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Jeu au pied, défense sur le troisième rideau et touches indirectes : que va changer la règle du "50-22" en rugby ?

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Jeu au pied, défense sur le troisième rideau et touches indirectes : que va changer la règle du

A chaque intersaison son petit coup de polish sur les règles du rugby. Après un ripolinage des consignes données aux arbitres pour juger les grattages dans les rucks la saison dernière, World Rugby a cette fois introduit dans les compétitions de l’hémisphère nord une nouveauté à première vue majeure concernant les touches et le jeu au pied (voir par ailleurs).

En substance, sortir de son camp depuis sa moitié de terrain au pied avec un ballon qui sort des limites du terrain de manière indirecte dans les 22 mètres et c’est un lancer à suivre pour l’équipe qui a botté. Une sorte de pénaltouche dans le jeu courant, en somme.

Entraîneur adjoint du Stade Aurillacois, Mathieu Lescure ne s'attand pas une immense révolution avec l'introduction de la règle du 50-22. "On reste concentré sur une zone de 28 mètre sur le terrain".  Photo Jeremie Fulleringer

Un troisième rideau à adapter mais pas de révolution

Une petite révolution à première vue, avec un possible casse-tête pour gérer le troisième rideau défensif?? « Ça ne va pas changer fondamentalement le jeu, il ne faut pas se leurrer », estime Mathieu Lescure, qui a notamment en charge le secteur défensif du Stade.

« Ça reste une zone de 28 mètres sur le terrain sur laquelle il va falloir que l’attaque prenne l’automatisme de traiter et gérer ce 50-22. On en a parlé (au sein du staff) et ça ne va pas changer fondamentalement les choses. On va continuer à défendre à deux derrière, à faire des bascules.

Ce que ça va engendrer c’est certainement que la bascule, au lieu d’être plus près de la ligne d’avantage, verra un mec un peu plus reculé pour justement protéger et défendre le troisième rideau, quitte à délaisser un petit peu la zone du milieu. Mais c’était déjà le cas jusqu’à maintenant », décrypte l’entraîneur adjoint aurillacois.

Dans le jeu, dès lors que le ballon vit déjà, le technicien ne s’attend pas à un chamboule-tout. En revanche, il est d’autres cas de figure où il faudra redoubler de lecture et de vigilance.

Un impact surtout attendu sur les phases statiques

« Là où ça me semble le plus compliqué, c’est sur les phases statiques et plus précisément les mêlées et les touches dans cette zone du terrain [de 28 m]. En fait, sur les mêlées dans cette zone, l’ailier côté ouvert et l’arrière qui va venir fermer seront obligés d’avoir plus de recul que sur les saisons passées. Je crois qu’il faudra l’accepter, c’est-à-dire fermer moins vite les extérieurs, quitte à ce que l’adversaire gagne un peu de temps mais en protégeant cette zone pour ne pas se retrouver avec une touche contre nous dans nos 22 mètres », poursuit Mathieu Lescure.

Pour Mathieu Lescure, c'est essentiellement sur les phases statiques, notamment la mêlée que la nouvelle règle va avoir un impact. Typiquement, un mêlée défensive sur les 40 mètres adverses réclamera davantage de vigilance. Photo Jeremie Fulleringer  

En d’autres termes, une des situations les plus pointues à gérer serait par exemple une mêlée défensive sur les 40 mètres adverses plein axe. « Exactement, confirme l’Aurillacois. La difficulté sera plutôt là. Je pense qu’elle sera moindre sur la touche, parce qu’on pourra toujours faire le choix de défendre à un de moins et mettre quelqu’un dans le troisième rideau, c’est facile à adapter ».

Pour avoir une réelle idée de l’impact de cette règle, il faudra encore voir à l’usage, et surtout comment chaque équipe se l’approprie ou non et surtout avec quelle efficacité.

La qualité du jeu au pied restera le facteur X

« On s’entraîne avec ces règles, on l’a vite initié mais il y a aussi un autre facteur prédominant, c’est la qualité du geste technique du jeu au pied », poursuit Mathieu Lescure.

