Le judo pour tous, la solution pour pratiquer un sport adapté à Tulle
Lundi 16 septembre, 17 h 30. Dans le grand dojo Roger Lager, une petite dizaine d’adolescents se déchaussent et montent sur le tatami avec le sourire.
Tous les lundis depuis 2017, l’École tulliste de judo organise son « judo pour tous », cours adapté aux jeunes venant d’Instituts médico-éducatifs (IME) – établissement qui accueille des enfants et adolescents atteints de handicap mental.
Des jeunes de l'IME de Sainte-FortunadeCharlotte, Tom ou encore Marcus arrivent tout droit de l’IME de Sainte-Fortunade. Ces jeunes présentent des déficiences intellectuelles ou bien des troubles du comportement. Serge Scinocca encadre la séance. « Moi-même atteint de diabète depuis plus de 40 ans, je me sens particulièrement sensible au handicap, confie le professeur. Une fois, un enfant atteint de trisomie 21 a accompagné son frère valide à un cours de judo. Lui aussi voulait essayer. Alors on m’a demandé si je voulais m’occuper de lui. »
De cette façon, la section de sport adapté voit le jour. Pour le plus grand plaisir de Serge. « C’est génial pour les jeunes en situation de handicap, se réjouit-il. Pour eux, c’est le seul moyen de pratiquer le judo dans le secteur. »
Être discipliné pour continuer le judo pour tousL’activité semble fortement séduire les jeunes de l’IME. En ce lundi de mi-septembre, synonyme de deuxième cours de la saison, les neuf garçons et les deux filles se montrent plutôt agités. Avant même le début de la séance, quelques-uns entreprennent d’ores et déjà des roulades sur le tatami. D’autres se dispersent et jouent entre eux.
Mais quand Serge annonce le début du cours, tout le monde se calme. « Pour continuer de venir au judo le lundi, ils ont conscience qu’ils doivent être sages, informe Serge. Il arrive parfois que certains soient privés de séance à cause de leur comportement. Dans ce cas-là, c’est le drame pour eux ! »
Des objectifs d'apprentissage différentsLes cours de judo pour tous s’avèrent assez différents des séances pour les personnes valides. Les objectifs du judo adapté : travailler la coordination des membres, la motricité ou encore apprendre le respect d’autrui.
Les méthodes d’apprentissage changent également. « La progression des élèves est beaucoup plus lente, assure le professeur de judo pour tous. Il faut décomposer les mouvements et davantage les répéter. Pour que les jeunes comprennent, il faut adapter son vocabulaire ou se faire comprendre avec des gestes. »
Apprendre le judo avec des jeuxLors de la séance du jour, le dojo a l’allure d’un grand terrain de jeu. Sous l’œil de leur professeur, les adolescents de l’IME courent, rampent, tombent doucement sur le sol et jouent au loup. « Aujourd’hui, on travaille la chute avant et le déplacement dans l’espace. Le loup, c’est le petit défouloir après beaucoup de concentration », glisse Serge Scinocca en souriant.
Pour encadrer des jeunes en situation de handicap mental, il faut parfois faire preuve de patience… mais pas que. « En tant que professeur, il faut tout le temps se remettre en question et s’adapter, atteste le judoka. Si les élèves ne sont pas réceptifs à un exercice, je le change pour les fois suivantes. Ce qui marche bien une année ne fonctionne pas nécessairement l’année suivante. »L’objectif pour la saison à venir : réaliser quelques séances d’inclusion le mardi dans les cours des élèves valides.
Samuel Purdy