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Lettre ouverte à un vieil ami alors que s'ouvre une nouvelle saison de TOP 14

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Lettre ouverte à un vieil ami alors que s'ouvre une nouvelle saison de TOP 14.

Cher Rugby,

Nous devons nous y faire. Comme tu le sais, je suis un garçon respectueux. C'es pourquoi je tenais à te prévenir personnellement: ce week-end, pour la première fois en 20 ans, je ne foulerai pas une pelouse en ta compagnie. Je ne suis pas nostalgique. On ne peut pas dire que la préparation d'avant saison m'ait beaucoup manqué. J'en ai fait une autre. Moins studieuse par certains aspects (voilier entre amis à Ibiza, séjours répétés sur la Côte Basque) et plus laborieuse (pas si simple cette saison du citron).

Alors que tu vas repartir pour 9 mois et demi de compétition, il me revient quelques souvenirs que j'aimerais partager avec toi en témoignage de notre parcours, nos années passées côte à côte.

Les premières troisième mi-temps, les voyages en bus, quelques bagarres générales m'ont attaché à toi au fil des aventures.

Aujourd'hui que je ne suis plus ton compagnon, je peux te faire une confidence. Certes je m'amusais bien grâce à toi à mes tous débuts. Mais, c'est plutôt la compagnie des copains du SAT (le club de rugby de Trélissac en Dordogne) que je recherchais. Pas question de Fédérale 1 à cette époque. Moi ce que je cherchais, c'était de faire partie d'un groupe et d'y trouver ma place. Ça c'était plus fort que tout pour le gamin arrivé depuis peu d'Abidjan.

En cela, mon très cher Rugby, tu m'as énormément aidé. Malgré mon caractère introverti (si,si tout le monde le dit), j'ai pu trouver ma place, et même une certaine place à part. Plus que tout, je retiens cette leçon de vie. Tu m'as appris la force du groupe et l'importance du rôle de chacun pour l'intérêt commun.

Tu te rappelles notre premier grand voyage? Hong Kong!! Qui l'eut cru? Pas moi en tout cas. Dans ma chambre du boulevard Lakanal à Perigueux, je n'aurais jamais osé rêver de mettre un jour les pieds en Asie. Cela en a même ému Maman aux larmes.

Parfois, j'aime à me souvenir de mon premier maillot bleu chez les seniors. Puisque nous en sommes aux confidences, je souris encore à cette manie que j'avais de caresser le coq brodé pendant le trajet jusqu'au stade.

Il n'y a pas à dire, tu m'as gâté avec ces épopées couronnées de titres, même si toi et moi savons à quel point les choses ne furent pas aussi faciles. Les blessures, les doutes et remises en questions qui ont rythmé notre quotidien pendant toutes ces années, font partie des secrets qui nous lient.

Alors, oui à partir d'aujourd'hui, je te regarderai, je suivrai d'un peu plus loin. Et comme se le doivent les vieux amis, je vais te donner un conseil avant mon départ. S'il te plaît, reste humble! Je sais qu'il n'est pas facile de résister aux sirènes du succès, à la médiatisation, à l'argent. Tu auras ce que tu mérites en temps et en heure, alors grandi, évolue à ton rythme et sans te perdre. À ce propos je dois te dire qu'il me semble que tu as un peu changé, ces derniers temps. Je te trouve un peu plus violent, beaucoup moins bienveillant qu'à notre rencontre.

Peut être que tu es un peu bouleversé par ta croissance fulgurante. Essaye de garder la tête froide et rappelle toi ce que tu représentes pour l'ensemble d'entre nous.

Certains appellent ce moment "la petite mort". C'est un peu définitif, tu ne trouves pas? Il est vrai, que les bruits de crampons claquants dans les couloirs, l'odeur du camphre, les accolades d'avant-match avec les copains, l'énergie d'un stade plein, me manquent déjà. Peu de personnes connaîtront un jour les émotions que nous avons vécus ensemble et je n'y aurai probablement plus accès moi-même.

Pour les "anciens", le retour a une vie plus "normale" est violente, déroutante. Le regard des autres et le sien sur soi se transforme finalement très vite. Le statut change mais aussi le corps meurtri reste. Les petites vieilleries synonymes de toutes nos anciennes campagnes se rappellent à mon bon souvenir.

Vois-tu mon cher Rugby, il m'a fallu me renouveler et me fabriquer de nouveaux repères.

Beaucoup d'entre nous ne sont pas armés pour cette évolution ou ont fait simplement le choix d'ignorer cette fin inéluctable, préférant savourer sans conditions l'ivresse que tu nous as procuré pendant toutes ces années.

Mais, n'y a t-il pas tellement d'autres choses à découvrir dans la vie?

Moi, tu vois, je préfère y voir une opportunité de valoriser tout ce que j'ai appris au contact du monde pour le valoriser dans ma nouvelle vie. Les challenges ne sont pas les mêmes, mais ma personnalité demeure identique. Tu sais ce goût du travail, celui aussi de maîtriser autant que faire se peut. Celui d'apprendre sans cesse, de convaincre aussi, d'entrainer enfin.

J'ai donc choisi de me réinventer sur les bases qui sont les miennes. Je choisis aussi de redonner, par exemple la priorité à mes proches, moi qui à mon corps défendant ait pu me montrer égoïste, centré que j'étais sur la carrière et mes performances.

Je sais que tu es conscient du problème et que tu essayes d'aider mais permets moi d'être à mon tour intransigeant avec toi et te dire que tu es encore loin du compte, mon ami. Peut être que lorsque tu auras enfin trouvé ta place dans ton nouvel environnement, tes actions seront plus efficaces.

Les copains et moi seront là pour t'y aider car sois rassuré, je ne serai jamais bien loin. Depuis mon canapé, à travers un article de journal, je te suivrai d'un oeil attentif.

Et mon petit doigt me dit même que nos chemins vont se recroiser prochainement.

C'est le moment de te dire "à bientôt" et surtout merci pour ce que tu m'as apporté. J'espère que tu continueras à enseigner à d'autres le sens des mots convivialité, camaraderie et sacrifice.

Affectueusement,

Titi

PS : De mon côté, cette année est une transition. Comme tu le sais je me suis lancé dans les affaires depuis un certain temps. Maintenant, c'est mon boulot. J'apprend tous les jours. En ce moment par exemple, je suis en pleine campagne de citron et crois moi, c'est bien plus dur qu'il n'y paraît.

Sinon, je continue à développer Allmysms avec les copains niçois. Quelle belle aventure celle-ci, aussi!

J'avais une crainte, celle que les journées soient trop longues et que j'ai du mal à les remplir. Tu vois, mon cher Rugby, de ce point de vue au moins, je suis occupé.

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