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Gauthier Vezirian, le soleil du Nord

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Gauthier Vezirian, c’est un rayon de soleil lillois qui a trouvé son ancrage à Dunkerque. Passionné, engagé et toujours à l’écoute, il exerce son métier avec dévouement, mais ce qu’il chérit par-dessus tout, c’est la richesse de la vie de groupe. Son cœur bat aux couleurs "bleu et blanc", fier représentant des valeurs nordistes. Gauthier, c’est cette personne de confiance à qui vous aimez vous confier, celle qui prend le temps de vous écouter avec bienveillance. Positif, calme et chaleureux, il incarne l’ami que chacun rêve d’avoir à ses côtés.

Pour commencer, est-ce que tu peux me parler un peu de ton enfance ? Comment as-tu grandi et quels souvenirs en gardes-tu ?
Gauthier Vezirian : "J’ai toujours vécu à Lille, plus précisément à Villeneuve d'Ascq. Mon enfance, c’était vraiment beaucoup de temps passé dehors. Dès que je rentrais de l’école, j’avais qu’une envie : filer dehors. Je jouais au foot, que ce soit avec les copains dans le quartier ou en club. Le sport, c’était vraiment central, et j’étais toujours à l’extérieur. Ça a duré comme ça jusqu’au collège. L’école, ça ne m’a jamais vraiment passionné, à part pour retrouver les copains. Je n’étais pas du genre à aimer rester assis et écouter, ça m’ennuyait vite. Avec ma petite sœur, on était (et on est toujours) très proches. On a quatre ans et demi d’écart. Comme dans toutes les relations entre frère et sœur, il y a eu des hauts et des bas, mais on a toujours passé beaucoup de temps ensemble, à la maison ou ailleurs.  Comme je te disais, à l’adolescence, il y avait parfois des petits moments de conflit, mais rien de sérieux. Par exemple, quand nos parents n’étaient pas là, on voulait tous les deux regarder la télé, mais il n’y avait qu’une seule télécommande, donc forcément, ça créait des tensions. Ou alors, on se balançait des petites crasses, des trucs du genre. Mais c’était toujours bon enfant, des trucs marrants au final. Il n’y a jamais eu de gros conflits entre nous. Elle a son caractère, elle adore s’exprimer en criant parfois quand elle n’est pas contente, mais ça n’a jamais dépassé ce stade. Aujourd'hui, même si on ne se voit pas très souvent, on se parle régulièrement au téléphone, et on reste très connectés."

Qu’est-ce que tu penses que ça t’a apporté de grandir avec une petite sœur ?
G.V. : "C’est une bonne question. Je n’irais même pas jusqu’à dire le côté protecteur, parce que je ne pense pas avoir été vraiment protecteur, ou alors peut-être sans m’en rendre compte. Ce que ça m’a surtout apporté, c’est cette relation à la maison où tu as toujours quelqu’un avec qui rigoler, discuter de tout. Il y a des choses que tu peux lui dire, mais pas forcément à tes parents ou à d’autres personnes. Même si je ne suis pas du genre à m’ouvrir facilement ou à me confier, avec elle, c’était un peu différent. C’est comme si tu avais ta meilleure amie avec toi tout le temps. C’est difficile à expliquer, mais il y a une connexion particulière entre nous. Beaucoup de gens, en nous voyant, pensent qu’on est jumeaux, tellement on se ressemble et qu’on est sur la même longueur d’onde. On se comprend toujours, sans même avoir besoin de parler parfois. Et aujourd’hui, je me rends compte que c’était vraiment précieux. Même les petits conflits qu’on avait quand on était enfants, je ne les regrette pas du tout. Maintenant, on en rigole avec nos parents comme si c’était des anecdotes marrantes. Il n’y a jamais eu de rancune, et cette complicité qu’on a, c’est quelque chose d’inestimable."