Les Aurillacois ont commencé l'entraînement en prenant en compte la nouvelle règle. "Il y a aussi un autre facteur prédominant, c'est la qualité du geste technique du jeu au pied", juge Mathieu Lescure.

« Les joueurs essaient, mais pour autant, trouver une touche indirecte dans les 22 n’est pas forcément évident. Je pense que les équipes vont s’approprier cette règle, mais mon ressenti c’est que, au départ, on ne va pas bouleverser nos organisations par rapport à ça ».

Il me tarde de voir les matches amicaux comment les autres équipes et nous allons le gérer. Il ne faut pas non plus se presser de vouloir tout changer. C’est une question d’ajustement des joueurs qui gèrent le 3e rideau : ailiers, arrière, voire ouvreur si on fait le choix d’en mettre un sur cette zone pour gérer la profondeur

Toutefois, l’entraîneur aurillacois s’attend à voir peut-être une utilisation accrue du jeu au pied rasant en Pro D2.

Des précisions attendues sur le renvoi d’en-but

Pour ce qui est de l’autre changement notable, le renvoi d’en-but, Mathieu Lescure estime que « c’est vraiment nouveau et, pour le coup, un peu méconnu ».

« Il y a des choses qu’on doit se faire préciser avec les arbitres. Sur une réunion que l’on a eue la semaine dernière, il y avait un peu un flou artistique sur le fait de taper directement un drop d’en-but. Je trouve la règle intéressante, mais est-ce qu’elle va changer des choses par rapport aux renvois aux 22?? Je ne sais pas ».

Pour la défense sur touche, il devrait être plus facile de s'adapter à la règle du 50-22 avec la possibilité de défendre à un de moins et faire passer un joueur supplémentaire sur le 3e rideau

Ce qu’on peut en revanche s’attendre à constater, et c’est mécanique, c’est une diminution du nombre de mêlées à cinq mètres. Une phase de jeu, qui, plus les années passent, plus elle apparaît comme un secteur que les instances internationales ne semblent franchement pas chérir outre mesure.

Des règles encore "expérimentales"... pour l'instant

Mais ces changements, d’une saison sur l’autre, ne sont-ils pas tout simplement lassants pour les acteurs du jeu et les entraîneurs??

« Oui et non. Quand c’est pour le bien du jeu c’est positif. C’est en utilisant ces règles qu’on va se rendre compte si ça peut faire du bien. On va essayer. Il me semble que c’est intéressant, même si j’ai du mal à comprendre l’intérêt par rapport au renvoi aux 22 », répond Mathieu Lescure.

Il ne reste plus qu’à juger sur pièce, quand les premiers coups d’envoi auront été donnés. En gardant à l’esprit que World Rugby qualifie lui-même ces nouvelles directives de « règles expérimentales ». Elles ne sont donc pas encore inscrites dans le marbre des lois du rugby au-delà de la saison actuelle. Pour l’instant… 

Jean-Paul Cohade

Les 5 adaptations décidées par World Rugby

Déjà testés dans l’hémisphère Sud, cinq ajustements des règles vont être instaurés. Le premier, dit « règle du 50-22 » prévoit qu’une équipe qui trouve une touche indirecte depuis son camp jusque dans les 22 adverses, conserve le lancer à suivre.

La seconde modification importante est dite « drop de renvoi sur la ligne de but ». Si le ballon est bloqué dans l’en-but, si un joueur attaquant commet un en-avant dans l’en-but ou si les défenseurs effectuent un touché en but dans leur propre en-but après un jeu au pied d’un attaquant, le jeu est repris par un drop de renvoi sur la ligne de but, n’importe où le long de la ligne de but, précise le règlement.

Enfin, World rugby a affiné les règles sur les phases de ruck et de plaquage, avec interdiction de se lier à trois joueurs avant de recevoir le ballon ce qui sera sanctionné d’une pénalité. Idem pour les joueurs qui « ciblent ou abaissent leur poids sur les membres inférieurs d’un gratteur.

Même sanction également pour un joueur lié à un partenaire au moment du plaquage et qui ne se confirme pas à son obligation de rester sur ses appuis ou de passer dans l’axe d’un ruck.

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