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Tennis : Alice Tubello, une année 2024 au goût de champagne au moment d'entrer en lice à Reims

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Voilà un an, Alice Tubello (23 ans), n’était assurément pas animée des mêmes sentiments qu’aujourd’hui, alors qu'elle s'apprête, ce mardi matin, à affronter la Danoise Helmi, sortie des qualifications, lors des Internationaux de Reims-Champagne (25.000 $), avec le statut de tête de série n° 6 du tableau principal :

« J’ai repris en octobre 2023. Je souffrais d’une compression du nerf supra-scapulaire. Je n’avais plus de force dans le bras. Tenir une raquette s’avérait assez compliqué. C’est venu crescendo, j’ai ressenti en février un truc bizarre, mais que je n’arrivais pas à définir. En avril, je n’arrivais plus à servir de première balle. Ce n’était pas douloureux, donc on a bossé dessus mais à Roland-Garros, c’est là où ça s’est vraiment dégradé. On a alors pris la décision d’opérer le plus rapidement possible. »

De quoi se poser moult questions, d’autant plus que cette intervention à l’épaule, en suivait, depuis le début de l’année 2021... cinq autres, au même poignet.

« J’avais déjà commencé à retravailler ailleurs, j’avais repris des études. Je me suis dit : "Eh bien si mon destin, c’est d’arrêter, c’est comme ça, il y a une vie après le tennis."

La jeune Montferrandaise reprit pourtant la raquette : « Je me suis donné les moyens de la reprise, que ce soit en termes de rééducation comme en heures passées sur le terrain. Mais j’étais super-nulle, une catastrophe ! Au bout d’un moment, je n’en pouvais plus de l’entraînement, j’étais perdue, aucune sensation, aucun plaisir, rien ! J’ai donc voulu partir en compétition, pour tenter de me relancer. Mais sans grandes attentes. » 

"Ça a été tellement violent" : victime de cyberharcèlement, la Montferrandaise Alice Tubello dénonce et se bat

Vite récompensées, pourtant, d’un premier clin d’œil du destin : « Je devais jouer les qualifications du tournoi d’Andrézieux et le directeur de l’épreuve, vient me voir et me dit : “On a une wild-card qui nous reste pour le grand tableau, est-ce que tu la veux ?” Ma première réaction, ça a été de me dire “ben non”. Parce que je débarquais sur un 60.000 $ alors que je perdais à 2/6, c’était une catastrophe. Mais mon père, qui était avec moi, me dit : “Des fois, dans la vie, il y a des opportunités. Là, c’en est une, je pense qu’il faut que tu la prennes.” Je l’ai regardé, un peu comme s’il était fou (rire). Mais finalement, je prends la wild-card, je prends 6-2 au premier set à 170 (Serban, n° 172), là, je me dis, “merci papa” mais au final, je gagne en trois sets, 7-6 au dernier. Et derrière, je gagne à 230 (Oz, 236e), puis me retrouve en quarts face à Jessica Ponchet (124e), j’ai deux-trois balles de set et je perds à l’arrache (7-6, 6-3). Là je me suis dit : “Maintenant, je peux avoir de vrais objectifs, en fait”. »

Premier gros cap d’une année 2024, qu’elle poursuivra en allant quérir des points, parfois très loin (Burundi, Colombie...) : « Andrézieux a vraiment été le tournoi qui m’a fait dire que j’en étais capable. Après, comme fait marquant, il y a eu mon premier titre en 25.000 $ au Burundi. » Sur une séquence de trois titres, une finale, une demie en cinq tournois : « Ça, ça m’a donné beaucoup confiance », juge Alice. 