Peut-on dire qu'être kinésithérapeute est une vocation ?
G.V. : "En grandissant, notamment au lycée, j’ai commencé à mieux comprendre ce que je voulais faire. Mes parents sont profs, donc ils faisaient attention à ce que je reste sérieux avec les devoirs, même si ce n’était pas toujours simple. Mais assez tôt, vers la sixième ou la cinquième, j’ai su que je voulais devenir kiné, et je me suis orienté dans cette direction. On peut donc dire en quelque sorte, que c'est une vocation. Mon père l'était aussi à la base, même s’il est aujourd’hui enseignant dans une école de kiné. Quand j’étais en CM2 ou en sixième, il m’a emmené voir un entraînement parce qu’un de ses amis, Stéphane, était kiné au LOSC. Pendant cet entraînement, Stéphane m’a fait venir au bord du terrain. Je me suis assis, à côté de lui, et il m’a montré un peu ce qu’il faisait. À ce moment-là, je ne savais pas vraiment ce qu’était le métier de kiné, mais je me suis dit : "C’est ça que je veux faire." Regarder un entraînement de foot tout en étant sur le terrain, c’était incroyable pour moi. Depuis ce jour, ça n’a jamais changé. À chaque rentrée, quand on devait remplir les fiches de renseignement à au collège ou au lycée, j’écrivais toujours "kiné dans un club de foot". C’est drôle de repenser à ça maintenant, parce que c’est exactement ce que je fais aujourd’hui. Est-ce une vocation ? Je ne sais pas, mais c’est clair que c’est ce que j’ai toujours voulu faire depuis tout petit."

Et toujours dans le foot ? Tu n’as jamais envisagé de travailler dans un autre sport ?
G.V. :"Non, je n’ai jamais vraiment envisagé de bosser dans un autre sport. Si on rentre un peu dans le technique, intégrer le geste sportif dans une rééducation, c’est beaucoup plus compliqué quand tu ne maîtrises pas le sport en question. Moi, j’ai toujours joué au foot depuis que je suis petit, donc ça me semblait logique de rester dans ce domaine. J’ai essayé d’autres sports, comme le rugby. J’ai travaillé six mois dans le rugby en parallèle, au tout début, quand je commençais à bosser dans le foot. Mais c’était trop compliqué de jongler entre le rugby, le foot, et mon activité en cabinet libéral. J’ai dû faire un choix, et j’ai mis le rugby de côté. Pas parce que ça ne m’intéressait pas, mais parce que gérer tout ça était trop complexe. Au final, ce que je cherchais vraiment en travaillant dans le sport, c’était la vie de vestiaire, la dynamique de groupe, être intégré avec un staff et des joueurs. Et comme le foot a toujours été mon sport depuis l’enfance, ça m’a paru naturel de me concentrer pleinement là-dessus. Aucun regret d’avoir fait ce choix et d’avoir priorisé le foot à 100 %."

Comment tu expliquerais l’évolution que tu as eue au fil des années ?
G.V. :"Je pense que le vrai déclic, ça a été au lycée. J’ai redoublé ma première. J’avais ce côté un peu flemmard, où passer du temps avec les copains ou jouer à la PlayStation était bien plus tentant. Du coup, je séchais les cours assez souvent. Jusqu’à ce redoublement, j’étais le genre d’élève très sage, pas perturbateur du tout, mais en réalité, je m’ennuyais énormément. Les cours ne me passionnaient pas. Et puis, quand j’ai redoublé, je me suis dit : "Si tu continues comme ça, tu risques de ne pas pouvoir faire ce que tu veux plus tard." Ça m’a un peu réveillé. À partir de là, j’ai commencé à essayer de mettre un peu plus de rigueur dans ce que je faisais, même si ce n’était pas naturel pour moi. L’administratif, par exemple, ce n’est toujours pas mon truc – je déteste ça, et la rigueur là-dessus, c’est zéro. Mais j’ai appris à me fixer des objectifs et à être plus sérieux pour les atteindre. Ça m’a aidé à avancer. J’étais aussi quelqu’un qui avait toujours besoin de bouger, presque hyperactif. Je n’aimais pas rester à ne rien faire. Aujourd’hui, c’est encore un peu le cas, mais beaucoup moins. Maintenant, quand je ne travaille pas, je préfère être tranquille chez moi, regarder une série ou un film plutôt que d’être toujours en mouvement."

