John Textor, le cowboy américain qui ne comprenait rien au football
Terrible désillusion pour l’Olympique lyonnais, qualifié pour la Ligue Europa dans les dernières minutes du championnat, mais relégué en Ligue 2 suite à la décision de la DNCG. Derrière cette descente aux enfers, c’est toute la logique des multipropriétés de John Textor dans le football qui est critiquée
23 février 2025. À l’occasion de la venue du Paris-Saint-Germain dans l’antre de l’Olympique lyonnais, John Textor apparaissait un chapeau de cowboy sur la tête, qu’il retira au moment de saluer les deux virages du Groupama Stadium. La facétie était en réalité une pique adressée au propriétaire du PSG qui l’avait renvoyé à ses origines américaines peu de temps auparavant. Ce jour-là, les fans de l’OL ont probablement pensé qu’il valait mieux avoir à la tête de leur club un magnat américain qu’un homme d’affaires qatari.
C’est pas de la bombe, bébé
Quelques mois plus tard, ils déchantent. Tandis que les Parisiens ont remporté la Ligue des champions, l’Olympique lyonnais vient d’être relégué en Ligue 2 par la Direction nationale de contrôle et de gestion (DNCG), gendarme du football français dont le sigle fait penser à une officine du renseignement. Faute de garantie financière, l’OL est donc rétrogradé et son propriétaire pris pour cible : les Bad Gones, principal groupe de supporters du club, animant le Virage nord du stade, n’ont pas manqué d’afficher des calicots hostiles sur les ponts de la capitale des Gaules. La guerre est déclarée : heureusement, Textor ne possède pas dans son arsenal de bombe GBU-571 pour anéantir les BG872.
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Évidemment, c’est tout un système et même une vision du football qui sont une nouvelle fois interrogés. Lyon, autrefois entre les mains sûres de Jean-Michel Aulas, appartient désormais à une de ces galaxies de clubs détenus par le même propriétaire. Ces multipropriétés sont un des cancers du football moderne, car chaque entité n’est qu’une variable d’ajustement d’un projet global, faisant fi des particularités locales et des histoires propres à chaque blason. Ailleurs dans la noria textorienne, la colère gronde d’ailleurs aussi.
Molenbeek, Londres…
Dimanche dernier, plusieurs centaines de sympathisants du RWDM, club populaire bruxellois, effectuaient une marche pour dénoncer le changement de nom de leur club. Pour le mi-clown, mi-tycoon américain, le M du sigle, qui renvoie à Molenbeek où évolue le club, n’est pas vendeur en raison de la sulfureuse réputation de la commune. Pourtant, les supporters du RWDM sont majoritairement issus de la classe populaire blanche, parfois émigrée ailleurs dans la Région bruxelloise ou dans les Brabant flamand et wallon ; leurs ultras penchent quant à eux clairement à droite. Rien à voir avec des islamistes donc.
Dans la galaxie Textor, Crystal Palace est à peine mieux loti. Le club de la capitale londonienne, situé dans le quartier qui avait accueilli l’exposition universelle de 1851, végète dans le ventre mou de la Premier League, loin du prestige des clubs de Manchester, de Liverpool ou de Chelsea. Si le club a remporté la dernière Coupe d’Angleterre, il n’est pas certain qu’il puisse participer à la prochaine Coupe d’Europe en raison justement de la double casquette de son actionnaire principal. Pour se prémunir d’un nouvel affront, il vient de revendre ses parts dans le club londonien à… un autre Américain fortuné.
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Dans leur malheur, les supporters lyonnais verront peut-être un espoir et un réconfort : un appel à la décision de relégation est possible et, si celui-ci devait ne pas aboutir, ils auront la possibilité de vivre un derby face à l’ennemi stéphanois la saison prochaine. Une rivalité dont John Textor ne comprend sans doute pas la portée…
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