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Biathlon: "J'en avais marre d'être troisième", livre Fillon Maillet

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Q: Etes-vous toujours sur votre petit nuage ou prenez-vous conscience, avec le recul, de la saison exceptionnelle que vous venez de réaliser?

R: "Je commence à prendre conscience de tout ça. Pendant la saison, avec l'enchaînement des courses, je n'ai pas le temps de célébrer les victoires, je reste toujours focus sur la course du lendemain. Même après le retour des Jeux, il y avait la course au gros globe qui reprenait. Donc célébrer le gros globe à la fin, cela permet de relâcher la pression et de profiter. Cela a été une saison incroyable. Ce n'est jamais parfait, parce qu'il y a toujours des choses à faire évoluer mais j'avais pour objectif de ramener une médaille d'or des Jeux olympiques et tenter de jouer le gros globe et j'ai fait encore mieux que prévu. C'est génial."

Q: Avez-vous été surpris par vos performances?

R: "Oui et non. Je suis troisième mondial sur les trois dernières saisons avec à chaque fois au moins une médaille mondiale. Je me demandais ce qui me manquait pour aller chercher la première place comme Martin Fourcade. C'était mon vrai questionnement. J'en avais marre d'être troisième. Ce n'était pas ce que j'attendais. J'ai donc fait un gros travail mental durant la préparation pour être meilleur, gérer les émotions, la pression et la stabilité tout au long d'une saison. C'est cela qui a fait la différence entre une saison correcte et celle-ci qui a été exceptionnelle. Je me suis entouré d'un préparateur mental, j'ai eu des échanges avec Jean-Claude Killy. Ils m'ont apporté leur vision des choses et leur expertise. C'était très enrichissant. J'ai aussi fait un stage avec le GIGN, pour voir comment ils gèrent ce stress dans des conditions extrêmes. "

Q: Entre les deux médailles d'or olympiques et le gros globe de cristal, qu'est-ce qui a le plus de saveur?

R: "La médaille olympique représente une réussite aux yeux du grand public parce que les JO sont très médiatisés. C'est une énorme fierté d'avoir réussi cet évènement majeur dans une carrière. Le gros globe de cristal récompense le meilleur sur une saison, la régularité. Donc cela a plus de valeur sportivement."

Q: Il n'y a jamais eu de moment de doute cette saison?

R: "J'ai eu un gros doute en début de saison à Ostersund. Je pensais avoir corrigé le problème après avoir aussi connu un début difficile la saison précédente, il y avait donc un peu de frustration. Mais je me suis ensuite rassuré parce que je suis un peu diesel et les choses se sont lancées petit à petit. Le déclic s'est produit avant les premières courses des Jeux. Il y avait beaucoup d'inquiétudes sur les conditions à Pékin, le vent, le froid, les contraintes Covid. C'était assez stressant, il fallait faire attention à ne pas être positif avant. Le voyage et le protocole d'arrivée étaient très strictes mais une fois arrivé sur place, j'ai été agréablement surpris. Il y avait moins de vent et de froid que je ne l'imaginais. Cela m'a donné de la confiance avant les premières courses et une vraie volonté. Je n'avais vraiment pas peur et ça a fait la différence pour la suite."

Q: Vous étiez surnommé le "Morbac" mais vous avez été plutôt en mode cannibale cet hiver...

R: "On ne choisit pas ses surnoms mais je suis assez fier de ce que ça représente. Mais j'étais tellement focalisé sur ma course puis sur celle d'après que je ne me rendais pas compte de ce que j'étais en train de réaliser, c'est-à-dire réussir mon rêve d'enfant qui était de devenir le meilleur biathlète du monde."

Q: Quels sont vos prochains objectifs après avoir tout gagné cette saison et comment gérer votre nouveau statut?

R: "Mon bonheur n'est pas que dans la quête d'une médaille d'or et du gros globe de cristal mais dans le fait de courir, de faire du sport, d'évoluer en tant que biathlète. Le but ce sera de garder ce qui m'a permis de faire des courses exceptionnelles, de trouver de la nouveauté dans la préparation. Je vais devoir me détacher de la pression. Les gens vont attendre que je reproduise la même chose. Quand on est premier, l'exigence monte d'un cran."

Propos recueillis par Keyvan NARAGHI

kn/clv

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