Tu donnes l’impression d’être quelqu’un d’hyper posé, c’est le cas ?
G.V. :"Oui, je suis de nature vraiment calme et posé. Je n’aime pas trop me mettre en avant. Peut-être qu’ici, au club, c’est un peu différent, mais en général, je suis beaucoup dans l’observation. J’aime bien essayer de comprendre les gens avant de m’ouvrir un peu plus. Je ne vais pas naturellement vers les autres, mais une fois qu’il y a une relation de confiance, c’est plus facile pour moi de parler et de m’ouvrir. Par exemple, si tu prends un repas de famille, je ne vais pas être celui qui monopolise la conversation. Je vais plutôt rester en retrait, discuter un peu, rigoler par moments, mais sans être au centre de l’attention. Ce n’est pas une question de ne pas être à l’aise, c’est juste ma nature d’être réservé et discret. À l’inverse, avec mon groupe de potes, c’est totalement différent. C’est un groupe que j’ai depuis longtemps. Avec eux, je suis beaucoup plus à l’aise, je parle énormément, je fais des blagues tout le temps. C’est comme si je m’adaptais toujours au contexte dans lequel je me trouve. Quand je suis en terrain connu, je me lâche plus, et quand je suis dans un environnement moins familier, je reste plus discret. Je pense que c’est une façon de m’ajuster aux situations, mais c’est vrai que je ne m’étais jamais vraiment posé la question."

Tu penses que tu as une facilité à t'adapter, peu importe la situation ?
G.V. :"Oui, je pense, et je crois que c’est une qualité importante de savoir s’adapter à l’environnement dans lequel tu es. Si on prend l’exemple du cabinet, tu ne peux pas avoir la même attitude qu’ici au club. Ce n’est pas pour dénigrer l’activité libérale, mais les contextes sont très différents. En cabinet, tu as une pression liée aux objectifs du patient : tu veux qu’il progresse, qu’il atteigne ses buts. Ici, au club, c’est une autre pression : tu sais que ton rôle est essentiel, même si le staff technique ou les coachs ont peut-être plus de responsabilités directes sur les résultats. Cette pression est différente, mais elle te pousse aussi à t’adapter. Et ce qui est top ici, c’est l’ambiance. Tu ne peux pas être réservé ou distant, tu dois créer du lien avec les joueurs. On rigole beaucoup, on parle, et ça rend l’expérience vraiment unique. Ça ressemble un peu à un groupe de potes finalement : on passe énormément de temps ensemble, on avance tous dans la même direction. Cette continuité aide énormément dans la pratique. En fait, tu as l’impression de faire partie d’un petit noyau fermé. Je passe peut-être 90 % de mon temps avec les joueurs et le staff. Les 10 % restants, je les consacre à ma copine, Manon, mais je la vois bien moins qu’avant. C’est comme si tu vivais dans un monde à part ici, un microcosme. Et je pense que, sans une relation de confiance et une bonne entente, ça ne pourrait pas fonctionner sur le long terme. Savoir t’adapter à ce contexte, trouver le bon feeling avec les joueurs, c’est essentiel. Si tu ne crées pas ce lien, ça ne marche pas."

 

Tout à l'heure, tu parlais d’un déclic que tu avais eu au lycée. Est-ce que tu es quelqu’un qui fonctionne au déclic, ou plutôt une personne qui mûrit sa réflexion avant de passer à l’action ?
G.V. :"Honnêtement, je suis plutôt du genre à agir d’abord et réfléchir après. Ce n’est pas dans ma nature de poser les choses calmement avant de prendre une décision. C’est peut-être un défaut, d’ailleurs. Par contre, dans le cadre du travail, c’est totalement différent : je suis posé, réfléchi, j’essaie d’analyser avant d’agir. Mais dans la vie de tous les jours, c’est l’extrême opposé. Par exemple, il m’arrive souvent de faire des choses et de me dire après coup : "Mais pourquoi j’ai fait ça ? Ce n’était pas une bonne idée." Ou alors j’oublie des choses, comme des anniversaires ou des rendez-vous avec des potes. Je reçois un message genre : "C’est à quelle heure ce soir ?", et là, je réalise que j’avais complètement oublié. À ce niveau-là, je ne suis pas du tout organisé, c’est terrible. Donc, pour résumer, ça dépend vraiment du contexte."

