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La snowboardeuse du Lioran (Cantal) Clémence Grimal change de discipline et se lance dans le freeride

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La snowboardeuse du Lioran (Cantal) Clémence Grimal change de discipline et se lance dans le freeride

Une autre carrière s'ouvre pour Clémence Grimal. La snowboardeuse de 26 ans, deux fois médaillée de bronze aux Mondiaux (2015 et 2017), en half-pipe, qui a pris part aux Jeux Olympique de Sotchi et Pyeongchang, avait annoncé le 11 novembre dernier mettre un terme à sa carrière dans cette discipline.

Mais cet arrêt, qui intervient après deux ans loin des planches, passés à soigner la maladie de Lyme, n'est pas un clap de fin pour la native de Figeac, qui a rejoint le Lioran en 2015. 

Le freeride, pour rebondir après l'arrêt du half-pipe

"Je vais me mettre au freeride cette année, qui est une autre discipline, pas encadré par la Fédération française de ski et qui a un tour de son côté. Ce sont des compétitions où on monte une montagne en hors piste et on la descend avec des juges qui nous notent", explique la jeune femme à La Montagne. 

"C’est un tour vachement plus médiatisé, très présent sur le web. J’ai cette opportunité cet hiver. Après deux ans et tout ce qu’il s’est passé, je n'avais qu'une envie, c’était de remonter sur mon snowboard, de me faire plaisir, et pourquoi pas d’en gagner ma vie après. C’est un peu la décision la plus simple et la plus sage."

Deux ans de montagnes russes avec la maladie de Lyme

Durant deux ans, la jeune femme a soufflé le chaud et le froid. Avec cette maladie encore méconnue et qui lui a fait vivre les montagnes russes entre le diagnostic et aujourd'hui. 

"On n'a pas été forcément été très clair avec moi. Lors des premiers rendez-vous avec le professeur qui me suivait, il m'a dit que ça dépendait des personnes, certains guérissent vite, d’autres moins, et d’autres encore pas du tout. J'avais beaucoup d’espoir au début. Et au fur à mesure du traitement, ça n'allait pas du tout, et même moins bien."

Maladie de Lyme : des Cantaliens racontent leur calvaire

"De fil en agiuille, les discours étaient de plus en plus pessimistes", se souvient Clémence Grimal, qui sait qu'elle n'est pas littéralement débarassée de cette affection..

"Ca faisait un moment que la maladie était là et on a pris du temps à la diagnostiquer. C'était un peu plus ennuyeux. Comme elle était ancrée en moi, elle a atteint sa forme un peu chronique. L’objectif était de cacher la maladie dans les tissus. Je l’aurai toujours en moi. Mais il y a des moment où elle est endormie et tout va bien."

Portée par cette seule envie de pouvoir remonter un jour sur la planche, la double médaillée mondiale a fini par dompter la maladie de Lyme. Mais sans pour autant décider de rebasculer sur la discipline qui lui a offert ses plus beaux succès.

Aussi parce que revenir en half-pipe demandait d'autres combats, peut-être plus compliqués à mener, et pas sur le plan sportif.

Une situation complexe avec la Fédération française de ski

"Je savais que c’était la décison à prendre. Sur le coup c’est un peu un déchirement parce que c’est pas du tout comme ça que j’avais décidé d’arrêter ma carrière. Je ne voulais pas que ce soit sur une blessure, ou une maladie ou quelque chose chose de pas décidé. J’ai pris deux ans, avec un peu de lunatisme, des fois je me disais "je vais pouvoir revenir en half pipe" et d’autres fois "non ce n’est pas possible"."

Déjà médaillée en 2015 aux Mondiaux en 2015 avant de rejoindre le Lioran, Clémence Grimal (à droite) avait récidivé deux ans plus tard, cette fois en portant les couleurs de la station cantalienne. AFP PHOTO / JAVIER SORIANO  

"Au vu de la situation avec la FFS et l’équipe de half pipe qu’ils ont supprimée juste après les JO", Clémence Grimal a donc dit stop aux figures dans le demi tube de glace, qui demande par ailleurs un investissement qui n'est pas que sportif.

"C’est vrai que les coûts sont énormes pour se lancer dans une saison, surtout deux ans après n'en avoir plus fait", détaille la sportive.

"En half-pipe, il faut des coaches, des prépas, un encadrement très spécial. La saison coûte entre 30.000 et 40.000 euros. Je suis arrivée à un point ou je suis guérie. Je vais beaucoup mieux et je ne sais pas si j’ai encore beaucoup d'énergie à consacrer à ça : me battre contre la Fédération, à essayer d’avoir des budgets..."

Ce sera donc le freeride. Un autre défi pour une pratique très éloignée du pipe.

