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Du rugby à la piste de cirque, Antoine Cassin a changé de vie pour suivre sa femme sur scène

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Du rugby à la piste de cirque, Antoine Cassin a changé de vie pour suivre sa femme sur scène

Sa hantise, en faisant ses premiers pas d’artiste de cirque sous le chapiteau du National-Palace, c’était « d’être en dessous des autres, je ne suis pas du métier… » lâche Antoine Cassin. À l’issue de la première représentation du spectacle Fantaisies, le 14 septembre 2019, c’est un challenge personnel qu’il a réussi : « Je ne voulais pas être pointé du doigt. Et puis, mes amis m’ont dit que j’avais assuré?! » confie ce Vierzonnais de 33 ans, connu dans sa ville en tant que rugbyman. La standing ovation qui a ponctué le numéro de main à main, un porté acrobatique présenté avec Yolande, son épouse, une prouesse de 7 minutes, a contribué à lui donner plus qu’une légitimité, une fierté : « C’était le public du cabaret, pas que des Vierzonnais?! »

De septembre à février 2020, le duo a donné une soixantaine de dates, au sein de cette troupe de 14 artistes. Le premier confinement a mis un coup d’arrêt brutal aux dîners-spectacles du National Palace, installé depuis 2007 rue du Cavalier, à Vierzon, dans une ancienne usine automobile Brouhot.

Le chapiteau devrait retrouver la chaleur du public et la magie du show, à compter du 28 janvier, première date programmée de la nouvelle saison qui perd sa période la plus faste, les fêtes de fin d’année, avec ouverture sept jours sur sept, et un réveillon de la saint Sylvestre réputé.

Fantaisies, créé pour trois années, est un spectacle rôdé. Les répétitions ne reprendront que quelques jours avant la réouverture. Mais depuis neuf mois, Antoine n’a cessé d’entretenir sa forme physique. « Je suis un sportif, je ne dois pas perdre mes acquis, j’en ai besoin. Je me suis fait un programme perso avec de la course, du VTT et de la musculation. »

« Je me suis dit qu’être sur scène, c’était comme jouer un match. Je me concentre sur ce que j’ai à faire.

Cet athlète taillé pour les terrains de rugby, découverts dès l’âge de six ans, qu’il a fréquentés comme deuxième ligne durant des années, notamment au sein du club Sports athlétiques vierzonnais, a dû trouver le point d’équilibre entre la performance physique déployée sur scène, dans le costume d’un gladiateur musclé portant sa partenaire aérienne, et la grâce, qui fait naître l’émotion.

Pour réussir cette alchimie, Antoine Cassin a fait appel aux mêmes ressorts que dans sa pratique sportive : « Je me suis dit qu’être sur scène, c’était comme jouer un match. Je me concentre sur ce que j’ai à faire, que je dois maîtriser, malgré le trac. La première fois, j’étais stressé. »

Un mental de sportif, une nouvelle hygiène de vie, pour perdre de la masse et sculpter un corps plus athlétique, le goût du challenge : Antoine cochait toutes les cases pour une nouvelle vie. La décision n’a pas été prise sur un coup de tête. Avec un peu de réticence au départ, il avait accepté un remplacement dans cette troupe dont fait partie son épouse, Yolande Ringenbach, née dans une famille de cirque installée à Vierzon depuis les années 30.

Il y a trois ans, la précédente revue, Passion, a dû faire face au départ d’un couple d’artistes, en cours de saison. « Je m’entends très bien avec ma belle famille, j’ai dit oui » raconte Antoine, avouant avoir été mal à l’aise dans ce premier rôle de danseur : « J’ai dû mettre mon ego de côté?! A cette époque, je venais de fermer mon commerce qui ne marchait plus très bien. Je suis resté deux ans au cabaret, cela a été une épreuve. Et mes deux années de formation. »

L’amour a été l’étincelle pour franchir le pas. Le couple a profité de cette période initiatique pour créer un nouveau numéro dans le spectacle alors en gestation, qui allait devenir Fantaisies. Yolande se souvient très bien de sa rencontre avec Antoine, il y a un peu plus de sept ans, alors qu’il venait de reprendre son magasin de vêtements : « Je croyais tomber sur le monsieur âgé qui tenait la boutique où j’avais l’habitude d’acheter mes jeans. Et quand j’ai vu Antoine, je me suis demandée mais c'est qui ce dieu grec ?  »

