Anciens – Javier Pastore suit une formation pour devenir directeur sportif
Ancien joueur du PSG, Javier Pastore a décidé de suivre une formation pour devenir directeur sportif. Et l’Argentin peut compter sur l’aide du PSG et son président.
Après une fin de carrière minée par les blessures à la hanche, Javier Pastore a décidé de raccrocher les crampons en 2023. Désormais, l’ancien du PSG consacre son temps à suivre une formation pour devenir directeur sportif. Dans une interview accordée à L’Equipe, l’Argentin explique sa vision du football et l’aide du PSG dans son nouveau projet. Extraits choisis.
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Son choix de suivre une formation en management plutôt que d’entraîneur
« Il y a d’abord l’envie de faire partager mon expérience, la mettre au service des jeunes qui arrivent. C’est aussi une question de temps. Je n’avais pas envie de me reconvertir comme entraîneur parce que je n’ai plus envie d’être toute la journée dans un centre d’entraînement. Et puis, j’aime le management. Je suis d’une nature ouverte, à parler avec tout le monde. Le diplôme de la FIFA et les cours qu’il dispense vont me permettre de comprendre dans quel rôle je peux être le plus efficace. Là je vois le fonctionnement d’un club de l’intérieur. Quand un directeur sportif te dit que, demain, tu vas partir à 7 heures, qu’il t’annonce le programme, toi, joueur, tu trouves toujours à redire : ‘Pourquoi 7 heures et pas trente minutes après, etc.’ Mais la personne qui travaille pour le club réfléchit à tout. Elle met en place la meilleure organisation possible. »
Son regard sur le rôle de Leonardo au PSG
« Il m’a impressionné parce qu’il faisait tout à Paris à son arrivée (en 2011). Il décidait qui devait parler à la presse, l’horaire des séances, des voyages, etc. Il parle six ou sept langues. Il rentrait dans le vestiaire et discutait avec n’importe qui, facile. J’ai compris alors que les langues étaient importantes. Pourtant, à mon arrivée en France, en 2011, je m’étais dit que je n’apprendrais pas le français, que c’était trop difficile. Mais voir Leo m’a fait changer d’avis. »
Sa relation avec Olivier Létang, autre ancien directeur sportif du PSG
« On a une belle relation, on s’appelle souvent. Il était très proche des joueurs à Paris et je pense que c’est un aspect également de plus en plus important pour le rôle de directeur sportif, parce que les joueurs sont toujours plus difficiles à gérer. »
Ce qui lui plaît ou déplaît dans l’évolution du football moderne
« C’est difficile de répondre parce que cela suppose qu’on se compare toujours : ‘Nous, avant, on faisait ça, on ne faisait pas ça, etc.’ La vie change tout le temps. Il y a cependant une chose que je regrette dans le sport : c’est que trop jeune, l’argent t’éloigne de la passion pour le football. Si un garçon de 18, 19 ans gagne 10 M€ par an, comment peut-il mettre la passion au premier plan ? Quand tu gagnes autant, il y a forcément des personnes qui se rapprochent de toi. On te parle d’investissements, de dix mille choses, mais on ne te parle plus de football. Moi, j’ai joué toute ma vie pour le foot. Les investissements, tout le reste, c’est après. Alors certains arrivent à garder la passion. Cristiano Ronaldo,(Lionel) Messi, ils gagnent énormément d’argent mais demeurent passionnés, consacrés au foot à 100 %. »
Comment remédier à cela ?
