Natation synchronisée
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Une belle histoire de passion et d’amitié

Mardi 29 Août 2017 - 20:30

Alertes sexagénaires, Françoise Noyer (ex-Schuler) et Dominique Blanc-Lainé ont été sacrées vice-championnes du monde maîtres en duo. Mais elles sont surtout deux entraîneurs mythiques de l’équipe de France, toujours aussi passionnées par leur sport.

De quand datent vos débuts respectifs en natation synchronisée ?

Françoise Noyer : J’ai commencé par la natation, au club de Levallois-Perret. J’avais un bon niveau, mais je me suis mise à la synchro à 14-15 ans. Comme je faisais parallèlement de la danse, j’avais tous les « fondamentaux » (souplesse, musicalité, grâce, appuis…) pour réussir rapidement dans ce sport. J’ai pris la cinquième place des premiers championnats du monde à Belgrade en solo, en 1973 (1). J’ai arrêté ma carrière de nageuse dans la foulée, à la naissance de ma deuxième fille, Juliette (2).

Dominique Blanc-Lainé : Jeune, j’étais plutôt une bonne nageuse de sportive, dos et quatre nages. En ce qui concerne  la synchro, j’avais bien fait un duo avec Muriel Hermine quand je l’entraînais, dans les années 1970, mais mes vrais débuts datent de… 2010 ! J’habitais aux Etats-Unis où j’entraînais un club de masters quand j’ai eu l’envie de pratiquer vraiment.

Vous avez l’une et l’autre été entraîneur de club et des équipes de France…

F. N. : J’ai commencé à entraîner juste après avoir arrêté ma carrière de nageuse synchro. C’était d’abord en tant que bénévole, au club de Vélizy où m’a rejoint Muriel Hermine. Professionnellement, j’étais prof de danse et c’est en catimini que je me suis occupée de Muriel à l’INSEP. La synchro manquait de considération et il a fallu prouver qu’on était de vraies sportives. Dans le milieu de la natation, on nous appelait  même « les balayettes » jusqu’à ce que notre sport devienne olympique en 1984. Entre temps, d’autres nageuses sont venues à l’INSEP et ont souhaité que je sois entraîneur de l’équipe de France. Ce que j’ai été jusqu’au Jeux de Séoul, en 1988, avant de devenir par la suite adjointe au DTN.

D.B.-L. : Quand j’ai eu mon « MNS » en 1973, j’ai mis en place une activité natation synchronisée à Crépy-en-Valois, dans l’Oise. Mais c’est à Joué-les-Tours, puis à Monts, dans l’Indre-et-Loire, que j’ai vraiment créé et entraîné des clubs de synchro. Celui du Ripault (Monts) deviendra le deuxième club français. Entre 1976 et 1986, j’y ai formé une douzaine d’internationales dont Muriel Hermine, Anne Capron, Rachel Le Bozec et Cathy Geoffroy qui participeront toutes aux JO. J’ai ensuite été en charge du centre d’entraînement d’Aix-en-Provence où évoluaient à ce moment-là Delphine Maréchal et Virginie Dedieu, autres « olympiques », puis de celui de Lyon où a été formée Myriam Glez. A partir de 1978, j’ai été appelée pour entraîner les différentes équipes de France (minimes, juniors, seniors), comme assistante au départ.

Françoise Noyer (ex-Schuler) et Dominique Blanc-Lainé ont été sacrées vice-championnats du monde maîtres en duo (FFN).

C’est comme ça que vous vous êtes connues ?

F.N. : Dominique était une entraîneur qualifiée, qui avait fait ses preuves en club et avec les équipes de France. J’ai fait appel à elle et à Annick Delaporte, aujourd’hui juge international, pour me seconder sur les stages de l’équipe de France, pendant  les compétitions. Leurs avis m’étaient très précieux… On a partagé des tas de choses. Des échecs, mais aussi des succès comme es championnat d’Europe 1987, à Strasbourg, où on a décroché l’or en solo, duo et équipe !

D.B.-L. : Françoise était « la chef », mais nos relations ont fini par dépasser le cadre strictement professionnel. Même si on ne se voyait pas plus que ça en dehors de la synchro, on a toujours eu plaisir à passer des moments ensemble quand on était en stage ou en compétition.  Cela a continué après nos « retraites ». Quand Françoise, qui est devenue antiquaire, venait par exemple sur Lyon où j’habitais, pour des salons, il m’est arrivé de l’accompagner à plusieurs reprises.

Comment est venue l’idée de ce duo ?

