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Cyrille Guimard en lice pour être président de la Fédération française de cyclisme : « Il faut tout changer, c'est un travail de titan »

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Cyrille Guimard en lice pour être président de la Fédération française de cyclisme : « Il faut tout changer, c'est un travail de titan »

Pourquoi défiez-vous le président sortant Michel Callot, dimanche, alors que vous avez peu de chances d'être élu ?

(Direct) Pour gagner, il faut être sur la ligne de départ. Les premières réflexions sont nées en Limousin, avec Claude Louis (ancien Conseiller Technique Régional du comité, ndlr), lors d'un hommage à Antoine Blondin. C'est ensuite devenu plus sérieux, quelques mois plus tard, lors du Tour du Limousin. On s'est dit : "Le cyclisme français, ce n'est vraiment pas terrible. Il faut faire quelque chose". Des gens nous ont rejoints et nous avons créé l'association "Prends ma roue". Cette démarche était unique dans le milieu. 

Pourquoi ? 

En général, les élections fédérales, c'est de l'entre-soi, et cela peu importe la Fédération. Combien de fois une opposition a gagné ? On a pris l'habitude de se passer le témoin, c'est de la consanguinité permanente. Parfois, il y a des ambitions internes et des comptes à régler mais une fois les élections terminées, tout le monde conclut par : "On va travailler ensemble".  La reflexion de Cyrille Guimard est née de la journée hommage à Antoine Blondin en octobre 2019.

Avant de vous lancer, avez-vous essayé de discuter avec les dirigeants actuels ? 

Au regard du contexte, notamment la baisse inquiétante des licenciés et des organisations, on a commencé à dire à la Fédération : "Il faut nous écouter". Ils ont écrit un manifeste en nous traitant de voyous, comme si nous étions des terroristes qui voulaient casser la FFC. Or, aujourd'hui, que peut-on faire ? Le système n'est pas démocratique. C'était d'ailleurs dans le programme présidentiel d'Emmanuel Macron : "Rendre les fédérations plus démocratiques". Nous voulons nous battre pour faire changer la loi sur les élections en redonnant le pouvoir aux clubs. Aujourd'hui, ce sont des élus qui votent. Mais ce ne sont pas eux qui financent la Fédération. Les licenciés, les clubs et les organisateurs sont pris pour des vaches à lait mais ne peuvent pas voter ! 

Quelles sont vos propositions ? 

Redonner aux jeunes l'envie de faire du vélo en repensant totalement le contenu des écoles de cyclisme. Rien n'a évolué depuis mes débuts en 1962 : les gamins tournent toujours autour des quilles ! Il faut se remettre en cause fondamentalement. Comment expliquez-vous que des coureurs étrangers gagnent le Tour de France dès 22 ans ou des épreuves World Tour à 20 ans alors que les meilleurs éléments français ont 25 ou 26 ans ? Nous sommes passés de six médailles aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 à une seule à Rio en 2016. [...] 

Nous souhaitons aussi changer les catégories des coureurs. Aujourd'hui, il y a 32 types de licences différentes. Si ça continue, il y aura une licence par coureur et un coureur par épreuve. Dans notre projet, nous limiterons les types de licences à 7.  Cyrille Guimard est régulièrement président sur le Tour du Limousin en tant que consultant TV.

Pensez-vous vraiment que cela peut enrayer la baisse des licenciés ? 

Oui, il faut casser le système structurel. J'ai un autre point à soulever : il n'y a pas de communication. Qui est au courant que nous avons eu six médailles aux championnats du monde VTT cet été et que le champion du monde est Français (Jordan Sarrou, ndlr) ? Il y a deux ans, nous avons eu un super Tour de France avec Julian Alaphilippe en jaune et les différents épisodes Thibaut Pinot, une véritable dramaturgie qui plaît aux gens. Cela n'a pas contribué à l'augmentation des licences. Alors que lorsque les footballeurs sont champions du monde ou que la boxe gagne tout aux Jeux Olympiques, ils en ressentent les effets. 

