître et se lier d’amitié. Alors que le Championnat de France commence, la menace d’expulsion se fait pressante et Fahim n’a plus qu’une seule chance pour s’en sortir : être Champion de France.

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