Paul Verhaeghe, le challenge comme ligne de vie
De ses racines dans un petit village flamand à son rôle auprès d'équipes sportives de haut niveau, Paul Verhaeghe partage ses expériences, ses rêves, et les défis qu'il a rencontrés. C'est un témoignage sincère d'un homme animé par l'esprit de compétition et le désir constant de se dépasser, tant sur le plan professionnel que personnel. Focus sur le second médecin de l’USL Dunkerque.
D’où viens-tu Paul ?
Paul Verhaeghe : « J’ai grandi dans un petit village de la campagne flamande, bercé par la tranquillité et les valeurs simples. Un cadre idyllique qui contraste avec l'effervescence du monde sportif que j'ai rejoint plus tard. Après mes études à Lille, l'appel de mes racines s'est fait sentir, et c'est à Dunkerque que j'ai choisi de m'installer, un juste milieu entre la nature et l'activité urbaine. Les grandes villes n'étaient pas pour moi, j'avais besoin de retrouver ce lien avec la terre, cet espace où je pouvais me ressourcer. Ce choix de vie a façonné mon parcours professionnel, me guidant vers une médecine proche du terrain, à l'écoute des besoins des sportifs et de leur environnement. Le désert médical dans les zones rurales est une problématique qui me touche, car j'ai conscience de la difficulté d'accès aux soins pour les populations éloignées des centres urbains. Cependant, je ne me vois pas exercer la médecine générale à la campagne, car ma passion se trouve dans la médecine du sport. Cette spécialité me permet d'allier mon intérêt pour l’ostéo-articulaire avec son diagnostic, son examen clinique, et sa rééducation qui en découle tout en restant connecté à ma propre pratique sportive. C'est un équilibre que j'ai trouvé, et qui me permet de m'épanouir pleinement dans mon métier. »
Comment es-tu devenu médecin du sport ?
P.V. : « Ironiquement, je suis arrivé à la médecine du sport après avoir envisagé une carrière en chirurgie. J'ai toujours été passionné par le sport, et particulièrement par tout ce qui touche à l'ostéoarticulaire. Au début, je voulais devenir chirurgien orthopédique, mais les stages m'ont fait comprendre que le rythme de vie et l'environnement de la chirurgie ne correspondaient pas à mes aspirations. J'ai alors cherché une autre voie, une spécialité qui me permettrait de mettre mes compétences au service des sportifs, tout en préservant mon équilibre personnel. La rééducation m'attirait, mais un stage dans ce domaine ne m'a pas convaincu. C'est en réfléchissant à mes centres d'intérêt que j'ai réalisé que la médecine du sport était la réponse. Elle englobait tout ce que j'aimais: le diagnostic, la rééducation, et l'opportunité de travailler dans des milieux sportifs variés. Petit à petit, mon projet s'est affiné, et je me suis donné les moyens de le concrétiser en intégrant des clubs de foot et d'autres sports qui me passionnaient. C'est un choix que je ne regrette pas, car il me permet de vivre pleinement ma passion tout en aidant les autres à atteindre leurs objectifs. »
Quel est ton parcours avant d’arriver à l’USL Dunkerque ?
P.V. : « À la sortie de mes études, j'ai eu la chance d'intégrer directement le centre de formation du LOSC, grâce à des médecins qui m'ont pris sous leur aile et guidé dans mes choix de formation. En parallèle, j'ai également rejoint une équipe de cyclisme professionnel, ce qui m'a permis de découvrir deux mondes sportifs très différents. Le football est axé sur la traumatologie, avec son lot de blessures, d'entorses et de lésions musculaires. Le cyclisme, quant à lui, est davantage centré sur le suivi physiologique et nutritionnel, avec une dimension de traumatologie plus importante en cas de chute. Cette expérience dans le cyclisme a été particulièrement enrichissante, car je suis moi-même cycliste. J'ai eu l'opportunité de me déplacer sur des courses un peu partout en Europe et dans le monde, ce qui m'a permis de voir de près des événements que je ne faisais que regarder à la télévision auparavant. C'est un véritable plaisir de pouvoir combiner ma passion pour le sport avec mon travail, et de contribuer à la performance des athlètes dans des disciplines aussi variées que le football et le cyclisme. »
Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
P.V. : « En seulement deux ans et demi de carrière, j'ai déjà vécu des moments incroyables, tant dans le cyclisme que dans le football. Dans le cyclisme, j'ai eu la chance de participer à des courses mythiques comme Milan-Sanremo, et de vivre de grands tours comme le Tour d'Espagne en 2023, où nous avons remporté une victoire d'étape. L'émotion de partager cette victoire avec l'équipe était indescriptible. L'année dernière, j'ai également réalisé un rêve en participant au Tour de France, la plus grande course du monde. C'était une expérience unique de se retrouver au cœur de cet événement, et de côtoyer des champions. J’ai aussi l’honneur de travailler pendant une saison avec Peter Sagan, triple champion du monde de cyclisme. Dans le football, mes débuts ont été marquants, avec un premier match sur un derby entre les réserves de Lille et Lens. Dès les premières minutes, j'ai dû intervenir pour une luxation d'épaule, ce qui m'a plongé directement dans le bain. J'ai également vécu de beaux moments à Luchin, où je me suis occupé de toutes les équipes hormis les pros. J'ai notamment assisté à la montée en première division des féminines, ce qui m'a permis de vivre la D1 Arkema l'année suivante. Travailler avec des championnes comme Amandine Henry a été un privilège, et suivre l'évolution des jeunes talents comme Ayyoub Bouaddi est une source de satisfaction. Ces expériences m'ont permis de grandir en tant que médecin, et de développer une approche humaine et personnalisée auprès des sportifs. »
Comment te fixes-tu de nouveaux objectifs après avoir réalisé tes rêves en seulement deux ans de carrière ?