Dans votre association "Prends ma roue", certains ont déjà été au pouvoir à l'instar de Claude Louis, ancien CTR du Limousin, ou Raymond Delhoume, président du comité départemental de Haute-Vienne. Comment expliquez-vous qu'ils n'aient pas fait bouger les choses à l'époque ? 

Parce que c'est le système qui est comme ça. Quand t'es à l'intérieur, tu ne peux rien bouger. Callot (Michel, président de la Fédération, ndlr) m'avait demandé de mettre en place une ligne managériale pour les équipes de France. Je n'ai rien pu faire. 

Le titre mondial de Julian Alaphilippe est-il l'arbre qui cache la forêt ? 

Oui. Je le redis, nos meilleurs coureurs _ Gaudu, Cosnefroy, Madouas, Peters, etc. _ ont 25 ans. A part Gaudu, qui pour monter sur le podium d'un Grand Tour ? À part Alaphilippe, qui peut obtenir des victoires en World Tour ? Il va avoir 29 ans. Aucun de nos jeunes ne peut rivaliser dans la cour des grands. Il y a un déficit majeur dans le développement de nos coureurs et les priorités. À mon sens, il faudrait faire de la piste, du VTT, du cyclo-cross et de la route avant de se spécialiser sur la route. 

La Fédération française d'athlétisme semble avoir réussi à attirer les pratiquants du running. Alors que la pratique du vélo tend à augmenter en raison des confinements, ce public peut-il être une cible pour la FFC ? 

Il y a dix ans, nous avions déposé un dossier à la Fédération en ayant réalisé un gros travail sur le sport santé loisirs. Aujourd'hui, il doit y avoir 25-30 millions de Français qui font du vélo et, au 15 février, nous avions seulement 34.000 compétiteurs sur nos 77.000 licences au total. D'ailleurs, nous avons perdu 10.000 licences en un an. Je le répète : il faut tout changer, y compris les mentalités. C'est un travail de titan. 

Certains pensent que votre candidature est une affaire personnelle par rapport à Michel Callot...

Le problème est derrière nous. Je lui reproche de m'avoir envoyé au charbon il y a deux ans. Je remettais un système en cause à sa demande. La DTN a dit : "on se met en grève". J'ai alors appris que ma mission était finie. Il n'y a pas eu un seul procès-verbal sur les raisons de mon éviction. Il est élu avec 95 % des voix mais il est incapable d'être le patron. Mais le problème structurel de la Fédération n'est pas lié à lui...  Luc Leblanc, Raymond Poulidor Hubert Fraisseix et Cyrille Guimard

« J'ai toujours mis la meilleure équipe au Tour du Limousin » Ancien coureur et directeur sportif, Cyrille Guimard, 74 ans, est attaché au Tour du Limousin : « Située à l'époque après les critériums et avant les championnats du monde, cette course était importante pour nous. Nous prenions beaucoup de plaisir sur ce Tour et dans cette région de terroir où règne la convivialité. J'ai toujours aligné la meilleure équipe et je crois que nous avons eu pas mal de succès avec Fignon ou Hinault. J'ai un souvenir en particulier : en 1977, nous partions de Tulle avec une bosse énorme de 4 kilomètres au départ. Les pros sortaient de la tournée des critériums et certains pensaient qu'ils étaient râpés (sic). L'équipe de France amateur a voulu tout faire péter dès le départ. Sauf que le Blaireau (Hinault, ndlr)  s'est accroché et, au sommet, il a dit aux mecs : "On roule". Il est parti tout seul et on ne l'a revu qu'à l'arrivée. Les mecs avaient oublié que c'était le Blaireau. »

L'hommage de Cyrille Guimard à André Dufraisse

Recueilli par Kevin Cao kevin.cao@centrefrance.com

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