Romain Bardet mise tout sur le Giro, pas de Tour de France au programme

Vous allez participer pour la première fois au Giro. Est-ce une satisfaction ou la suite logique que vous vouliez donner à votre carrière ?

Ce n'est un secret pour personne. Cela faisait un moment que cela me trottait dans la tête. C'était au programme l'an dernier mais malheureusement nous avions dû revoir nos plans. Je pense que c'est la bonne année. Le parcours du Tour de France n'est pas exceptionnel pour moi. Quitte à changer d'équipe, je souhaitais changer totalement d'approche et de préparation. Aller au Giro me semble le choix le plus judicieux.

Est-ce une décision que vous avez prise récemment avec l'équipe ? 

Oui, mais c'est une décision qui a mûri. La priorité a été toujours la même de se laisser le temps de travailler en début de saison. Ne pas être seulement une pièce rapportée dans l'équipe mais aussi bien intégrer les méthodes de travail. Essayer de progresser d'abord avant d'envisager un programme de course. 

Romain Bardet (team DSM) sera bien sur le Giro

Vous dites que le parcours du Tour de France ne correspond pas à vos qualités. Est-ce que c'est le cas pour celui du Giro ?Il y a un chrono pour attaquer et un pour terminer. A côté de ces deux étapes, c'est beaucoup plus dur. Mais peu importe le parcours finalement, j'avais vraiment cette envie d'aller sur le Giro depuis de nombreuses années. Et de chambouler totalement mon entraînement pour cela. Là, je vais connaître un pic de forme au mois de mai alors que d'habitude je passais ma vie un peu comme un ermite en Sierra Nevada. Je suis vraiment content de pouvoir le faire cette année.

Le team DSM a annoncé vouloir faire "All in" sur le classement général. Est-ce que vous confirmez aussi ces ambitions-là ?

Oui, c'est exact. On va présenter une vraie équipe tournée sur le classement général avec Jai Hindley et moi. On forme une bonne paire. J'ai appris à le connaître et c'est quelqu'un que j'apprécie énormément. Il n'a que 24 ans, il sort d'une grosse année. Je pense que nous sommes vraiment complémentaires.  On part sur un pied d'égalité en essayant de faire le meilleur classement général pour l'équipe. J'ai beau avoir 30 ans et 8 Tours de France derrière moi, je m'attends à quelque chose de pas évident. C'est une course assez imprévisible. Mais je suis vraiment motivé pour faire du mieux possible. 

"J'ai perdu un peu l'envie sur Liège-Bastogne-Liège car le final ne me correspond plus du tout."

Est-ce que les coureurs annoncés sur ce Giro (Pinot, Nibali, Quintana, Bernal...) rajoutent-ils de l'excitation ? 

Le plateau va être d'une énorme qualité. Mais honnêtement, je trouve que c'est de plus en plus difficile de dégager des noms. Par exemple, si un McNulty garde son niveau du Tour du pays Basque, il sera dans le coup pour un podium. Il y a toujours dans chaque équipe des talents qui peuvent exploser. Et il y a bien sûr les grands noms. Egan Bernal va avoir les dents qui rayent le plancher. On sait aussi que Simon Yates veut gagner le Giro... Et j'en oublie plein. Il faut aborder ce tour d'Italie avec beaucoup d'humilité.

Vous ne disputerez pas l'Amstel Gold Race ce dimanche. Est-ce que Liège-Bastogne-Liège va être un objectif pour vous ?

Je ne serai pas à Liège non plus. Quand on donne la priorité au Giro et que l'on y va avec des ambitions collectives, on ne peut pas être partout. Je pense que c'est un choix judicieux d'aller sur le Tour des Alpes (19 au 23 avril) plutôt que de m'engager sur des classiques. Et puis il faut être lucide. J'ai perdu un peu l'envie sur Liège-Bastogne-Liège car le final ne me correspond plus du tout. A côté de cela nous avons une Amstel Gold Race dénaturée avec une course sans circuit. Et faire un podium sur la Flèche Walonne est quasi-impossible pour moi même si je suis au top de ma forme. On essaie de faire bien les choses pour le Giro plutôt que de jouer tout à moitié. Dans le cyclisme de 2021, cela ne marche pas.

Propos recueillis par Arnaud Clergue

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