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Coup de froid dans les relations entre les dirigeants et le personnel de la station de ski du Lioran (Cantal)

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Coup de froid dans les relations entre les dirigeants et le personnel de la station de ski du Lioran (Cantal)

« On est au fond du trou, on a mis la marche arrière », lâchent les délégués du personnel de la Saem Super Lioran, cette entité économique échafaudée par le Département pour éviter l’accident industriel, quand la station menaçait de passer l’arme à gauche, perdue par la mauvaise gestion de Transmontagne. D’ordinaire, il n’est pas du genre de ces gens, durs au mal, de s’épancher sur les tracas de la vie, eux qui flirtent avec l’extrême quand les conditions météo tournent à la fureur. Jusque-là, la passion pour le travail a toujours enterré les mouvements d’humeur et autres déceptions.

Pour un changement de gouvernance

Pas cette fois. L’ampleur de la crise est telle, disent-ils, qu’elle a forcé ces montagnards à sortir de leur réserve et de leurs gonds. Leur colère étant dirigée contre le président de la Saem, Philippe Fabre, et le directeur Pierre Leduc qui ont perdu de leur crédibilité auprès d’une grande majorité des agents. C’est ce que dit, en des termes moins sobres, le courrier qui leur a été adressé à la fin de l’année, par les délégués du personnel, réclamant un changement de gouvernance. « Il n’y a pas de capitaine dans le vaisseau Lioran et il est en train de prendre l’eau », dénoncent les auteurs de ce réquisitoire incendiaire dans l’espoir de stopper la dérive vers des eaux de plus en plus troubles à leurs yeux.

Une tension grandissante

C’est à l’automne dernier que la grande majorité des salariés a perdu toute illusion quant à ce duo de responsables, fonctionnant depuis novembre 2018. Ce qu’ils prenaient (et excusaient) alors pour « des cafouillages de débutant », appelés à se régler au fil des mois et de la maîtrise de l’outil leur saute aux yeux aujourd’hui comme « des lacunes abyssales et dangereuses pour la bonne marche de la station ». Aux vacances de Noël, l’aiguille est passée dans la zone rouge.

« La veille de l’ouverture, on n’avait pas de feuille de route... Du jamais vu ».

Impensable, pour les salariés de ce domaine skiable qui a tutoyé les sommets ces dernières années, d’en être réduits à « de l’à-peu près ». Sans prendre des gants, ils s’interrogent désormais sur ce qui a motivé le recrutement de ce directeur et veulent des clarifications sur ses missions. « Il ne prend aucune décision. L’un va le voir, il dit oui, puis un autre demande le contraire, il dit oui. En gros, c’est le dernier qui entre dans son bureau qui a raison. Sinon, c’est constamment : il faut que je demande au président (Philippe Fabre). Heureusement, les gens ont une conscience professionnelle et font leur boulot. Mais cela entraîne inévitablement des tensions dans les relations au travail... »

Un bilan au vitriol

Une tension gardée interne pour préserver les clients, mais qui a fini par éclabousser le président. Dans le courrier, c’est un bilan au vitriol qui est dressé de son action. Il lui est reproché « d’outrepasser ses prérogatives, de n’avoir aucune stratégie d’entreprise, une gestion du personnel catastrophique, des investissements incompréhensibles, un comportement arbitraire »… Très remonté, le personnel ne supporte plus cette impression de naviguer à vue, parfois même à contre-courant des intérêts de la station.

Pourtant, l’entrée en action de ce nouveau binôme avait été accueillie favorablement. Lorsque Philippe Fabre a annoncé vouloir monter en puissance les animations et développer l’après-ski, les équipes ont été séduites et partantes. Aujourd’hui, le désenchantement est total.

On ne voit pas de grandes différences cette saison. Quant à ce qui est proposé, c’est beau sur le papier et les réseaux sociaux, mais en réalité, tout est fait à l’arrache.

Grandeur et...

Ces salariés ont l’impression de voir se banaliser « l’amateurisme dans la gestion de la station », ce qui est insupportable pour eux ayant connu autre chose. La plupart étaient engagés dans l’effort de guerre réclamé par l’ancien directeur Hervé Pounau, débarqué de l’Alpe d’Huez, en 2007 pour sauver ce domaine skiable de la ruine, avec l’appui de Vincent Descoeur, à la présidence de cette Saem, après l’épisode Transmontagne. Le fantôme de leur binôme, « qui avait une autre envergure » plane de plus belle au Lioran, d’autant plus que sous l’action d’Hervé Pounau, le site de ski est devenu une véritable machine de guerre, rayonnant au-delà du département. C’est à la mesure de ce précédent binôme que le personnel juge l’écart de niveau et de compétences trop important avec les instances dirigeantes actuelles. « On ne s’improvise pas chef d’une entreprise qui tourne avec plus d’une centaine de salariés lors des périodes où l'activité est la plus forte. »

« La station, ce n’est pas un jouet »

 

 Philippe Fabre, president de la Saem Super Lioran développement. Photo Jeremie FulleringerUn souci d'apaisement et d'échangesContacté, Philippe Fabre, président de la Saem Super Lioran développement, n'a pas souhaité s'exprimer, pour l'instant. « J'ai répondu par écrit la semaine dernière. Et je rencontre les représentants du personnel, demain (mardi 28 janvier, à 17 heures). Dans un souci d'apaisement et au regard du calendrier de la rencontre,  je préfère d'abord échanger avec eux, il ne serait pas correct qu'ils découvrent mes propos dans la presse, avant que je les rencontre. C'est normal de leur réserver la primeur dans les échanges. Je préfère dialoguer avec eux, je suis clairement dans un souci d'apaiser les choses. »

Chemcha Rabhi

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