Corrèze : FDSEA et JA ont livré du fumier à la grande distribution cette nuit

Les agriculteurs corréziens avaient prévenu : les actions "coups de poing" contre les grandes surfaces allaient sans doute continuer. Des menaces mises à exécution cette nuit de vendredi à samedi, en Corrèze. Les agriculteurs portés par la FDSEA et les JA ont ciblé plusieurs GMS (grandes et moyennes surfaces) pour déverser fumier et pneus aux portes des magasins.

Une façon de montrer leur mécontentement face à des prix d'achat de leurs produits jugés non rémunérateurs.

Jeudi 4 mars, une rencontre avec le responsable des achats viande du groupe Carrefour à Tulle avait tourné au dialogue de sourds.

Dialogue de sourds entre éleveurs de bovins et grande distribution en Corrèze

"Cadeau d'affaires"

Alors, ironisant sur les difficultés avancées par la grande distribution pour respecter ses engagements, les agriculteurs ont décidé de livrer, dans la nuit, leurs "cadeaux d'affaires".

"Nous comprenons que l’amour que nous porte la grande distribution nous suffit, et que l’argent est finalement bien accessoire. Alors oui, nous reconnaissons notre erreur et en guise d’obédience, accédons à un usage que nous savons fort apprécié par la grande distribution : le cadeau d’affaires. Que les mauvaiseslangues appellent cela marge arrière, ristourne ou encore rétro-commission ne changera rien à notre démarche", indiquent la FDSEA et les JA dans un communiqué.

Les grandes surfaces d'Ussel, Argentat, Beynat, Uzerche, Lubersac, Brive, Egletons et Tulle ont été concernées cette nuit. 

60 à 70 % des GMS ciblées

Laurent Boisset, responsable de la section bovine départementale à la FDSEA, éleveur à Masseret, estime entre 60 et 70 % des GMS couvertes par ces actions cette nuit sur le département avec "un chauffeur, un tracteur et une remorque".  Ces opérations coordonnées ont débuté à 4 heures du matin.

" Cette opération fait suite à notre rendez-vous avec Carrefour national. Ce sont des gens qui nous racontent des mensonges, ils se moquent de nous. Ils ont fait des dividendes record distribués en 2020 et ils ne veulent pas donner un centime de plus à un éleveur parce que, sinon, ils vont être obligés d'augmenter la viande et qu'ils en vendront moins ! Ils ne veulent pas rogner leur marge pour donner aux éleveurs et respecter leurs engagements signés à l'interprofession concernant la loi Egalim. Leur signature ne vaut rien aujourd'hui !" peste le représentant de la FDSEA.

D'autres actions sont à venir.

Laetitia Soulier