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Les 100 ans de Dunlop à Montluçon : pourquoi l'usine doit beaucoup aux femmes

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Les 100 ans de Dunlop à Montluçon : pourquoi l'usine doit beaucoup aux femmes

Si Dunlop ne compte plus aujourd’hui qu’une trentaine de femmes dans ses effectifs, principalement dans les bureaux, le personnel féminin a pris une part importante dans le développement de l’entreprise montluçonnaise. A travers ces trois témoignages, nous leur rendons hommage.

Cathy Robérieux a attaqué à Dunlop en 1983.

Catherine Robérieux, 56 ans, intérimaire à la vérification des pneus

Elle ne pensait pas revenir un jour à Dunlop. Mais voilà, la vie a fait que… « On m’a repris au talon en 2017. J’y suis restée pendant sept mois. Et là, je suis en train de terminer un contrat de 18 mois à la vérification. Cela m’a fait plaisir de retrouver des gens avec qui j’avais travaillé ».

Cathy est entrée à Dunlop en 1983. A l’atelier tennis comme beaucoup d’autres avant elle. « Je cherchais du boulot. Mon père travaillait à Dunlop, mon beau-frère aussi. C’était l’époque où on faisait les balles à la main avec les plateaux en pyramide. Après, on a travaillé à la machine ».

Suite à une baisse des commandes, Cathy passe à l’atelier textile où son travail consiste à fabriquer des bobines de fil. Puis, elle revient au tennis jusqu’à la fermeture de l’atelier. Et… retourne au textile.

Ils aimaient bien les gens polyvalents et moi ça me convenait.

Pour autant, elle n’est pas prête à tout accepter. Les week-ends?? Elle refuse. La nuit?? Elle dit oui à la faveur de son passage en 3 X 8 au sein de l’atelier poids lourds. « J’ai été la première femme à accepter de faire les nuits. Certaines n’étaient pas contentes, d’autres comprenaient. Moi, j’ai adoré le service de nuit ».

A la fermeture du poids lourds en 2001, l’entreprise lui propose de passer aux week-ends. « Beaucoup de copines étaient déjà parties. Alors, j’ai demandé à partir ».

Francoise Reynes est rentrée à Dunlop en 2010.

Françoise Reynes, 56 ans, en CDI à la réparation des pneus et à la couture

« Ça vous dit de déposer un CV à Dunlop », questionne la boite d’intérim. « J’ai dit pourquoi pas. Quinze jours plus tard, ils m’ont appelé. Ça vous intéresse de travailler les week-ends. J’ai dit oui si ce n’est pas tout le temps ».

En janvier 2010, Françoise Reynes rentre à la vérification des pneus. « Cela me faisait tout drôle au départ, il n’y avait que des hommes. Et beaucoup étaient très proches de la retraite ». Très vite, elle demande à travailler la nuit.

« J’avais fait ça dix ans chez Bréa. On n’était que quatre à l’époque et ça nous plaisait ». Françoise, qui « aime bien bouger », passe ensuite au bardage, à la mesure, à la camionnette et même à la cuisson.

Quand on travaille à Dunlop, il ne faut pas avoir deux de tension.

Avant un retour à la vérification. « Depuis trois ans, je suis aussi couturière. Je fais par exemple des sacoches pour les outils des gars ». Aujourd’hui, Françoise pense avoir mérité sa place dans l’entreprise. « Ils savent que les gens qui viennent de Bréa, c’était pas des fainéants ».

Beatrice Francois est partie à la retraite il y a un an.

Béatrice François, 61 ans, retraitée et ancienne syndicaliste CFDT.

B A la retraite depuis un an, Béatrice François a passé 41 ans à Dunlop?! « J’ai fait tellement de choses dans cette entreprise, c’était tellement diversifié. Ce que je trouvais bien, c’est qu’on pouvait bouger ».

En janvier 1978, Béatrice, qui a tout juste 18 ans, décide de suivre les traces de papa qui occupe les fonctions de chef d’équipe à Dunlop. Au sein de l’atelier tennis, il lui faut apprendre à vivre avec « l’odeur » dégagée par la fabrication des balles.

« Ce n’était pas toujours simple mais comme il y avait une super-ambiance dans l’équipe, on faisait avec ». Assez rapidement, Béatrice change de voie et commence à faire des remplacements dans les bureaux.

Il y a des collègues que je vois encore aujourd’hui.

En 1983, elle entre au secrétariat de l’atelier mélange. Là encore, une belle période. Au début des années 90, Béatrice demande à devenir chef d’équipe. Ce sera un refus. « Ils m’ont dit que les hommes n’accepteraient pas de se faire commander par une femme ».

Alors, elle multiplie les postes : le planning (mélange, gommage et moto), la logistique, l’approvisionnement en matières premières. En 2011, sa vie prend un tournant quand elle devient secrétaire du comité d’entreprise. Une surprise pour cette adhérente de la CFDT.

« Je m’étais mise sur la liste mais je ne prétendais à rien. Ce n’était pas mon objectif. On a vécu trois mois très compliqué (le passage de témoin avec la CGT, N.D.L.R). J’ai été très bien soutenue par Greg, le trésorier. Marc, aussi ». Pendant ses quatre ans de mandat, Béatrice s’est attachée à ce que « tous les salariés puissent bénéficier des aides du CE ». « C’était un moment très intense ».

INFO PLUS

 Années 30. Le personnel féminin représente 40 à 50 % des effectifs. On les trouve dans divers ateliers : les balles de tennis, le coton où se fabriquent les toiles, celui dédié aux bottes en caoutchouc. Elles sont également présentes dans le pneumatique. « Elles sont nombreuses à la production des chambres à air, des pneus vélo ou les pneus auto de petites dimensions et même parfois au poids lourds, car, à l’époque, ces fabrications étaient d’un poids moindre », explique l’historien Pierre Couderc, dans son livre, Dunlop-Montluçon, des décennies d’histoire partagée.

1948. Renvoyées après le bombardement, les ouvrières ne sont plus que 153 en octobre 1943. Mais très vite, la machine se remet en route : 414 en décembre 1944, 993 en décembre 1945, 1.492 en décembre 1946 et 1.535 en 1948.

Années 60.  La disparition de deux activités annexes, le lastex qui servait à la fabrication d’articles médicaux et de bonneterie et les bottes, porte un coup rude à la main-d’œuvre féminine. Heureusement, quelques années plus tôt, le développement croissant des activités sportives, et notamment la production de balles de tennis, permet de maintenir l’emploi féminin autour de 900 personnes.

 1952. Cette année-là, le nombre de cadres et de collaborateurs dépasse pour la première fois le nombre d’ouvrières. De 850, elles passent à 538 en 1962. Alors que l’entreprise fait appel à du personnel qualifié, la baisse du nombre d’ouvrières se poursuit dans les années 60. « 50 % en moins, raconte Pierre Couderc pour qui « le poids des bobines augmente et devient trop lourd pour elles ».

1983. Juste avant le dépôt de bilan, il ne reste plus que 155 femmes dans l’usine : 101 ouvrières, 54 collaboratrices et une cadre.

Fabrice Redon

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