Est-ce que tu as des regrets dans la vie ?
G.V. :"Des regrets... Je dirais que non, pas vraiment, parce que je me dis que tout ce que j’ai fait, même les erreurs ou les choix pas forcément réfléchis, ça m’a amené là où je suis aujourd’hui. Si j’avais fait un truc différemment, peut-être que je ne serais pas ici à faire ce que j’ai toujours voulu faire. Après, il y a des choses que j’aurais aimé mieux faire, ça oui. Par exemple, j’ai perdu mes deux grands-parents du côté de mon père, et avec le recul, je me rends compte que je n’étais peut-être pas assez proche d’eux. Ils vivaient ici à Dunkerque, et il y a eu plein de fois où mes parents allaient leur rendre visite le dimanche, mais moi, je trouvais toujours une excuse : "Non, j’ai un match de foot", ou "Non, je vais voir les copains". Quand t’es jeune, tu ne réfléchis pas forcément à ça, tu vis un peu au jour le jour, et c’est seulement après coup que tu te rends compte de l’importance de ces moments que tu as peut-être manqués. Mais sinon, non, je n’ai pas de gros regrets où je me dis : "Ça, j’aurais jamais dû le faire." Je crois que j’ai cette vision un peu fataliste ou optimiste – je ne sais pas trop – que tout ce que j’ai fait, bien ou mal, m’a mené là où je suis aujourd’hui. Peut-être que c’est une vision fausse, mais pour moi, ça fait sens."

Tu crois au destin ? Tu crois que ton histoire est écrite et que, peu importe ce que tu fais, tu suis ce qui a été tracé pour toi ?
G.V. :"Ouais, je pense. Je crois qu’il y a une sorte de fil conducteur dans ta vie. Par exemple, si je n’avais pas redoublé, peut-être que je n’aurais jamais eu ce déclic qui m’a fait comprendre qu’il fallait que je bosse un peu plus pour atteindre mes objectifs. C’est comme si, quoi qu’il arrive, il y a quelque chose ou quelqu’un qui te guide vers là où tu dois être. Je crois en une bonne étoile, un petit coup de pouce du destin qui te place au bon endroit, au bon moment. Je ne dis pas que tout est écrit à la lettre, mais je pense que les choses finissent par tourner en ta faveur si tu gardes la foi en toi et en ce qui t’entoure. Ce n’est pas comme une roulette de casino où c’est complètement aléatoire, mais plutôt une sorte de trajectoire où tu vas croiser les bonnes opportunités, même si ça prend du temps. Je suis aussi du genre à me dire que si un truc ne marche pas comme prévu, ce n’est pas grave. Il y aura une prochaine fois, une autre occasion. Je ne crois pas qu’il faut forcer le destin, mais plutôt que, si quelque chose doit t’arriver, ça arrivera un jour ou l’autre. Il faut juste savoir patienter et être prêt quand l’opportunité se présente."

Ça te rassure de te dire qu'il y a une étoile qui te protège, un peu comme un ange gardien qui te surveille là-haut ?
G.V. :"Non, je ne me repose pas sur ça. Je ne pense pas à un ange gardien ou à quelque chose de surnaturel pour me rassurer. Quand ça ne va pas, je me demande pourquoi, mais je crois que, au final, le temps fait toujours son travail. Les choses finissent par se régler avec le temps, sans pression. Je ne me dis pas que quelque chose ou quelqu’un me protège, mais je crois plutôt que, dans la vie, ce qui doit arriver arrivera à un moment donné. Cela dit, je pense que j’ai un peu cette capacité de toujours voir les choses du bon côté. J’essaie de positiver, même dans les moments difficiles. Si quelque chose de négatif se produit, je cherche à en tirer quelque chose de positif pour avancer. Ce n’est peut-être pas de la croyance au sens strict, mais une sorte de philosophie de vie : je me dis que peu importe ce qui se passe, je vais toujours trouver un moyen de positiver et de voir l’opportunité dans chaque situation. C’est peut-être là que je vois ma "bonne étoile", dans cette capacité à rester optimiste et à faire en sorte que ça tourne toujours dans le bon sens, même quand ça semble compliqué."

Tu crois au fait que le positif attire le positif ?
G.V. :"Oui, je pense vraiment que le positif attire le positif. Si tu arrives de bonne humeur, tu vas forcément transmettre cette bonne humeur, même si les autres ne sont pas dans une vibe très joyeuse. Mais je suis convaincu que ça peut que attirer du positif. Même quand ça ne va pas bien, je préfère toujours voir le côté positif des choses. Ça m'aide énormément, parce que je ne me tracasse pas pour des petites choses et je ne rumine pas longtemps. Je préfère avancer et ne pas me laisser envahir par les pensées négatives. Je suis du genre à laisser le négatif de côté et à continuer à aller de l’avant, en me concentrant sur ce qui peut m’apporter du positif. Le temps, à la limite, règlera les choses difficiles. Mais mon mantra, c'est : rester positif et avancer."