F.N. : C’est Dominique qui m’a contactée quand elle est revenue des Etats-Unis pour me dire qu’il existait des compétitions masters. Qu’elle y avait participé et qu’elle aimerait qu’on fasse un duo ensemble. Moi, je n’étais plus dans la synchro depuis longtemps, mais j’avais prévu de prendre ma retraite d’antiquaire à 65 ans. J’allais avoir du temps et besoin d’une activité physique alors… je me suis laissée tenter.

D. B.-L. : A mon retour des Etats-Unis, j’ai cherché un club sur Paris et pensé à Françoise pour faire un duo. La première année, on a dû se débrouiller toutes les deux, en s’entraînant à droite, à gauche. Après notre titre de championnes du monde en 2012, le Stade Français, où entraîne Juliette, la fille de Françoise, nous a octroyé une heure d’entraînement. On a ensuite trouvé une piscine pour le week-end et on a rejoint le groupe de natation masters du SFOC pour arriver à trois séances par semaine !

(FFN).

Votre collaboration, comme nageuses, se passe comment ? Pas facile pour deux entraîneurs de haut niveau, non ?

D. B.-L. : Depuis qu’on nage en duo ensemble, on a toujours été sur la même longueur d’onde et à l’écoute l’une de l’autre. Quand une n’a pas trop envie, l’autre la pousse ; quand on voit qu’on « meurt », on rajoute huit temps de « récup »… Pour nos solos, on s’entraîne mutuellement !

F. N. : Je dirais qu’on se complète pas mal. Par exemple, je suis plus à l’aise pour les comptes, donc c’est moi qui compte pour nous deux… Pour les chorégraphies, c’est Juliette, ma fille, qui commande et on n’a pas vraiment notre mot à dire (rires)... Même si on essaie parfois de changer quelques petits trucs en cachette, pour que ça soit plus facile.

Qu’est-ce qui est le plus dur dans votre pratique aujourd’hui ?

F. N. : Je n’avais jamais refait de synchro depuis 1973, mais j’ai assez vite récupéré mes bases techniques. Par contre, ça a été - et c’est toujours - beaucoup plus compliqué avec les apnées. La récupération aussi est compliquée. D’autant que je ne sais pas pourquoi, mais le programme des championnats du monde est ainsi fait que ce sont les plus âgées qui commencent. A Budapest, on nageait à 8 heures du matin avec un lever à 6 heures… Par contre, je n’ai plus de rhumatismes (rires)...

D. B.-L. : La technique. Je vous rappelle que je n’avais jamais fait de la synchro, dans l’eau, avant 2010 ! J’ai donc des lacunes… Mais il  a du progrès. A Budapest, c’est la première fois que j’arrive à mettre une vrille dans un programme !

L'équipe de France des maîtres engagée dans les épreuves de natation synchronisée des championnats du monde de Budapest (FFN).

Et cette médaille, elle fait plaisir ?

F. N. : Personnellement, je suis contente si je nage bien ; le classement n’est pas un objectif. Je sais ce qu’est le très haut niveau. Alors je relativise la valeur de nos médailles. Franchement, elles sont en chocolat. Elles ont surtout une valeur psychologique et permettent de montrer que la synchro est accessible à tous, de la petite fille de 6 ans à la dame de 69 ans

D. B.-L. : Les médailles, ça fait toujours plaisir, mais celle qui m’a peut-être apporté le plus de joie lors de ces derniers championnats du monde, c’est celle de notre équipe du Stade Français. C’était un groupe de « bras cassés », avec des mères de famille, des sexagénaires, des jeunes, des filles un peu fortes, des minces, des débutantes comme ma fille Justine qui a commencé il y a seulement deux ans, des nageuses expérimentées…

Peut-on s’attendre à vous voir encore longtemps dans les bassins ?

F. N. : Je m’amuse encore beaucoup en faisant de la synchro. Alors je vais continuer… encore un peu. Mais en solo seulement puisque Dominique va me quitter.

D. B.-L. : J’habite à Lyon et c’est devenu compliqué de m’entraîner sur Paris avec Françoise. Mais pas question d’arrêter. Je vais rejoindre le club d’Oullins où je vais retrouver d’anciennes nageuses que j’ai entraînées à Lyon ! Je vais faire un solo, c’est sûr, et essayer de gagner ma place dans le combiné. Je serai la plus vieille, mais si je dois être remplaçante… je serai remplaçante.

Recueilli par Jean-Pierre Chafes

(1) Elle terminera également septième en duo et sixième en équipe.

(2) Karine Schuler, l’aînée, a été quadruple championne d’Europe (équipe et duo) et a participé aux JO de 1988 (avec Muriel Hermine) et 1992 (avec Anne Capron).

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