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« Les signaux sont positifs »

Vendredi 24 Janvier 2020 - 15:15

Réaliste, Clémence Clerc l’est à plus d’un titre. La Lilloise de 28 ans, « ancienne » de la maison tricolore, a bien conscience des lacunes offensives affichées par les Bleues lors du championnat d’Europe hongrois, du manque d’expérience des plus jeunes joueuses et de son propre manque de réussite, mais elle n’en demeure pas moins concentrée sur le tournoi de qualification olympique qui se tiendra à Trieste du 8 au 15 mars prochain. Il y a quatre ans, c’est là-bas, en Italie, que les garçons de l’équipe de France avaient réussi l’impensable : se qualifier aux Jeux olympiques après vingt-quatre ans d’absence. C’est aux filles, à présent, de forcer leur destin et d’écrire ce qui pourrait être la plus belle page de leur histoire.

Clémence, quelle impression te laisse ce championnat d’Europe à Budapest ?

Je reste sur un peu de frustration. On espérait voir l’écart se réduire avec les grosses formations continentales, mais ça pas été le cas. Pourtant, on a vu de bonnes choses. Le groupe progresse, mais cela ne se reflète pas encore sur les scores. Forcément, c’est un peu décevant.

Sur le plan athlétique et en natation pure, on sent, en effet, que les filles sont plus fortes.

C’est indéniable, mais en même temps, comme on l’a vu contre la Grèce (défaite 13-3 le jeudi 23 janvier), notre réussite offensive n’est pas franchement convaincante. Pour accrocher ce genre d’équipe, il faudrait que les cinq ou six joueuses cadres du groupe soient simultanément dans un bon jour. Sans cela, c’est difficile de les bousculer. A partir du moment où on les fera douter, la pression changera de camp et on entrera dans une dynamique très différente.

Ça ne tient donc pas à grand-chose.

Prendre treize buts, c’est une chose, mais n’en marquer que trois, c’est dur à accepter. Donc oui, on tient pendant deux quart-temps (4-1 à la mi-temps), puis on se désagrège progressivement. Mais, je le répète, si on avait inscrit un ou deux buts supplémentaires en première mi-temps, le déroulement de la rencontre aurait été différent. Donc oui, ça ne tient pas à grand-chose.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

A quoi tient ce « désagrégement » dont tu parles ?

Au manque d’expérience et de vécu sur la scène internationale. On a encore trop souvent tendance à être scolaire, à réciter nos systèmes de jeu alors qu’il faudrait faire preuve de davantage de feeling pour surprendre nos adversaires. Au bout d’un moment, elles nous voient arriver.

Reste que depuis de quelques mois, le collectif féminin donne l’impression de changer de visage. Peut-être que cela doit sembler long aux « anciennes » de l’équipe, mais on commence à se dire que le rêve olympique que vous poursuivez depuis des années n’est plus complètement inaccessible.

C’est vrai que pour les plus « anciennes », c’est parfois difficile de garder cet objectif en tête. Mais c’est vrai aussi que les signaux sont positifs. On voit bien que nous progressons dans la bonne direction et qu’il y a des raisons d’y croire.

En sachant également que tout peut arriver lors du tournoi de qualification olympique.

C’est une compétition de titan, sans doute la plus difficile. Le rythme est hyper soutenu avec un match par jour. Mais je crois que c’est d’abord sur le plan mental que tout va se jouer. Les derniers jours, il n’y a plus de grandes équipes. Toutes les filles sont entamées physiquement et c’est dans la tête qu’il faut s’arracher. Finalement, je me dis que c’est peut-être un atout pour nous.

Pourquoi ?

Parce que sur le plan physique, nous sommes vraiment au point. A titre personnel, je n’ai jamais nagé aussi vite et poussé aussi fort. Rarement j’ai été aussi peu fatiguée à la fin d’une compétition de ce niveau. Physiquement, on sera prête à relever le défi du TQO. En revanche, il faudra être solide mentalement.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Le gros mois qui vous sépare du TQO de Trieste sera-t-il suffisant pour vous blinder mentalement ?

