Nouvelles

A Brive, le karaté comme remède aux violences sexuelles

0 103
A Brive, le karaté comme remède aux violences sexuelles

C’est au coeur de l’Afrique des grands lacs qu’il faut aller chercher ce qui lie Claude Rosenthal, médecin briviste président d’honneur de Gynécologie sans frontières et la triple championne du monde de karaté Laurence Fischer. Plus précisément dans une rue du Kivu, en République démocratique du Congo.

À Bukavu, d’un côté, il y a la clinique du Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la paix, qui répare le corps des femmes violées, un crime devenu une sinistre tactique de guerre en RDC. De l’autre, il y a l’institut Panzi, où il répare leur esprit et leur statut social. Claude Rosenthal a officié à la clinique, réalisant de la chirurgie réparatrice. Juste en face, au sein de l’institut, Laurence Fischer a enseigné le karaté.

Du Congo à Brive-la-Gaillarde

Dés le mois de mars 2021, à Brive, la nouvelle Maison de Soie, initiée par Claude Rosenthal, va proposer aux femmes victimes de violences des ateliers de karaté selon la méthode Fight for dignity développée par Laurence Fischer. Ce qui fera de Brive la seule ville en France à disposer de cet outil avec Saint-Denis (93), en région parisienne, et son inspirante Maison des femmes où l’idée a pris racine.

Le principe fondateur de ces deux « Maisons » : assurer une prise en charge globale des femmes victimes de violences, de l’aide juridique immédiate au suivi post-traumatique. « Habituellement, elles doivent aller au commissariat, chez le juge, le médecin, trouver une association qui va la mettre à l’abri », énumère Marie Scotet, l’une des coordinatrices de la Maison de Soie. « Ici, c’est un endroit où elle est protégée et écoutée. On lui amène tout le monde. » Et même une prof de karaté. Mais pas n’importe laquelle.

"Elle m’a mis une raclée en coupe du monde !"

À Brive, ce sera Tanya Martinot. Cette Briviste a démarré son apprentissage de la méthode Fight for dignity avec Laurence Fischer. Vendredi, après des échanges à distance, les deux karatékas se sont enfin rencontrées pour faire le point. Ou plutôt, elles se sont retrouvées. « En 1992 ou 1993, elle m’a mis une raclée en coupe du monde », s’amuse Tanya Martinot, qui poussait alors dans l’équipe du Luxembourg. « Je me souviens m’être dit : “pourvu que je ne tombe pas sur elle”. Et évidemment c’est ce qui s’est passé. J’ai perdu, j’avais l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. »

Pas des ateliers pour apprendre à se défendre

« Raclée » ou pas, le karaté, rappelle Laurence Fischer, est surtout une affaire d’introspection, de maîtrise de soi dans le respect de l’autre. Et ces ateliers à destination des femmes victimes de violence ne visent pas à leur permettre de se défendre. Avec Fight for dignity, il s’agit de s’exprimer, de prendre confiance, de se réparer.

« On a une image agressive du karaté. Mais là, on part sur des techniques de base. On n’est pas dans un club. C’est adapté et accessible. On veut répondre aux besoins spécifiques des dames, dans un cadre thérapeutique. Elles vont se décharger de leurs émotions négatives et se remplir d’émotions positives. »

Du karaté "thérapeutique"

L’idée est de « mettre le corps au centre du processus de résilience des femmes victimes de violences ». « Les femmes victimes de violences perdent les sens. Il y a une dissociation, explique la psychothérapeute de la Maison de Soie, Sophie Aimard. C’est comme une anesthésie générale. La relaxation, l’activité physique, cela permet de se reconnecter. Or, plus on a d’outils, plus on a de chances... Laurence Fischer et l'équipe de la Maison de Soie, à Brive. Photo Frédéric Lherpinière

 À Brive, six femmes déjà devraient se familiariser avec ce karaté thérapeutique, si l’on peut dire, lors de séances collectives où le karaté laisse de la place au jeu, à la détente, à l’échange... Et ce, dès le mois de mars.

Sous le regard de la science

Triple championne du monde, la voix ferme et le regard perçant, Laurence Fischer n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Sa méthode est évolutive, notamment grâce à l’apport de chercheurs de l’université de Strasbourg, qui mènent une étude de mesure d’impact.

La méthode Fight for dignity a été développé avec l’aide de chercheurs, de médecins, de pychologues et de gynécologues. « J’avais besoin de l'expérience de Claude Rosenthal sur la spécificité du traumatisme, précise Laurence Fischer. Toute la base du travail corporel, c’est la zone du bassin et du périnée. C’est un lieu de souffrance pour les femmes violées. Le but c’est d’essayer de se le réapproprier. » Comme il n’y a pas de hasard, en karaté, le bassin est considéré comme le siège de l’énergie...

Aller jusqu'à la réinsertion professionnelle

Coup de maître, le projet est élaboré jusque dans ses moindres détails : un partenariat avec Décathlon permet d’équiper la Maison de Soie, notamment de kimonos et de cibles. Et ce n’est pas tout. « L’objectif, c’est d’avoir un salarié du Décathlon local qui ait envie de s’investir dans le projet. Car, dans ce cas-là, le partenariat va jusqu’à proposer aux femmes un emploi en réinsertion », explique Laurence Fischer.

Pomme Labrousse

Загрузка...

Comments

Комментарии для сайта Cackle
Загрузка...

More news:

Read on Sportsweek.org:

Shotokan ryu karaté do
Shotokan ryu karaté do
La Montagne
Shotokan ryu karaté do

Autres sports

Sponsored