Volley-ball
Ajouter une nouvelle
Nouvelles

À Saint-Flour (cantal), le volley égaye les journées des demandeurs d'asile

0 4
À Saint-Flour (cantal), le volley égaye les journées des demandeurs d'asile

«Good match, ou good play, je sais pas comment on dit. » Cédric, un des « pompelec », l’équipe corpo qui rassemble pompiers et salariés d’Enedis, doit travailler son anglais en plus de sa détente, ce soir. Car en face se présente l’équipe du Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile, engagée depuis la rentrée dans le championnat de volley organisé par l’OMJS.

Préparation

« C’est la nouvelle directrice, Mylène Moreau, qui m’a proposé d’accompagner les demandeurs d’asile à ce tournoi », détaille Éric, bénévole depuis la création du centre à Saint-Flour, et désormais coach. « L’OMJS lui avait soufflé l’idée, et a bien fait les choses, parce qu’on a eu le gymnase de la Vigière pour nous tout seul une fois par semaine pour s’entraîner avant que le championnat débute. » Depuis, tous les jeudis soir, il prend le véhicule du centre, et amène sa petite équipe se défouler. « En tout, il y a une dizaine de participants, mais tous ne viennent pas à chaque fois. Ça tourne, mais j’en ai toujours six au moins, pour pouvoir faire un match. Essentiellement des hommes célibataires, c’est plus compliqué pour les familles de se libérer, avec les enfants. Certains avaient déjà joué au volley, d’autres non… mais ce qui leur plaît, c’est l’idée de se défouler, de sortir du centre. Ils n’ont pas grand-chose à faire de leur journée, ça les aide à décompresser. Du coup, je pense que c’est une bonne idée, à développer si possible. L’autre fois, on a fait une initiation à l’escalade avec l’Amicale Laïque, et ils se sont éclatés. »

Bon pour le corps et la tête

Fahim ne dit pas autre chose.

J’avais l’habitude de faire beaucoup de sport en Afghanistan, de la musculation et de la lutte surtout. Le volley, je connaissais, mais ce qui compte surtout, c’est de faire du sport : c’est bon pour le corps, et c’est bon pour la tête. 

Jeudi, c’était son dernier match. Celui qui était journaliste dans sa vie d’avant vient d’avoir ses papiers, il quitte Saint-Flour pour Toulouse : « là-bas, je pourrai faire des études, améliorer mon français et inch’allah, peut-être redevenir journaliste un jour. »

Règles

Pour l’heure, il y a un match à jouer. Et c’est surtout son petit frère, Samir, qui se fait remarquer. Par la puissance de son service qui permet à l’équipe de rester au contact des pompelec. « Les faire tourner au service, ça a été une des choses les plus compliquées à leur faire passer, sourit Éric. Ils voulaient un peu jouer à leur sauce, pas trop s’embêter avec les règles. Et ça n’a pas plus à toutes les équipes, certains les ont bien repris… et tant mieux, il ne faut pas faire d’angélisme, ce serait pas leur rendre service. »

Echanges

D’autant plus compliqué d’ordonner l’équipe quand s’ajoute la barrière des langues. « C’est pas évident de faire passer les consignes. On le fait un peu par le langage des signes, un peu en anglais… mais je me force à parler le plus possible en français, ils peuvent aussi apprendre en jouant. Même si ça passe au second plan. Et c’est peut-être ce qui me manque le plus par rapport à avant, quand je leur donnais des cours de français : échanger. Là, on arrive, on joue au ballon. »

Peu importe la défaite, les sourires étaient là

Aide

Mais le bénévole y trouve quand même son compte :

 j’ai toujours été profondément choqué par les différences de niveau de vie entre nous occidentaux et certains pays du Sud. Je ne comprends pas qu’ils puissent endurer ce qu’ils endurent. Alors, si je peux aider, même modestement, tant mieux, et ça m’apporte beaucoup, même si je rencontre des gens bien comme des gens pas bien. La seule chose qui me frustre, c’est de ne pas en savoir plus sur eux… mais ça fait partie du contrat quand on est bénévole : ne pas les questionner sur leur vie d’avant. 

Un contrat qu’il aimerait voir se développer : « il faudrait que plus de bénévoles nous rejoignent. Ce n’est pas forcément contraignant, chacun fait comme il peut, selon le temps qu’il a. Mais pour eux, c’est essentiel, plus ils font d’activités, mieux ils se sentent. » Et peu importe si, ce soir-là, ils se sont finalement inclinés 3 sets à 2.

Yann Bayssat

Загрузка...

Comments

Комментарии для сайта Cackle
Загрузка...

More news:

Read on Sportsweek.org:

Autres sports

Sponsored