T'es sensible à l'aura des gens, comme si tu étais une éponge émotionnelle ?
G.V. :"Non, je pense pas être une éponge émotionnelle. Par exemple, il m'arrive souvent que des potes viennent se confier à moi, et je ne me sens pas comme une éponge qui absorbe leurs émotions. Je crois qu'ils viennent vers moi parce qu'ils savent que je vais essayer de tirer le positif de leur situation pour qu'après, ça aille mieux. Quand quelqu'un est de bonne humeur, ça me motive à être encore plus joyeux, et je crois que ça marche aussi dans l'autre sens. Si quelqu'un est triste ou de mauvaise humeur, je ne vais pas me laisser tirer vers le bas, bien au contraire, je vais essayer de lui remonter le moral, de l'aider à voir le positif, pour qu'il aille mieux. C'est vraiment un aspect d'empathie, et je pense que c'est une des raisons pour lesquelles j'ai choisi ce métier. J'aime échanger, discuter, et faire en sorte que les gens se sentent mieux. Au final, ça revient toujours à voir le côté positif des choses, c’est un peu une démarche globale dans ma manière de vivre."

C'est quoi ton plus beau souvenir, dans le sport ?
G.V. :"J'espère que ce sera en fin d'année (rires). En tant qu'acteur, c'est plus un souvenir global. Quand t'étais petit, tu participais à des tournois de foot, t'étais avec les copains toute la journée. Tu allais loin, tu dormais dans des petits bungalows dans des campings, c'était vraiment des moments géniaux. Et puis, en tant que spectateur, je dirais que ça doit être un match du LOSC. Le match de France en 2011, j'étais pas au stade, mais sinon ça serait celui-là. Ou bien, le titre pendant le Covid. C'était spécial. T'avais le confinement, mais t'étais dehors avec les masques, à faire la fête avec tout le monde, c'était trop bien. C'était un super moment."

C'est à quel moment que tu t'es dit : « Mon coeur est bleu et blanc » ?
G.V. :"La première fois, c'était l'an dernier, quand je suis venu visiter le stade pour Dunkerque-Bordeaux. C'est Romain (Decool) qui nous avait invités, et je me suis dit : « Punaise, le stade est sympa, il y a une belle petite ambiance, c'est cool. » Ensuite, quand je suis revenu pour passer mon entretien ici, j'avais déjà trouvé que le cadre était vraiment agréable pour travailler. Mais à ce moment-là, je n'avais pas encore rencontré les joueurs ni ressenti l'ambiance avec les supporters. C’est vraiment quand j’ai commencé à bosser ici que j’ai compris. Dès que tu fais partie du groupe, tu adhères à 200% à ce qui se passe dans le club. Je pense que tu ne peux pas bien travailler si tu n’es pas totalement investi. Et puis, l’accueil que j’ai reçu, que ce soit de la part des gens du club, du staff, grâce à Raph (Delpech) notamment, ou des joueurs, a été incroyable. Quand tu vis la prépa, les premiers matchs amicaux, tu ressens déjà cette petite pression. Et dès que le championnat commence, tu sais que tu vas vivre une saison à fond, où tu es obligé de tout donner. Aujourd’hui, si on m’appelle à n’importe quelle heure pour venir au stade, j’y vais sans hésiter. Dès le début de saison, j’ai senti qu’il fallait être focus à 200%. Je suis peut-être pas un supporter au sens classique, mais je vibre avec l’équipe à chaque match. Quand je suis sur le banc, je ressens tout, je vis tout. C’est incroyable."

Tu penses à quoi quand tu rentres sur le terrain ?
G.V. : "Le premier truc, c'est qu'il n'y ait pas de blessés. Même si on fait tout pour éviter ça, tu n’es jamais à l’abri d’un événement imprévu : un choc, une mauvaise réception, ou autre. Avec les docs, on se dit toujours avant chaque match : « Aujourd’hui, objectif, pas de blessés. » Pendant le match, je ne regarde pas forcément comme quelqu’un qui analyse le jeu ou les tactiques. Je vais souvent me focaliser sur un joueur en particulier, surtout si on sait qu’il a eu un souci récemment ou qu’il vient de prendre un coup. Je peux passer deux minutes à observer un seul joueur pour m'assurer qu'il va bien, plutôt que de suivre constamment le ballon. Mais à chaque fois, tu as cette petite pression positive avant le coup d’envoi, une sorte d’excitation. T’as hâte que le match commence, et aussi qu’il se termine en espérant que tout se soit bien passé. Si à la fin, il n’y a pas de blessés et qu’on décroche la victoire, c’est juste parfait. C’est tout ce qu’on peut demander."

