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"Des fondeurs ratés" : quand William Poromaa, forte tête du ski de fond suédois, tire sur les biathlètes

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C’est qui le plus fort?? Une éternelle question, enfantine ou pas selon qu’elle concerne Messi ou Ronaldo, Batman ou Superman, les Beatles et les Rolling Stones, l’éléphant ou l’hippopotame… Voire les biathlètes et les skieurs de fond.

Invité d’un podcast suédois la semaine passée, le jeune (23 ans) William Poromaa, spécialiste du fond, a donné son avis sur la question. Et il n’y est pas allé avec le dos de la spatule, déclarant son désamour envers la discipline cousine. "J’ai beaucoup de mal avec le biathlon en tant que sport. J’en ai fait quand j’étais enfant, je n’ai jamais aimé", a reconnu le médaillé de bronze du 50 km des derniers Mondiaux. "Je ne comprends pas pourquoi ce sport est si populaire et cela m’énerve un peu. Je ne comprends pas pourquoi les gens se passionnent pour cette discipline et je trouve qu’on en fait beaucoup trop autour du biathlon", a-t-il ajouté.

Des "agents de sécurité" qui "ont échoué" à devenir policiers

Avant d’asséner : "Je ne sais pas si les biathlètes sont des fondeurs ratés, mais… ouais on pourrait presque le dire". Et d’ironiser. "C’est un peu dur de skier vite, alors j’essaie de tirer un peu aussi et je fais une petite pause entre les deux […] Je pourrais comparer les biathlètes à des agents de sécurité qui rêvaient de devenir policiers mais qui ont échoué. Pour moi ce sport est définitivement artificiel et sans saveur."

Des propos qui ont vite fait de faire fondre la glace, dans l’ambiance feutrée des disciplines nordiques. Le biathlète français Quentin Fillon Maillet a répondu par un photomontage sur Instagram, où l’on voit deux membres de l’équipe suédoise de biathlon, Martin Ponsiluoma et Sebastian Samuelsson, soutenir et porter vers la porte un "faux" Poromaa, visiblement éméché, jurant qu’il est "plus rapide que Johannes Boe".

Ce dernier, lauréat de la Coupe du monde de biathlon et triple champion du monde en 2023 après avoir écrasé la saison (19 victoires en 25 courses individuelles), a répliqué poliment dans le journal Dagbladet. "Les résultats ne parlent pas en sa faveur alors j’imagine que c’est une manière de rester à la une des journaux. Très franchement, vu sa forme dernièrement, je crois que je peux le battre en (style) classique", a-t-il jugé.

Des skieurs de fond ont eux aussi rabroué l’impétueux Poromaa, réputé forte tête. "Il existe deux sports indépendants. C’est idiot de faire la guerre entre les deux, c’est juste ridicule", a estimé le Suédois Calle Halvarsson. Quand la légende norvégienne Petter Northug, consultant sur TV2, s’est amusée du feu que l’affaire a ravivé entre son pays et le voisin scandinave : "Cette guerre est toujours vivante et cela m’enthousiasme […] C’était déjà le cas à une époque, quand des biathlètes pouvaient rivaliser avec nous en ski de fond".

Seul Bjorndalen a réussi un doublé

Car lui n’a pas oublié que des champions ont voulu répondre à la question de fond en s’alignant dans les deux disciplines. Le Français Martin Fourcade, par exemple, s’est essayé au ski de fond, avec notamment une 22e place en Coupe du monde à Ruka (Finlande), en 2015. "Ce n’est pas le même sport, la gestion de l’effort est différente. En ski de fond, il faut une régularité énorme pendant les trente minutes de course. C’est un peu comme le contre-la-montre au vélo, il y a une cadence à trouver", expliquait-il alors.

Les scientifiques ont prouvé que la réponse cardiovasculaire différait lors de ces deux pratiques. La fréquence cardiaque varie davantage lors d’un biathlon. Ce qui n’avait pas perturbé une autre légende, Ole Einar Bjorndalen, seul vainqueur, depuis le 16 novembre 2016, d’une manche de Coupe du monde en biathlon et en fond. Sa 5e place sur 30 km aux Jeux de Salt Lake City (2002), ses autres podiums (deux fois 2e) en Coupe du monde et ses rangs honorables (11e et 13e) lors des Mondiaux 2005 et 2007 ont prouvé qu’il pouvait rivaliser avec les meilleurs fondeurs. Mais il reste, à ce jour, une exception.

Deuxième samedi dernier de la mass-start classique (15 km) de Val di Fiemme, William Poromaa, qui est revenu sur ses propos en évoquant de "l’humour" mal compris, a signé le meilleur résultat de sa carrière. Comme si le soudain vent de face qui l’accompagnait les jours précédents l’avait finalement poussé.

Sébastien Devaur

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