« Elle était ma première cliente?! Avant de connaître Yolande, je n’avais jamais mis les pieds au National Palace. Après, je suis allé la voir sur scène, j’ai été embarqué. » Le choix de travailler ensemble pour créer un numéro sur mesure n’a pas toujours été facile. « Parfois, on repartait chacun de notre côté, raconte Yolande. J’avais l’habitude de travailler seule. Je suis équilibriste, je cherche mes propres appuis. » À 32 ans, née dans ce monde du cirque où l’on apprend dès le plus jeune âge à fouler la piste, Yolande Ringenbach a dû, elle aussi, réinventer son métier : « Au début, en recherchant l’équilibre, on travaillait l’un contre l’autre. » Un peu plus lourde qu’une acrobate d’origine, elle a appris à se laisser porter par son partenaire.

J’avais l’habitude de travailler seule. Je suis équilibriste, je cherche mes propres appuis. »

Antoine, qui avait accepté de jouer dans les ballets dans cette perspective de créer un propre numéro, avec Yolande, a tenu bon : « Heureusement, avec le coach, Mathieu Allès, nous avons gagné du temps. Sans lui, nous aurions eu besoin de quatre années de travail?! Grâce à son regard professionnel, mes faiblesses sont devenues une force. »

Pas très souple, pas très gracieux, comme il se décrit lui-même, le choix de jouer un gladiateur s’est imposé. Et Antoine s’est parfaitement coulé dans le personnage. Le duo termine son numéro par une acrobatie très physique, rarement présentée, où le porteur repose à l’horizontale, sur le dos d’une chaise, à la force des mollets. Il y a environ deux ans et demi, c’est sur la scène, en fin de représentation, qu’Antoine a demandé Yolande en mariage. Un véritable cadeau pour celle qui avait fait « un pas de côté ».

Dans le monde du cirque, il est en effet peu habituel de vivre avec une personne venant d’un autre milieu. Encore plus rare que cette pièce rapportée, « valeur ajoutée » corrige Antoine, devienne artiste. Yolande est la fille de Bella Gruss, sœur d’Alexis Gruss, grand nom du cirque français. Disparue en 2012, elle avait épousé Albert Ringenbach, fils du fondateur du cirque des Alliés, Amédée Ringenbach. En 1940, il avait pris le nom de cirque National, pour ne pas trop déplaire à l’occupant allemand. Hors tournées, la famille prenait ses quartiers d’hiver à Vierzon, comme d’autres à l’époque. La situation géographique centrale de la ville, la proximité de Paris, l’existence d’une vaste place, aujourd’hui nommée place du cirque National-Amédée, ont donné une identité circassienne à Vierzon. Les Pauwels, qui avaient un projet d’école du cirque, ou encore le cirque Maximum, sont passés par là. Certains y ont acheté des maisons, pour y vivre.

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Le prestigieux cirque d’hiver Bouglione a acquis une usine désaffectée, pour y entreposer du matériel. Aujourd’hui, c’est la troisième génération, représentée par Eddie Ringenbach, le frère de Yolande, qui dirige le cabaret, en famille, avec Isabelle, leur sœur, mariée à Sascha Cort, de la famille suisse Nock. Le temps de l’itinérance est terminé pour les Ringenbach. Et les six petits-enfants d’Albert, décédé le 31 mars dernier, vont à l’école plus longtemps que leurs parents. « Ils ont envie d’apprendre le métier en nous regardant », expliquent Yolande et Antoine, parents d’un petit garçon de 5 ans, le plus jeune de la bande de cousins. « Comme moi, quand j’étais enfant » se souvient Yolande, en piste depuis l’âge de?12 ans. Le plus âgé, Sascha Cort junior, 17 ans, est jongleur dans la troupe. Il est impatient, comme Antoine, de remonter sur les planches et de retrouver l’amour du public. 

Un sportif toujours actif

Depuis sa reconversion, Antoine Cassin ne joue plus au rugby, après une trentaine d’années de pratique, notamment au club des Sports athlétiques vierzonnais, au sein duquel il a brillé en deuxième ligne. Pour maintenir sa forme physique, Antoine court et se lance de nouveaux défis, comme celui du semi-marathon de Vierzon, en février dernier. Il fait du VTT et entretient sa musculation. Il continue de supporter les joueurs de son ancien club, et était très fier d’accompagner son petit garçon de 5 ans à son premier entraînement de rugby, en septembre dernier.

 

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