"J'en ai déjà fait. Je ne me fais pas de souci. C'est différent du half pipe, et même carrément à l’opposé. D'un côté on enchaîne des figures sur la glace, et là on est sur une montagne qu’on dévale avec de la neige un peu plus molle. Après on garde une similarité sur les sauts, avec une partie aérienne. Il va falloir une approche un peu différente de ce que j’avais en halp pipe."

Rendez-vous fin décembre dans les Alpes

"Ce qui m’attire c’est d'avoir une autre approche de la montagne. Ca reste dangereux, il y a plein de formations à faire : sur les avalanches, les risques qu’il peut y avoir en montagne. C’est une nouvelle phase d’apprentissage mais c’est bien aussi d’avoir ça."

Et les choses sont bien avancées puisque depuis le 20 novembre, Clémence Grimal a eu la confirmation qu'elle allait participer à sa première compétition, prévue dans les Alpes du Sud le 19 décembre prochain. Un "Qualifier 3 étoiles". Qui doit pouvoir lui permettre de se qualifier pour un autre rendez-vous, "quatre étoiles", celui-ci, pouvant ouvrir la voie à une participation au World Tour.

"Je reste fidèle au Lioran, ils ont toujours été top avec moi"

Dans cette nouvelle étape de sa vie, Clémence Grimal continuera d'arborer les couleurs du Lioran. Un choix évident, pour celle qui avait un contrat de confiance avec la station cantalienne, qui n'a jamais lâché la jeune femme, elle qui avait justement rejoint l'Auvergne dans la foulée de sa première médaille mondiale en 2015, alors que la station de Chamrousse lui coupait les budgets. 

La snowboardeuse va remonter sur sa planche, mais plus en half-pipe, en freeride. Avec une première compétition prévue en décembre, dans les Alpes. Getty Images/AFP

"C'est une décision que je n’avais pas trop comprise, un club où je ne me sentais pas vraiment en confiance avec les dirigeants. Même si avec les entraîneurs ça se passait très bien. C’est même eux qui m’ont mise au freestyle et permis d’arriver là. Ensuite j’ai rencontré ceux du Lioran, qui m'ont vraiment boostée, qui m’ont aidée énormément et même jusqu’à ces dernières années. Même après les JO, après mon arrêt, ils ont constament été là pour m’aider", loue la snowboardeuse qui ne s'imaginait pas aller voir ailleurs.

"A partir du moment où je suis tombée malade, le gérant du ski-club du Lioran, Philippe Delor, a tout mis en oeuvre pour que j'ai encore des aides. Ils ont été vraiment top avec moi et je pense qu’il y a très peu de stations, même dans les plus riches de France qui font ça, alors que le Lioran reste une petite station familiale, avec peu de moyens, encore plus après la saison qu'ils ont passée."

Clémence Grimal reste encore en quête de sponsors, elle qui peut toutefois s'appuyer sur "un peu d'argent de côté" et des piges qu'elle effectue pour Eurosport en tant que consultante. Avec également son frère, qui possède une entreprise et lui fait fabriquer des planches. 

"Je n'ai pas beaucoup de sponsors mais même si au début je galère avec avec l'argent, je n'ai qu'une envie : c’est de refaire du snowboard."

Avec dans sa boîte à souvenirs les étoiles dans les yeux que lui ont offert de prendre part aux Jeux, d'y représenter son pays et donc aussi ses deux médailles de bronze mondial avec l'expérience qui l'accompagne, Clémence Grimal veut désormais se faire plaisir, et briller dans un autre exercice.

Une discipline où les femmes sont encore peu nombreuses, mais où les athlètes venus du freestyle se font de plus en plus présents. A l'image de la française Marion Hearty, triple championne du monde de freeride.

Un autre combat : la création d'un vrai BE de snowboard

Avant d'en arriver là, Clémence Grimal a aussi d'autres objectifs dans le viseur, comme son souhait de voir naître un vrai diplôme d'Etat qui permette d'enseigner le snowboard, alors qu'actuellement, la législation impose de passer un test... de ski pour avoir le droit d'enseigner la pratique, comme le demande une pétition des équipes de france de ski adressée à Roxana Maracineanu.

"Moi qui ait deux médailles aux Mondiaux, qui ait fait les JO, je vais devoir passer un test de ski qui est quasiment loupé à 99 % pour ma part. Même des skieurs n’y arrivent pas. Et on va certainement devoir ne jamais enseigner notre sport, c’est un peu révoltant", s'alarme la snowboardeuse.

"La majorité des sportifs de haut niveau en snow ne pourront pas passer ce brevet d’État ou vont galérer et on laissera ça à des skieurs. Ce qui est un peu aberrant. C’est comme si on demandait à un quelqu'un qui fait du badminton d’enseigner le tennis ou inversement."

Jean-Paul Cohade

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