Tu la vois comment ta vie plus tard ?
G.V. :"Je me vois avec une belle maison, un jardin pour un petit chien, et deux enfants. Deux, c'est parfait. J'ai grandi avec une sœur, et je trouve que c'est une bonne dynamique. Manon, elle, vient d'une famille avec trois frères et sœurs. Pour l’endroit, ça dépendra du boulot, mais je me vois rester ici le plus longtemps possible. Tant que tout se passe bien, il n’y a pas de raison d’aller ailleurs. Et puis, j’aurais trop de mal à quitter le Nord. Je suis vraiment attaché à cette région, au 59. Je sais pas pourquoi, mais vivre ailleurs, ce serait difficile. Après, à un moment donné, avec les enfants, je pense que le rythme de vie qu’on a ici, ça devient compliqué à concilier avec une vie de famille sur le long terme. Donc, peut-être qu’à terme, je finirais par ouvrir mon propre cabinet. Ça me permettrait aussi de voyager plus, parce qu’aujourd’hui, je peux pas vraiment. Manon aimerait beaucoup voyager, et je me dis que le jour où je m’arrêterai, ce serait aussi pour ça : voyager et profiter d’une vraie vie de famille. Mais pas tout de suite, j’ai encore du temps avant d’avoir des enfants. D’ici deux ou trois ans, peut-être. Et même au début, quand ils seront tout petits, je continuerai à bosser parce que j’ai besoin d’aimer ce que je fais pour être heureux. Pour moi, si je suis pas heureux au travail, je peux pas être heureux dans ma vie. Je passe 70% de mon temps au boulot, donc c’est important d’être bien dans ce que je fais. Si le matin, je me lève sans envie, et que le soir je rentre en tirant la gueule parce que j’ai passé une mauvaise journée, ça marchera pas. Donc l’objectif, c’est de continuer à être heureux dans mon travail. Si je suis bien dans ce que je fais, tout le reste suivra."

Y'a des choses de la vie que t'as pas encore découvert aujourd'hui, que t'aimerais beaucoup découvrir ?
G.V. :"Pour l’instant, je suis peut-être un peu trop dans une dynamique de vivre au jour le jour pour vraiment réfléchir à ce que j’aimerais découvrir ou faire plus tard. Aujourd’hui, ça se passe comme ça, et si ça va bien, tant mieux, et si ça va pas, je me dis que ça ira mieux demain. Je suis vraiment dans l’instant présent, et j’ai du mal à me projeter à long terme. Ce que je peux te dire sur comment je me vois plus tard, c’est très général. Mais si tu me demandes précisément ce que je regrette de ne pas avoir fait, ou ce que j’aimerais absolument découvrir, je saurais pas te répondre."

 

Et t'as toujours été comme ça ?
G.V. :"Toujours. Peut-être qu’avec l’âge, ça changera. J’espère. Ou pas. Mais pour l’instant, je suis très bien comme ça. Il y a des choses où ça passe bien, comme dans le travail, parce que je suis super réactif. Mais en dehors, comme planifier un voyage, par exemple, je suis incapable. Typiquement, on doit partir au Mexique cet été. On devait réserver les billets en décembre, on n’a toujours rien réservé. Parce que je me dis : « Je peux le faire demain. » Et je reporte, encore et encore. Pareil pour des trucs administratifs. Ça traîne, parce que je me dis toujours que je le ferai demain. Ce n’est pas une question d’envie. Je veux le faire, mais je procrastine. Je suis conscient à 200 % que c’est insupportable, mais pour l’instant, je n’arrive pas à changer. Donc voilà. C’est comme ça."

