Plus d'un million de téléspectateurs, et moins de 700 licenciés... Pourquoi le biathlon fait un carton à la télé

Chaque week-end d’hiver ou presque, le rituel est immuable. Xavier rentre de l’entraînement de ski de fond avec ses enfants et s’installe devant La chaîne L’Équipe pour regarder les épreuves de Coupe du monde de biathlon. « C’est court, il y a toujours du suspense et la saisonnalité fait que c’est sympa à suivre, raconte ce père de trois enfants, installé dans le cœur du massif du Pilat. Je regarde depuis longtemps mais cela s’est vraiment démocratisé depuis que L’Équipe assure la diffusion. »

Formats attrayants, Français au top, diffusion gratuite...Les manches de Coupe du monde attirent généralement plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Car comme Xavier et les siens, ils sont environ un million à allumer la télé sur le canal 21 de la TNT, les week-ends d’hiver, pour suivre les aventures de Julia Simon, Justine Braisaz, Quentin Fillon- Maillet ou Émilien Jacquelin. Une aventure débutée en 2015 : La chaîne L’Équipe peut alors compter sur un Martin Fourcade au sommet de son art pour faire rapidement grimper les audiences.

« Martin Fourcade a beaucoup apporté de par son palmarès, cette rage de victoire, son charisme qui lui a permis d’aller bien au-delà de son sport dont il est devenu un ambassadeur »

La discipline en elle-même joue aussi pour beaucoup dans l’engouement qu’elle suscite. Des courses qui excèdent rarement une heure, qui allient la force physique et le talent à skis, avec le sang froid au moment de s’emparer de la carabine. Sans oublier le suspense. « La force du biathlon, c’est que les organisateurs sont très créatifs dans les formats et que, jusqu’à la dernière balle, tout peut arriver, confirme Jérôme Saporito. Je ne connais pas beaucoup de sport plus télégénique que le biathlon ». Un cocktail qui a poussé la chaîne à mettre des moyens toujours plus importants autour de ces retransmissions.

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Cinq épreuves. Épreuve historique et emblématique du biathlon, la course individuelle (15 km pour les femmes et 20 km pour les hommes, avec quatre tirs) a été supplantée par de nouveaux formats plus ramassés, et donc plus télégéniques. Le sprint propose une formule deux fois plus courte, complétée par la poursuite, qui tient compte des handicaps du sprint précédent. Existent aussi le relais, par équipes de quatre, et la mass-start, où tous les athlètes s’élancent en même temps.

Rien que pour les championnats du monde, qui se déroulent jusqu’à dimanche prochain à Nove Mesto, en République tchèque, quarante personnes sont sur place, assurant une cinquantaine d’heures de direct. « C’est le grand moment de la saison, avec la manche de coupe du monde du Grand-Bornand », insiste le patron de la chaîne.

Engouement populaire mais des limites à la pratiqueLe ski de fond suscite également un engouement chez certains jeunes. Photo Richard Brunel

Xavier, qui pratique régulièrement la discipline, s’est déjà rendu deux fois en Haute-Savoie pour suivre cet événement, qui attire à chaque fois plusieurs dizaines de milliers de spectateurs. « C’est un événement extrêmement populaire qui dépasse largement le monde du biathlon, relate-t-il. Et puis l’ambiance est sympa, les champions abordables et très fair-play. »

Un engouement populaire qui rejaillit sur la pratique de la discipline, même si celle-ci reste encore plus que confidentielle. « C’est le sport le plus fou en termes de ratio : nombre de licenciés - nombre de téléspectateurs », rappelle Jérôme Saporito. Car même si les chiffres sont en hausse, la Fédération française de ski ne recense pas plus de 650 licenciés. « Il y a un vrai regain d’intérêt, entretenu par tous ces champions et les médailles régulières obtenues lors des championnats du monde ou des Jeux olympiques, mais il y a trop de freins à la pratique pour que cela se démocratise », observe Loïc Page, responsable du circuit national de biathlon à la Fédération. L’utilisation d’une arme à feu, l’homologation des sites, l’encadrement… « On ne peut pas faire du biathlon n’importe où et n’importe comment. »

Seule une quinzaine de sites pour pratiquer en FranceL'utilisation d'une carabine 22 long rifle est extrêmement encadrée. Photo Richard Brunel

Parmi la quinzaine de sites français figure notamment la Féclaz. Perchée à 1.350 mètres, au-dessus de Chambéry, la station savoyarde est le paradis des fondeurs, avec plus de 150 km de pistes, mais aussi, des biathlètes.

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Ce mercredi de janvier, ils sont plusieurs dizaines de jeunes du comité de ski de Savoie à se succéder sur le pas de tir de 30 cibles à 50 mètres. Parmi eux, Max, 17 ans. Fondeur depuis tout petit, il s’est mis au biathlon à l’âge de 13 ans. « C’est un sport de pleine nature, où le ski et le côté ludique du tir se complètent bien, s’enthousiasme-t-il. Et puis, quand on les voit à la télé, ça fait rêver?! »

« Depuis six ans que je coache le biathlon, on a vu grimper le nombre de licenciés et de participants aux compétitions. Il y a même des adultes qui se mettent au biathlon ».

Depuis l’été 2020, la société Biathlon expérience propose ainsi aux particuliers de s’initier à la discipline avec des carabines à plomb à air comprimé sur les pistes de La Féclaz. « C’est quelque chose de très ludique et, ce qui plaît, c’est que l’on est rapidement dans la réussite et que l’on peut se faire plaisir, constate Pierre Guedon, l’un des associés. On essaie d’intégrer tous les paramètres pour que les gens aient les mêmes sensations que les champions. » Et puissent s’identifier à eux, tranquillement assis devant la télé… Championnats du monde de biathlon à Nove Mesto (République tchèque), à suivre jusqu’au 18 février 2023, sur La chaîne L’Équipe et Eurosport 1

Maxime Escot