« Pas un mot de félicitations » : Regragui règle ses comptes avant la CAN
C’est une confidence qui risque de faire parler. Dans un entretien accordé au journal espagnol AS, Walid Regragui s’est livré à cœur ouvert. Et parmi ses propos, une phrase claque comme un avertissement : « On ne m’a pas félicité pour le Mondial. » Derrière cette sortie, le sélectionneur des Lions de l’Atlas exprime une forme de lassitude, voire d’incompréhension. Malgré un parcours historique jusqu’en demi-finale de la Coupe du Monde 2022, jamais atteint par une nation africaine, Regragui a le sentiment que son exploit n’a pas été pleinement reconnu. Ni par son public. Ni par ses instances.
Le sélectionneur ne se plaint pas de la pression. Au contraire, il l’embrasse. « Les Marocains veulent tout gagner, et j’aime ça », assure-t-il. Mais il regrette que l’exploit du Qatar soit déjà considéré comme un acquis. « Si on perd tôt à la CAN, on dira que le Mondial était un accident. » Un constat dur, mais lucide. Regragui sait que son pays a changé de statut. Et qu’avec ce nouveau costume viennent des attentes bien plus élevées.
Désormais, tous les regards sont tournés vers la Coupe d’Afrique des Nations. Pour Regragui, ce sera le véritable test. Il veut une équipe professionnelle à tous les niveaux, structurée, disciplinée, prête à rivaliser avec les meilleures sélections du continent. Fini le folklore, place à l’efficacité. « Avant, on venait en sélection pour rigoler. Aujourd’hui, tout est organisé comme en Europe. »
Regragui : entre rancune mondiale et mission continentale
Regragui évoque également le cas Brahim Diaz, un joueur dont l’engagement envers le Maroc représente à ses yeux bien plus qu’un simple renfort sportif. « Il aurait pu choisir l’Espagne, il joue au Real Madrid, il avait toutes les raisons de dire non. Mais il a dit oui au Maroc. » Un choix fort, presque militant, qui illustre les nouvelles valeurs que souhaite incarner la sélection : attachement, fierté, transmission. Regragui insiste sur la notion d’appartenance. Il ne veut pas de joueurs opportunistes, mais des hommes pleinement investis dans le projet collectif. C’est aussi pour cela qu’il prend le temps de rencontrer les familles, d’expliquer, de convaincre.
En filigrane de cet entretien, on sent une frustration sourde. Regragui ne crie pas son ressentiment, mais il le dit avec justesse : il aurait aimé un mot, un geste, une reconnaissance pour ce que son équipe a accompli au Qatar. Pas pour flatter son ego, mais pour renforcer une dynamique. L’homme reste concentré sur ses objectifs, mais le message est passé. Il veut du sérieux, de l’ambition, et surtout du respect. Pour ses joueurs, pour son staff, pour lui. La CAN approche. Et si le Maroc triomphe, il ne faudra pas, cette fois, oublier de le saluer.