Ça va être difficile ! Contre la Grèce, par exemple, il faudra gratter dix buts. Est-ce que c’est possible en si peu de temps ? Je ne sais pas. Ce dont je suis certaine, en revanche, c’est que nous n’avons pas évolué à notre niveau face aux Grecques pendant l’Euro de Budapest. Je pense que l’on peut faire beaucoup mieux.

La qualification olympique des garçons en 2016 vous donne-t-elle de l’espoir ?

C’est sûr que ça décomplexe. On se dit que c’est possible, même si le water-polo masculin et féminin sont très différents. On verra à Trieste. Le scénario, à mon avis, n’aura rien de comparable. On ne sera pas favorite, mais si les planètes sont alignées, comme Florian aime à nous le dire, alors oui, on peut atteindre notre rêve olympique.

Une qualification pour les Jeux de Tokyo qui permettrait d’aborder le rendez-vous parisien de 2024 avec une expérience renforcée.

Ça donnerait en tout cas une légitimité à l’équipe. Ça montrerait qu’on a mérité notre qualification et qu’elle ne tient pas seulement à notre statut de pays organisateur. Ce serait ensuite le moyen d’engranger de l’expérience dans la perspective de Paris 2024, où nous aurons à cœur de signer un gros résultat.

Quatre ans suffiront-ils pour bousculer la hiérarchie internationale ?

Là encore, c’est difficile de répondre. Je pense que ces quatre années doivent surtout nous permettre de travailler à fond. Pour les « anciennes », il s’agit plus précisément de continuer à emmagasiner de l’expérience collective tandis que les jeunes devront accumuler, elles, du vécu au plus haut niveau afin que le groupe soit le plus homogène en 2024.

(KMSP/Stéphane Kempinaire)

Sans craindre toutefois de voir émerger de nouveaux talents tricolores et de voir ensuite la hiérarchie au sein du collectif national évoluer ?

C’est le jeu du haut niveau ! Notre ambition, c’est vraiment d’engager la meilleure équipe possible à Paris en 2024. Personnellement, s’il y a des jeunes qui émergent d’ici-là et qui prennent ma place, ce ne sera pas un souci. J’irais les encourager avec grand plaisir.

Sans regret de ne pas prendre part à l’échéance parisienne ?

Après toutes ces années en équipe de France et quatre années supplémentaires de préparation, peut-être qu’il y aurait un pincement au cœur si je me fais évincer, mais j’ai vraiment pris du recul sur cette compétition. Je le répète, nous voulons que l’équipe de France féminine de water-polo réalise un gros résultat. Si on ne fait pas partie du groupe, c’est que d’autres filles auront travaillé dur pour y être. Jouer à Paris, ce n’est pas une gratification, c’est un projet ambitieux. Je préfère mille fois ne pas y être, mais que la France montre un visage conquérant, qu’y être et que l’on perde tous nos matchs de dix ou quinze buts (elle s’interrompt)… Moi, déjà, je ne me sens pas complètement au niveau sur ce championnat d’Europe…

Comment ça ?

Si des jeunes avaient pris ma place, cela ne m’aurait pas franchement surprise…

Tu nous disais pourtant il y a un instant que jamais tu ne t’étais jamais sentie aussi bien…

Sur le plan physique, oui, c’est indéniable, mais dans le jeu, c’était compliqué…

Pour quelle raison ?

J’ai fait une pause maternité d’un an. Année pendant laquelle je n’ai pas évolué avec les filles. J’ai aussi beaucoup changé de position ces dernières années. Donc oui, je vois bien que je ne suis pas décisive en attaque. Pour l’heure, il n’y a pas de filles plus décisives que moi dans ce domaine, donc je tiens ma place et je fais de mon mieux pour l’équipe nationale. Mais le jour où il y aura dix filles plus efficaces que moi et si je ne parviens à progresser en attaque, alors oui, il sera temps de laisser ma place.

Recueilli à Budapest par Adrien Cadot

 

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