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Tennis: la "méthodologie" du coaching selon Patrick Mouratoglou

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Plus qu'une méthode, c'est une "méthodologie" du coaching qu'applique Patrick Mouratoglou dans l'entraînement de ses joueurs de tennis, qu'ils soient des jeunes en devenir ou la reine Serena Williams, en se basant avant tout sur leur personnalité.

"Les gens, quand ils jugent un joueur, ils sont très attachés à la qualité des coups. Pour moi, ça n'est pas du tout le plus important. Les champions sont avant tout des gens qui ont de grosses personnalités, pas du tout une grande gueule mais une mentalité particulière", explique le coach français.

Du coup, toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire à ses joueurs.

"Les seules qui sont bonnes à dire, sont celles qui vont conduire au résultat que l'on veut obtenir avec eux. Et parfois, des contrevérités sont meilleures à dire que des vérités", affirme-t-il.

Et en particulier, il ne pointe pas les défauts de ses protégés, parce que "ça les affaiblit".

"L'important n'est pas de savoir si ce que je dis est vrai ou pas, mais si ce que je dis va créer les résultats attendus. Pour ça, il faut un énorme travail en amont. Le joueur ne voit qu'un tout petit bout de l'iceberg, tout ce qui est en-dessous, c'est tout le travail qu'il faut faire pour extraire l'essentiel", insiste-t-il.

Car pour tirer le maximum de son joueur, Mouratoglou l'observe beaucoup.

- Le contraire de Bollettieri -

"Je vois comment il réagit, je vois ce qui est efficace ou pas et, petit à petit, je comprends comment lui parler pour qu'il soit efficace, je comprends dans quelle situation je dois le mettre, je comprends où il est fort, où il y a du danger et, après, je peux naviguer".

Tout le contraire de ce qui se fait par exemple dans l'Académie de Nick Bollettieri en Floride où on met "tout le monde à la dure dans un entonnoir, on presse tout ça et à la fin il y en a deux-trois qui sortent". Non sans résultat quand même, puisque sont issus de ce moule Andre Agassi, Jim Courier, Maria Sharapova, Monica Seles, Anna Kournikova ou Serena Williams.

Mais cette dernière est elle-même venue chercher Mouratoglou en 2012, parce qu'elle "était en manque de confiance". Elle s'est entraînée 45 minutes devant lui, sans aucune interaction, puis lui a simplement dit: "Parle-moi", raconte Mouratoglou.

Immédiatement, il savait qu'il devait aller "chercher sa personnalité" endormie depuis quelque temps.

Selon lui, le principal écueil dans la carrière d'un champion est la peur de l'échec. Or, ce qui compte est d'atteindre l'objectif. Ce qui se passe entre un échec et la réussite "n'est pas important".

- "Se souviendra-t-on des galères ?" -

"Si Serena gagne un 26e titre du Grand Chelem, se souviendra-t-on qu'elle a galéré pour décrocher le 24e ? On aura oublié !", lance-t-il.

A l'opposé de l'immense championne, Mouratoglou s'occupe de détection de jeunes talents qu'il aide à éclore au sein de son académie sur la Côte d'Azur, comme la Russe Ksenia Efremova qui n'a encore que 12 ans.

"Ksenia a une mentalité de championne. Elle a vraiment les caractéristiques que je considère comme celles d'une championne. Elle a beaucoup de potentiel, à nous de l'exploiter au mieux. Elle progresse à une vitesse vertigineuse", analyse-t-il.

Sans être leur coach officiel, Mouratoglou supervise également les progressions de Stefanos Tsitsipas (3e mondial à 22 ans) ou Coco Gauff (19e à 17 ans).

"Il est facile de coacher... personne. Il faut partir d'une feuille blanche à la découverte des gens (...) Et c'est beaucoup plus dur avec des gens beaucoup plus forts", note-t-il.

La difficulté vient des "certitudes" dont sont pétris les joueurs qui ont déjà réussi. La recette est de "créer une situation dans laquelle il y a suffisamment de respect" pour ne pas tomber dans le "clientélisme" qui "ne marche jamais".

Mais s'il utilise les émotions de son joueur, le coach, lui, ne doit jamais laisser paraître les siennes.

"On a des émotions terribles parce qu'on vit avec nos joueurs au quotidien et que le tennis procure des émotions démesurées", explique-t-il. "On a des sentiments d'ingratitude et de frustration terribles. Si on laisse ces émotions parler, on n'est plus un coach du tout. Le coach ne parle qu'avec son cerveau pour obtenir le résultat qu'il veut obtenir".

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