Tu souhaites revenir sur un autre souvenir sportif... 
G.V. :"Ah oui! Mon plus beau souvenir, je dirais que c'est la dernière victoire de Rafael Nadal à Roland-Garros. Lui, c'est peut-être mon idole, tous sports confondus. On a grandi avec des légendes comme Usain Bolt, Michael Phelps, et Rafael Nadal. Ces athlètes, tu les vois dominer, tu t'inspires d'eux, d'une manière ou d'une autre. Et là, les voir partir, ça fait quelque chose. Tu te rends compte que c'est une page qui se tourne. Ce qui est dur, c'est que la nouvelle génération, tu ne t'y attaches pas de la même manière, parce que t'as pas grandi avec eux. Avec Nadal, Bolt, Phelps, t'avais l'impression d'évoluer en même temps qu'eux, de suivre leurs exploits comme si tu faisais partie de leur histoire. Quand ils s'arrêtent, ça te fait un peu mal, parce que c'est comme si une partie de ton enfance ou de ton adolescence s'arrêtait aussi. Mais ouais, ce Roland-Garros, ça restera gravé."

Est-ce que tu penses qu'ils t'ont influencé d'une certaine manière ?
G.V. :"Pas forcément influencé au sens où je me serais dit : "Je veux faire comme eux, avoir cette mentalité-là." Je savais déjà ce que je voulais faire, ce que je voulais être. Donc, ce n'est pas une influence directe dans ce sens-là. Mais ce qu'ils m'ont apporté, c'est l'émotion. Vivre l'émotion d'un exploit sportif, c'est quelque chose de fort. Plus que de m'inspirer, c'était de l'admiration. Tu te dis : "C'est incroyable ce qu'ils font." Et tu as cette sensation que tu ne reverras jamais ça. Peut-être que ça arrivera encore avec d'autres athlètes, mais pour moi, à mes yeux, c'est unique. Je pense que c'est aussi lié au fait qu'on a grandi avec eux. Il y a toujours cet effet de nostalgie, de "c'était mieux avant." Quand tu vois Nadal, Bolt ou Phelps, t'as grandi en suivant leurs exploits, et tu t'y attaches différemment. C'est pour ça qu'à leurs départs, ça marque. Ce sont des moments que tu n'oublies pas."

Et alors, c’était mieux avant ?
G.V. :"Non, je pense pas que c’était mieux avant. C’était différent, mais pas forcément mieux. Parce qu’au final, on sait pas de quoi l’avenir sera fait. Si tu me disais : « Tu peux faire un saut de 10 ans dans le futur pour voir comment ta vie sera, ou revivre une journée de ta vie d’il y a 20 ans », je pense que je choisirais de revivre une journée d’il y a 20 ans. Pas parce que c’était mieux, mais pour ce côté nostalgique. On s’attache toujours un peu au passé, à des moments marquants ou heureux, mais ça veut pas dire qu’on voudrait y rester ou qu’on pense que c’était une meilleure époque. C’est juste cette envie de revisiter ces instants, de les ressentir à nouveau. Mais dans le fond, ce qui compte, c’est le présent. Et même si je choisis la nostalgie dans l’exemple, ça veut pas dire que je considère que c’était mieux avant. C’est juste un attachement naturel au passé."

Ok, si tu devais choisir une journée, du coup ?
G.V. :"Je pense que ce serait même pas une journée en particulier, plutôt une journée type. Genre t’es à l’école avec les copains, tu joues au foot dans la cour, tu rentres chez toi, tu prends ton goûter, et après tu pars à l’entraînement de foot. Toute la journée, t’es entouré par les mêmes copains, tu rigoles. Je sais pas pourquoi, mais c’est ce genre de journée-là qui revient. Peut-être parce qu’à ce moment-là, t’as l’impression que tu ne profites pas assez de l’instant présent. Et après, une fois que c’est passé, tu te dis : J’aurais dû profiter encore plus. Mais bon, c’est la vie. C’est comme quand t’es petit, t’aimes pas faire la sieste. Aujourd’hui, si tu me dis : « Tu peux refaire une sieste tous les jours de 15h à 16h », je signe direct ! Non, c’était pas forcément mieux avant, mais ces souvenirs-là, ils te donnent envie de retourner un peu en arrière. Peut-être parce que c’est rassurant, de savoir ce que t’as vécu. Alors que ce que tu vas vivre, c’est l’inconnu. Mais moi, le futur, il me fait pas peur. Parce que je vis au jour le jour, donc peu importe ce qu’il se passe demain, on verra toujours le positif. Mais ouais, une journée d’il y a 10 ou 15 ans, une journée simple, ça me tenterait bien."

