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Tour de France : il y a soixante-dix ans, Clermont-Ferrand célébrait la victoire au Marcombes de Raphaël Géminiani, l'enfant du pays

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Tour de France : il y a soixante-dix ans, Clermont-Ferrand célébrait la victoire au Marcombes de Raphaël Géminiani, l'enfant du pays

La photo trône toujours en bonne position dans le nouvel appartement de Raphaël Géminiani au foyer-logement de Pérignat-ès-Allier. Accrochée sur l’un des murs de la pièce principale, face à la porte d’entrée, elle montre le « Grand Fusil », allongé dans un lit de l’hôtel Le Terminus à Clermont-Ferrand, et félicité par son père, Giovanni. Le cliché date du 13 juillet 1951. Quelques heures plus tôt, Raphaël Géminiani a remporté la troisième de ses sept victoires sur le Tour de France, chez lui, à Clermont.

« Je m’en souviens comme si c’était hier », glisse l’ancien cycliste qui a fêté il y a quelques semaines son 96e anniversaire. « C’est la première fois que le Tour arrivait en Auvergne. J’étais en quelque sorte le porte-drapeau auvergnat et je voulais tout faire pour gagner cette étape. »

« Il me dit : “Il ne faut pas que tu attaques, tu me mettrais en difficulté”. »

D’ailleurs, au départ de Limoges le matin même, les intentions du « régional de l’étape », avaient des airs de secret de Polichinelle au sein du peloton. « Bobet (son coéquipier en équipe de France sur ce Tour 1951, NDLR) avait passé le tambour : “Géminiani va attaquer”. »

Avant de former « un tandem formidable » avec Bobet, les deux hommes avaient débarqué sur ce Tour 1951 avec chacun des ambitions. « En 1950, on s’était déjà un peu “frictionné”, reconnaît Géminiani. Lui avait terminé 3e du Tour et moi 4e, en gagnant deux étapes. »

De son côté, Louison Bobet n’est pas au mieux sur ce début de Grande Boucle. Avant l’étape Limoges-Clermont (236 kilomètres), le champion de France en titre avait d’ailleurs fait passer un message à Gem’. « Il me dit : “Il ne faut pas que tu attaques, tu me mettrais en difficulté”.. “Si les autres attaquent, ils te mettront aussi en difficulté” je lui ai répondu. Il y avait des clans dans l’équipe. Je leur ai dit, vous me faites ch…, je fais mon étape, point. »

« La Moreno, c’était mon col. Je n’y craignais personne »

Raphaël Géminiani lance une première banderille dans la côte de Pontaumur. « Une fausse attaque, résume le Clermontois. Les autres coureurs m’ont repris et m’ont charrié en rentrant sur moi. Mais j’ai laissé faire. »

Ce 13 juillet 1951, l’Auvergnat est sûr de ses forces. « Je savais qu’après, il y avait le col de La Moreno. Et La Moreno, c’était mon col. Je n’y craignais personne. J’avais gagné toutes les courses qui passaient par là-bas. »

Raphaël Géminiani roule sur ses routes d’entraînement. Il les connaît par cœur. À l’approche des Quatre routes de Nébouzat et du pied du col de La Moreno, le « Grand Fusil » s’approche de la tête du peloton. « Au pied du col, la route faisait une épingle. Il fallait être bien placé. J’ai choisi le bon braquet et j’ai mis un coup de flingue là-dedans. »

Un chiffre :7, comme le nombre d’étapes remportées par Raphaël Géminiani sur le Tour de France. La première remonte à 1949 (à Colmar). Il s’est aussi imposé à Gap et Saint-Etienne (en 1950), Clermont-Ferrand (1951), Mulhouse et Bagnères-de-Bigorre (1952) et Monaco (1955).

Le Clermontois est parti. « J’ai monté le premier kilomètre les yeux fermés, en donnant tout. » Gem’ veut créer l’écart à tout prix pour éviter que ses adversaires ne l’aient en point de mire. Il donne tout. Il passe en tête au sommet de La Moreno, puis du col de Ceyssat. Jusqu’à cette frayeur, derrière le puy de Dôme. « La route n’était pas en bon état. J’ai voulu éviter quelque chose et “paf”, je me suis mis en l’air. Je me suis relevé en vitesse. J’étais un peu amoché au niveau du coude mais je n’avais rien de cassé, le vélo non plus. Je suis reparti. Quand tu as le moral comme je l’avais ce jour-là, tu viens à bout de toutes les difficultés. »

Et il reprend son numéro. Il avale le col des Goules et plonge sur sa ville de Clermont-Ferrand, où l’attend un public acquis à sa cause. Une véritable ovation accompagne son entrée sur la piste du vélodrome, bondé, où l’enfant du pays s’impose en solitaire.

Une demi-heure avant de faire le tour d’honneur

« J’étais fier et content de gagner à Clermont, chez moi. Ça reste une victoire forcément particulière. Tu ressens à ce moment-là une joie intense. La fatigue est vite gommée par l’engouement et l’enthousiasme créés. »

Raphaël Géminiani n’a alors qu’une envie : communier avec son public. « Mais l’étape avait fait des dégâts. Les coureurs arrivaient par groupes de trois ou quatre. J’ai dû attendre une bonne demi-heure pour faire le tour d’honneur. » Au milieu de la foule, l’attendaient son père, Giovanni, sa femme et son fils.

Cette victoire allait constituer la première pierre d’un Tour de France 1951 plus que réussi, avec à l’arrivée une deuxième place au général (sa meilleure performance sur le Tour) et la première du classement de la montagne, devant un certain Gino Bartali.

 

Manuel Caillaud (avec Raphaël Rochette)

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