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Paris 2024, des Jeux olympiques paritaires oui, mais…

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Pour la première fois dans l’histoire olympique, la parité femmes / hommes sera strictement respectée parmi les athlètes participant aux Jeux Olympiques. Une avancée. Mais des efforts supplémentaires auraient pu être faits pour aller plus loin dans la symbolique de la parité. Explications. PAR DAVID TOMASZEK. Extrait du WOMEN SPORTS N°32.

Les Jeux Olympiques de Paris 2024 seront les premiers à atteindre une parité stricte entre les femmes et les hommes. Sur les 10 500 athlètes participants, 5250 seront des femmes et 5250 seront des hommes. C’est une étape importante qui a été rendue possible grâce à de nombreuses initiatives menées par le Comité International Olympique (CIO), le Comité d’organisation de Paris 2024, les Fédérations internationales et les diffuseurs. C’est le résultat d’un long chemin.

La participation des femmes aux Jeux Olympiques a connu une évolution significative au fil des ans :

1896 : Les femmes n’étaient pas autorisées à participer aux premiers Jeux modernes.

1900 : Les premières femmes ont participé aux Jeux de Paris, avec seulement 22 participantes.

1912 : Les femmes ont été officiellement autorisées à participer aux Jeux de Stockholm, représentant 2 % des participants.

1928 : Les femmes ont été autorisées à participer aux épreuves d’athlétisme et de gymnastique aux Jeux d’Amsterdam.

1996 : Le nombre de femmes participant aux Jeux a augmenté de manière significative, atteignant 34 % aux Jeux d’Atlanta.

2020 : Un nouveau record a été établi avec 48 % de femmes participant aux Jeux de Tokyo.

2024 : Les Jeux de Paris atteignent une parité totale, avec une participation égale des hommes et des femmes.

L’époque où Pierre de Coubertin disait que « La femme est avant tout une reproductrice destinée à couronner les vainqueurs » semble donc révolue ! Mais Paris 2024 aurait pu faire encore mieux.

Première déception : la parité ne concernera que les Jeux Olympiques, pas les Paralympiques. Par conséquent, les JOP (puisque Paris 2024 a tenu à unir les Jeux Olympiques et les Jeux Paralympiques) ne seront pas paritaires.

Par ailleurs, si la parité sera respectée du côté des athlètes, elle n’a visiblement pas été recherchée dans la constitution de l’état-major du COJOP, le comité d’organisation dont le président, Tony Estanguet, est un homme, tout comme le président d’honneur, Bernard Lapasset, décédé en mai 2023. Le reste du conseil d’administration est majoritairement masculin avec les seules Astrid Guyart, Secrétaire général du CNOSF, Evelyne Ciriegi, présidente du CROSIF, Marie-Amélie Le Fur, Présidente du CPSF et Guislaine Westelynck, présidente de la Fédération Française Handisport, Valérie Barlois-Leroux, Présidente de l’Association française des olympiens, Sarah Ourahmoune et Sandrine Martinet, dans les représentants du monde sportif, parmi une petite armée d’hommes : Guy Drut, Jean-Christophe Rolland, Martin Fourcade, David Lappartient, Jean-Pierre Siutat, Romain Girouille, Cyril Moré, Tanguy De La Forest, Guy Forget, Nantenin Keita. Une représentativité conforme à celle que l’on retrouve dans les organes de gouvernance du sport français : les femmes ne représentent, encore aujourd’hui, que 35 % des membres des conseils d’administration des fédérations sportives françaises, malgré un cadre législatif qui est censé imposer la parité.

Autre chiffre intéressant, l’index d’égalité professionnelle de Paris 2024 est de 93, sur une note maximale de 100. Composé de cinq indicateurs (écart de rémunération ; d’augmentation individuelle ; de promotion ; pourcentage de salariées augmentées au retour d’un congé maternité ; nombre de femmes parmi les 10 plus hautes rémunérations), l’index permet à chaque entreprise d’évaluer où elle se situe, et d’engager des mesures pour améliorer la situation en matière d’égalité femmes-hommes. Le score de Paris 2024 est légèrement supérieur à la moyenne des entreprises françaises (88) et équivalent à celui du ministère des Sports, mais inférieur à celui, par exemple, du Ministère des Armées (94). En outre, il est possible d’atteindre la note de 100 / 100 puisque 2 % des entreprises françaises y parviennent, dont la Française des Jeux, depuis plusieurs années. Paris 2024 aurait donc pu se montrer plus exemplaire en la matière.

En conclusion, oui les JO 2024 seront paritaires et c’est une réelle avancée, mais comme en ironise la sociologue du sport Béatrice Barbusse : « on ne va quand même pas se gargariser d’un truc qu’on a dû attendre cent trente-deux ans ». Rappelons que Béatrice Barbusse, féministe du sport assumée et membre du conseil d’administration de la Fédé- ration française de handball, est l’une des rares femmes à avoir dirigé un club professionnel masculin (Ivry Handball).

L’exemplarité du sport en matière de parité reste encore à démontrer. Gageons que les efforts de Paris 2024 en la matière inspireront à long terme les institutions et les organisateurs d’événement sportif pour penser la parité et l’égalité femmes – hommes dans un contexte encore plus global.

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