Et après, il y a eu Roland-Garros : « Ça a été... (elle s’interrompt d’un sourire qui veut tout dire). Dès l’obtention d’une wild-card de la FFT à laquelle je ne m’attendais pas du tout au moment où j’ai repris et alors qu’en janvier, je ne pensais même pas pouvoir gagner à négatif. Non, c’était assez dingue. Et en plus, je gagne en sauvant des balles de match ! Et après je joue Errani (finaliste en 2012, 87e) sur le Lenglen, première année où ils l’ouvraient aux qualifications. »

 Si elle estime que le résultat (très) sec (6-2, 6-1) de la rencontre ne correspond pas à ce qu’elle a produit sur le court ce jour-là, Alice en retient aussi tout autre chose.

« On joue avec Errani, la pluie commence à arriver, du coup, tout le monde se ramène parce que c’était le seul court avec le toit à jouer et là, franchement, ça a été une ambiance de “ouf” ! Quand quasiment 8.000 personnes crient ton nom... La différence entre janvier et mai, c’était un rêve éveillé de partager ça avec mon équipe ! »(empty)

Surtout, derrière, Alice en version 2024 sut et put ne pas s’arrêter en si bon chemin : « L’objectif, c’était vraiment de jouer une saison complète, sans se blesser. Et ça, c’était inenvisageable sachant que jusque-là, je n’avais jamais réussi à enchaîner, accumulant les blessures. C’était un peu ma dernière chance et je me réveillais quand même tous les matins avec des douleurs. D’aller jouer, je n’en pouvais plus et je n’avais pas envie de ça. Donc oui, le dernier come-back a été celui qui a le mieux fonctionné (sourire). »

Come-back qui la fit passer, dans la continuité de « Roland », nouvelle finale puis nouveau titre entre Argentine et Pérou en prime, de la 722e à la 219e (à la fin août) place mondiale (aujourd’hui, 223e), compilant 61 victoires avec un ratio succès/défaites de 78%. 

« En revers avec un poignet en moins (sic), il a fallu s’adapter, relate Alice Tubello. Quand j’ai perdu (sic) mon épaule, en coup droit, il a fallu s’adapter. Il a fallu réussir à se protéger physiquement par un travail technique un peu spécifique pour contourner le côté traumatisant et gagner en efficacité en dépensant le moins d’énergie possible. Je pense que ces adaptations opérées quand je n’avais plus de force, maintenant que je l’ai retrouvée, m’aident énormément pour que ça sorte vraiment beaucoup plus fort qu’avant. J’ai gagné en qualité de frappe. »

« Je joue plus libérée. On verra où tout ça me mène... »

En en approche aussi : « Je joue plus libérée du fait que je ne m’attendais jamais à en être là où j’en suis aujourd’hui. On verra où tout ça me mène... »Jusqu’où, une fois dit que l’objectif 2025, c’est les qualifications des Grands Chelems et... ne pas se blesser ? « Jusqu’où... Il y a eu tellement de saisons blanches, tellement de blessures, tellement de douleurs et galères, le “jusqu’où”, je ne sais pas où il se situe. Je sais que j’ai la résilience et je n’ai pas peur d’affronter quelque chose de difficile, les saisons, je sais les gérer (*). »

(*) L’année d’Alice Tubello a cependant été ternie par de vastes attaques de cyberharceleurs, fin août : « J’ai déposé plainte le 6 septembre, pour le chef d’usurpation d’identité et de harcèlement. Suite à ce dépôt de plainte, le Procureur a décidé d’ouvrir une enquête immédiate et on attend le résultat de cette enquête ».

Alice Tubello vu par son coach à l'ASM, Johann Faugère :« Alice, c’est une forme de polyvalence et de maturité, aussi, qui ont permis ses résultats. L’objectif, c’est de rendre les choses pérennes, et de transférer ses acquisitions à 99-100% pour pouvoir continuer de “gagner”, au sens où les matchs qu’elle gagnait en jouant des “500”, elle les gagne face à des “200”. C’est des objectifs de compétence. Il ne faut jamais trop se poser de questions sur le classement.

Jean-Philippe Béal

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