« Cela passe par la formation. Il faut redonner goût au football. Aujourd’hui, on pense avant tout à créer un style de joueur pour le vendre ensuite. On ne pense plus assez à quelle qualité telle ou telle personne a pour devenir un joueur de foot différent. J’ai eu la chance d’avoir des entraîneurs, plus jeune, qui m’ont pris comme j’étais. Personne ne m’a dit : ‘Tu es trop maigre. Tu ne vas pas jouer comme ça. Fais de la muscu sinon…’ Quand je suis arrivé en Première Division, j’ai pu exprimer mes propres qualités. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que c’est différent. On prépare des athlètes trop jeunes pour les faire jouer au foot. Je le vois avec mon fils qui a 7 ans et joue dans un club de quartier. J’entends parfois des entraîneurs dire aux enfants comment faire une passe, comme s’il n’y avait qu’une seule manière. Mon fils aime faire des passes de l’extérieur. S’il veut la faire de l’extérieur, pourquoi lui dire non ? Il faut donner aux jeunes le droit de se tromper. Tu ne peux pas apprendre si tu ne fais pas d’erreur. Si tu dis tout le temps de jouer à une ou deux touches, que fait un joueur dans une situation d’un contre deux ou trois, dans un petit espace ? Il jette la balle ? Parce que les jeunes ne savent plus assez dribbler. Je n’aime pas parler du passé, mais si on voulait faire jouer le PSG des années 2014-2015 dans le foot d’aujourd’hui, ce serait difficile. »
« Pourquoi ? On improvisait tout le temps. On n’avait pas de manière de jouer. Ce n’était pas : une, deux touches, on décale sur les côtés et on attaque. Non ! Nous, on n’avait pas de positions fixées. On avait la gestion de Laurent Blanc, de Carlo Ancelotti, qui nous demandaient de défendre d’une certaine manière, oui, qui nous soulignaient les points faibles de nos adversaires, aussi. Mais après, ils nous laissaient une liberté de faire qu’on trouve difficilement aujourd’hui. On voit des équipes comme celles de (Pep) Guardiola, de (Mikel) Arteta, de Luis Enrique, qui l’ont encore, mais tout est quand même très précis. (Il sourit.) C’est l’ère du GPS. J’aimais bien le GPS quand il était bien utilisé. Quand c’est un outil utilisé pour prévenir les blessures, c’est top. Si c’est pour voir si le joueur cumule cent passes, bien faites ou mal faites, c’est moins bien. L’interprétation des passes, autre sujet. Comment détermines-tu si elles sont bonnes ou pas ? Si j’essaye dix passes difficiles, en manque sept, que j’en réussis trois et amène deux buts, mon jeu est exceptionnel. Enfin, à mes yeux. Mais jouer au foot pour ne faire que des passes sur les côtés ou derrière et avoir 100 % de passes réussies, très peu pour moi. »
Nasser al-Khelaïfi sait-il qu’il suit une formation
« Oui. Et il me permet de parler avec les personnes qui travaillent pour lui. J’ai eu la chance de faire beaucoup de choses pour le PSG, comme ambassadeur du club. C’est un espace important. Quand je côtoie le marketing et les sponsors, j’apprends. Nasser m’invite souvent à l’ECA (l’Association européenne des clubs),aussi pour parler avec les autres présidents, les directeurs sportifs. Au PSG, Yohan Cabaye, le directeur sportif du centre de formation, m’a invité pour observer le fonctionnement, voir les féminines, se rendre dans les bureaux, faire un tour complet. J’irai. J’ai parlé également avec Luis Enrique (il sourit). Je lui ai dit : ‘Laisse-moi voir les entraînements, je me mets là, sur le côté.’ C’est difficile d’entrer à Paris. à notre époque, ça l’était déjà. Même mon frère, qui avait fait 14.000 kilomètres pour me voir, j’avais du mal à le faire entrer. Je demandais à Nasser : ‘S’il vous plaît, vous pouvez le laisser regarder l’entraînement.' »
Se verrait-il exercer ailleurs en Ligue 1 qu’au PSG ?
« Pourquoi pas ? Je suis ouvert à tout. J’ai eu des offres. Tout le monde me dit que j’apprendrai beaucoup plus en étant en fonction que de n’importe quelle formation. Peut-être. Mais laissez-moi faire les formations que je peux. Comme ça, j’aurais beaucoup plus d’armes. Je vois tellement de clubs, aujourd’hui, qui placent d’anciens joueurs à des postes après leur carrière. Mais si ça ne marche pas bien, on coupe les têtes. Et une fois la tête coupée, on dit qu’il n’était pas bon, pas travailleur, etc. Je veux travailler quand je me sentirai prêt. Pour le moment, je consomme beaucoup de foot. Comme je voyage pas mal avec la formation, je me rends dans les académies aussi. J’aime le sport. Je vois le plaisir que prend mon fils aussi quand il joue, son sourire, ses émotions. J’ai un projet de centre omnisports en Argentine pour former les jeunes, à Cordoba, ma ville, avec la création d’un musée en parallèle. »