Tennis: Ashleigh Barty, le sport dans le sang
"Je suis tellement reconnaissante pour tout ce que le tennis m'a donné, il m'a donné tous mes rêves et plus encore", a expliqué dans un message vidéo la N.1 mondiale qui a remporté en janvier dernier l'Open d'Australie, son troisième titre du Grand Chelem.
"Mais je sais que le moment est venu pour moi de m'éloigner, de poursuivre d'autres rêves et de poser les raquettes", a insisté la joueuse qui a remporté 15 titres sur le circuit WTA.
L'une des joueuses les plus appréciées du circuit, "Ash" est également un profil atypique, loin de certaines implacables machines à gagner: à 17 ans, elle a mis sa carrière entre parenthèses pendant dix-sept mois pour devenir joueuse professionnelle de cricket et a remporté un tournoi de golf quand la pandémie l'a éloignée des courts.
Née le 24 avril 1996 à Ipswich, elle a débuté le tennis à cinq ans dans la grande ville toute proche, Brisbane.
Mais c'est à l'occasion d'un stage à Melbourne en marge de l'Open d'Australie, alors qu'elle avait "11 ou 12 ans", que l'étincelle s'est produite.
"Voir à quel point tout était professionnel et à quel point chacun était dédié à sa tâche m'a ouvert les yeux. J'y ai goûté pour la première fois en juniors et j'ai adoré ! Ca m'a donné envie de savoir de quoi, moi, j'étais capable", racontait-t-elle lors du dernier Open d'Australie.
Elle a rapidement vu, puisqu'en 2011 elle a remporté Wimbledon chez les juniors à 15 ans.
Pro en cricket
Mais au lieu de poursuivre, elle a soudainement changé de direction trois ans plus tard, en signant un contrat professionnel avec l'équipe du Brisbane Heat pour la saison inaugurale du championnat féminin de cricket.
"Pour la faire courte, j'avais besoin de me retrouver. Je m'étais un peu perdue au cours de la première partie de ma carrière", expliquait-t-elle en janvier.
Le cricket lui a bien ouvert "une perspective différente sur le sport", mais sans éteindre l'attrait pour le tennis. Et le souvenir de Wimbledon l'a finalement convaincue de revenir à la petite balle jaune.
Et c'est en 2019 que l'une des plus petites joueuses du circuit (1,66 m) a pris une autre stature.
Elle qui n'avait encore jamais atteint la deuxième semaine d'un tournoi du Grand Chelem est devenue cette année-là la seule joueuse à avoir rallié au moins les huitièmes de finale dans les quatre tournois les plus prestigieux du calendrier.
Mieux, elle s'est offert son premier trophée majeur, à Roland-Garros.
Comme Graf et Williams
Cette année-là, elle est la joueuse qui remporte le plus de victoires (56) avec des titres sur toutes les surfaces: sur dur à Miami, sur terre battue à Paris, sur gazon à Birmingham et en salle au Masters.
Devenue numéro un mondiale en septembre 2021, elle était la première Australienne à accéder au trône du tennis mondial.
La saison 2020 avait été quasiment blanche puisqu'après son élimination en demi-finales à Melbourne, elle avait encore joué le tournoi de Doha avant que la pandémie de covid ne sème le chaos.
L'Australienne avait alors préféré rester sur son île-continent plutôt que de voyager de bulle sanitaire en bulle sanitaire.
Absente de mars 2020 à février 2021, elle n'avait donc pas défendu son titre à Roland-Garros.
Durant cette période, elle avait sorti les clubs de golf et remporté un tournoi sur un parcours près de Brisbane dessiné par le grand champion australien Greg Norman.
La WTA ayant gelé le classement pendant les mois de pandémie, Barty s'est maintenue à la place de N.1 mondiale jusqu'à cette semaine. En 2021, elle avait terminé sa troisième année consécutive à la plus haute place mondiale. Avec au passage le titre tant désiré: le "vrai" Wimbledon.
Seules avant elle Chris Evert, Martina Navratilova, Steffi Graf et Serena Williams avaient terminé trois années d'affilée au sommet.
"Je ressens beaucoup d'humilité. En fait je ne me sens pas vraiment au même niveau que ces championnes. Je suis toujours en phase d'apprentissage intensif", avait humblement estimé l'Australienne après sa victoire à Melbourne.
Barty ne manquait jamais d'associer à ses succès ses proches et son équipe, en particulier son coach Craig Tyzzer. Elle s'est fiancée l'année dernière à son petit ami de longue date, Garry Kissick, toujours présent en tribunes lorsqu'elle jouait.
Après avoir passé 119 semaines au sommet du tennis mondial, une nouvelle page de sa vie s'ouvre. De sa carrière sportive aussi ?