Est-ce que tu penses que vivre au jour le jour, c'est aussi pour éviter peut-être la peur d'être déçu ?
G.V. :"Ouais, peut-être. C’est possible. Tu te dis que si tu ne fais pas trop de projections, t’évites le risque d’être déçu. Genre, si tu te dis :  Je voulais faire ça, et au final, ça s’est pas passé comme prévu... Alors que si tu vis au jour le jour, t’as pas ces attentes-là, donc t’as moins de chances d’être frustré ou déçu. Mais j’arrive même pas à savoir si c’est vraiment pour ça. En fait... Peut-être, ouais."

T'as déjà eu des grosses déceptions ?
G.V. :"En fait, ce qui aurait pu être des déceptions, je les vois tellement sous un angle positif que je ne les considère même pas comme des déceptions. Par exemple, j’ai redoublé une année en kiné. Mes parents étaient super inquiets, se demandaient comment c’était possible, et moi, je me disais que c’était pas grave, ça allait aller. Avec du recul, même si ça aurait pu être une déception, je ne le vois pas comme ça. Au contraire, ça m’a permis de faire un stage de trois mois au LOSC sur ma dernière année et de mettre un premier pied dans le monde du foot. Si je n’avais pas redoublé, je ne serais peut-être pas arrivé là où je suis aujourd’hui. Alors, je ne peux vraiment pas regretter des moments comme ça. Au final, je pense que chaque événement, même un peu décevant sur le moment, a contribué à ce qui est arrivé ensuite. Donc non, je n’ai pas de grosses déceptions à proprement parler."

Pour toi, la routine est-elle quelque chose de péjoratif ?
G.V. :"Non, pas du tout. Je peux avoir les mêmes routines pendant 6 mois, un an, mais ce n'est pas un problème pour moi. Je peux être routinier pendant un moment, puis, du jour au lendemain, changer cette routine pour quelque chose de nouveau. En fait, avoir une routine peut être rassurant, ça me donne une certaine stabilité. Si tout devait être chaotique et changé tout le temps, ça me dérangerait beaucoup plus. Mais en cassant de temps en temps la routine, en faisant des choses différentes, cela reste bien pour moi tant que j'ai un schéma global de journée similaire. Ça ne me dérange pas du tout."

Et du coup, tu sortirais facilement de ta zone de confort ?
G.V. :"Non, pas du tout. Par exemple, Manon adore voyager, partir plusieurs mois à l'étranger, et pour elle c'est facile. Mais pour moi, partir plus de trois semaines dans le même endroit, je n'arrive même pas à l'imaginer. Je perds tous mes repères, je me sens déstabilisé. Quand je suis chez moi, dans ma vie quotidienne, je me sens à l'aise. Si je pars pour deux semaines, c'est déjà suffisant. Je n'ai pas besoin de plus. Je n'aime pas sortir de ma zone de confort, celle où je maîtrise les choses. Je pense que si je partais trois mois à l'étranger, je n'arriverais pas à gérer tout ce qui se passe et je n'aimerais pas ça. Par contre, professionnellement, c'est différent. Là, je n'ai aucun problème à sortir de ma zone de confort. Si on me demande de faire quelque chose pour la première fois, ça ne me dérange pas du tout. Mais dans ma vie personnelle, j'ai vraiment besoin de garder mes repères et ma zone de confort. C'est un peu bizarre, mais c'est comme ça."

T'as besoin de contrôler ?
G.V. :"Oui, j'aime bien contrôler. J'aime avoir une certaine maîtrise sur ce qui se passe. Par exemple, au boulot, quand tu fais quelque chose, tu sais ce que tu fais et pourquoi tu le fais. Ça me permet de me sentir bien. J'ai besoin de contrôle ici et dans ma vie personnelle aussi. Ce n'est pas forcément un contrôle total sur tout, mais plutôt de rester dans une zone où je me sens bien, où j'ai des repères. Quand je suis chez moi, avec mes potes, ou dans des situations familières, c'est rassurant d'avoir ces repères pour savoir où je suis et ce qui se passe. Mais même si je suis prêt à sortir de ma zone de confort, j'ai toujours besoin de garder un certain contrôle sur ce qui se passe. Perdre cette maîtrise, ça me rendrait inconfortable."

Cet article Gauthier Vezirian, le soleil du Nord est apparu en premier sur USL Dunkerque.

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