Les oiseaux pris dans la tourmente

Mérinchal. Les oiseaux migrateurs pris dans la tourmente. Quand les températures dégringolent comme la semaine passée, bien au-dessous de zéro, de minces couches de glace se lissent à la surface des eaux stagnantes.

De quoi refroidir les ardeurs amoureuses des grèbes huppés qui se matérialisent par des chorégraphies mélangeant rites traditionnels et improvisations. Dans cette période prénuptiale où les oiseaux ont la tête dans les nuages et ne pensent qu'à se reproduire, le choc thermique prend le dessus sur le choc émotionnel.

Pour les oiseaux migrateurs, essentiellement et même souvent exclusivement insectivores, un état d'urgence s'établit. Il faut tout faire pour sauver ses plumes au jour le jour. Pendant quelque temps, le froid leur coupe le sifflet. Les oiseaux passent la totalité de leur journée à grappiller par ci, par là, les calories qui les réchaufferont et leur permettront de subsister jusqu'au retour d'un soleil un peu plus vaillant.

L'hiver revient par la fenêtre printanière

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la neige a, flocon après flocon, construit une couche compacte et impénétrable. Heureusement les arbres, pourtant encore privés de feuilles, et les haies ont permis aux oiseaux de chercher un brin de salut sous le couvercle de leurs parapluies. Car leur proximité développe des écosystèmes où les insectes sont très présents.

Les oiseaux de bords d'étangs saisissent toutes les opportunités. Si les berges sont matérialisées par des murets, la bergeronnette grise s'en servira de base de lancement pour survoler l'étang ou de piste d'accélération pour effectuer de petits bonds verticaux afin de capturer les insectes volants de plus en plus bas avec l'intensification du froid. Les pouillots fitis chassent à l'affût, perchés sur de frêles branches d'arbustes. Ils se lancent dans de courtes voltiges, très précises, au ras des flots qui forment quelquefois des creux de vagues impressionnants par rapport à leur minuscule gabarit.