P.V. : « Après avoir réalisé mon rêve de participer au Tour de France, je me suis fixé de nouveaux objectifs pour continuer à avancer. Dans le football, j'ai quitté le LOSC pour des raisons personnelles, et j'ai saisi l'opportunité de rejoindre une équipe professionnelle qui promet de nombreux nouveaux challenges. Dans le cyclisme, je souhaite participer à toutes les courses que j'ai toujours rêvé de faire, et cocher tous les monuments et les grands tours. Cette année, je vais notamment participer à Paris-Roubaix, ma deuxième course de cœur après le Tour de France. Je suis toujours à la recherche de nouveaux défis, et je ne me ferme aucune porte. L'athlétisme pourrait m'intéresser, car je pratique la course à pied régulièrement. Je suis ouvert aux propositions qui sont cohérentes avec mon projet et mon implication, car je ne conçois pas de travailler sans m'investir à fond. Cette quête constante d'objectifs est ce qui me motive à me dépasser et à ne pas me complaire dans la routine. C'est ma façon de penser, de toujours vouloir aller plus loin et de réussir toujours plus. Sans objectifs, je pense que je resterais dans mon canapé. »
Es-tu un éternel insatisfait ?
P.V. : «Je suis un éternel insatisfait, même si j'arrive à prendre du recul sur certaines choses. Sur d'autres, je suis toujours insatisfait de ce qui est fait, et je veux toujours faire plus. Je pense que cela vient de l'éducation que j'ai reçue et de l'esprit compétiteur que j'ai depuis que je suis petit. Dans ma famille, on a toujours voulu bien faire les choses, toujours être à fond. C'est cette transmission que j'ai eue qui me pousse à me dépasser. Mes parents n'étaient pas sportifs, mais ils ont toujours travaillé dur pour offrir le meilleur à leur famille. Ils m'ont inspiré par leur détermination et leur envie de progresser. En voyant où cela les a menés, j'ai aussi envie de faire plus pour voir jusqu'où cela peut me mener. Cette quête d'amélioration constante est un moteur puissant qui me pousse à me fixer des objectifs ambitieux et à me donner les moyens de les atteindre. C'est une façon de rester motivé et de ne jamais se contenter de ce que l'on a déjà accompli. »
Quel regard portes-tu sur le groupe professionnel et le staff ?
P.V. : « J'ai la chance de travailler avec une équipe et un staff très harmonieux, où chacun s'écoute et essaie de comprendre l'autre. C'est une richesse d'avoir un environnement de travail où chacun a quelque chose à apprendre à l'autre, et où tout le monde avance dans la même direction pour le bien du club, des joueurs, et la performance. Je sais que dans d'autres clubs, les coachs n'écoutent pas toujours les avis médicaux, et prennent des risques qui peuvent entraîner des blessures. Mais à Dunkerque, Luis Castro et le staff sont toujours à l'écoute et en accord avec nous, ce qui facilite grandement le travail. Cette ambiance positive se ressent également avec les joueurs, qui sont un bon groupe et qui travaillent dur. C'est un facteur clé de succès, car cela permet de créer une dynamique positive et de favoriser la performance. En début de saison, je n'aurais pas imaginé atteindre de tels résultats, mais la façon dont cela se joue est incroyable. Arriver en quart de finale et jouer les premières places au classement, c'est au-delà de nos espérances. Cela nous pousse à travailler encore plus fort, et à essayer de rendre les joueurs à 100% pour chaque match, afin de donner l'effectif le plus important au coach pour ses choix. C'est très stimulant. »
Quelle projection as-tu sur ta vie ?
P.V. : « Je n'ai aucune idée de ce que sera ma vie dans dix ou vingt ans. Je n'ai pas d'aspirations précises, car j'ai appris que la vie nous apporte des opportunités qui nous font changer de direction. Je préfère attendre de voir ce qui arrive, et ne pas me projeter trop loin dans l'avenir. Pour ne pas être déçu, j'attends de voir ce que la vie me propose. Si une opportunité se présente, j'évalue si elle correspond à mes valeurs et à mes objectifs, et je prends une décision en fonction. Je ne suis pas facilement déçu, car je pars du principe que si quelque chose ne se passe pas comme prévu, c'est que cela devait être ainsi. Du moment que j'ai tout fait pour arriver, je ne peux pas être déçu. En revanche, si je ne me suis pas donné les moyens, je peux l’être. Mais dans tous les cas, il faut continuer à avancer. C'est cette philosophie qui me guide dans mes choix, et qui me permet de rester ouvert aux opportunités tout en restant fidèle à mes valeurs. »
As-tu grandi avec des modèles ?
P.V. : « Mes modèles sont principalement ma famille, mes parents et mes grands-parents, qui ont toujours travaillé dur pour y arriver. Leur détermination et leur envie de faire au mieux m'inspirent au quotidien. En termes de sportifs, j'admire ceux qui se fixent des objectifs et se donnent les moyens de les atteindre. Pour moi, l'essentiel est de se fixer des objectifs et de se donner les moyens d'y arriver, que ce soit dans le sport, le travail ou la vie personnelle. Le confort ne m'attire pas, car je pense qu'il faut sortir de sa zone de confort de temps en temps pour avoir une vie palpitante et ne pas s'ennuyer. Pour moi, le confort, c'est rester dans quelque chose qui est bien en place, où l'on est bien dedans, mais qui ne nous met pas en difficulté. C'est pour cela que je cherche constamment à me fixer de nouveaux objectifs, et à me lancer de nouveaux défis. C'est ce qui me permet de rester motivé, et de continuer à progresser. »
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