Un manque d'infrastructures à Clermont-Ferrand ? "La ville devrait s’ouvrir davantage au skateboard, on va avoir du retard face aux autres villes"

Elle est loin l’époque où les skateurs étaient vus comme des marginaux arpentant les trottoirs comme des fous furieux. Aujourd’hui, le skate est une discipline bien ancrée dans l’univers des Clermontois, qui devient progressivement un sport.

Des magasins spécialisés

Sauf jours de pluie, il est impossible de ne pas voir de skateurs en ville. Certains en ont d’ailleurs fait leur fonds de commerce à l’instar de la boutique Boulbag, spécialisée dans la glisse urbaine ou encore le magasin BASS présent dans la capitale auvergnate depuis plus de vingt-­deux ans. Il accueille tous les skateurs de la ville pour les équiper et discuter de cette passion. En arrivant devant l’échoppe, rue Saint­-Genès, une rangée de skates accrochés au mur donne le ton. Jérôme Trives, âgé de 47 ans, en est le gérant.

Le magasin BASS accueille les skateurs clermontois depuis 20 ans. 

Pratiquer en l'absence du stade Marcombes

« Le skate à Clermont ça a toujours été d’actualité. Les skateurs allaient au stade Marcombes, mais maintenant il n’y a plus rien. Les riders se retrouvent dans la rue. Ça ne déplaît pas à tout le monde, mais c’est interdit. Pourtant, c’est là qu’est né le skate. Les modules de Marcombes étaient vieillissants, la mairie les a déplacés dans les quartiers nord, au stade Leclanché, mais les riders ne sont pas nombreux à y aller. De plus, la dalle en béton est beaucoup plus petite et n’est pas adaptée. »

À part à Cournon­-d’Auvergne, seul skatepark de l’agglo, les skateurs n’ont pour l’heure nulle part où aller sans devoir avaler les kilomètres.

« La majorité d’entre eux n’est pas véhiculée et reste coincée en ville. Le bus met presque une heure pour rallier Clermont­-Ferrand au skatepark. C’est un vrai frein à la pratique », regrette Grégory Cognet, prof de skate. « Il y a des piliers du skate à Clermont, des personnes que l’on voit toujours. En revanche, les profils changent beaucoup. En ce moment, ce sont les jeunes, voire très jeunes, qui se mettent à la discipline. Certains commencent dès 6 ans. On assiste à un vrai changement de cap dans la vision du skate, notamment chez les parents », concède le professeur.

Une pratique de plus en plus jeune

En effet, la moyenne d’âge de la population du skatepark de Cournon ne doit pas excéder les 15 ans. Enfants et adultes cohabitent pour pratiquer leur passion.

Pour Arthur Faucher, gérant du magasin de glisse urbaine Boulbag, présent ce jour­-là à Cournon, « c’est un sport de partage. Les gens sont là pour s’entraider et échanger. On ne laisse personne de côté. Les plus expérimentés n’hésitent pas à distiller des conseils aux jeunes. Ici on vient pour les mêmes raisons, se défouler, dialoguer, rencontrer du monde et, bien sûr, rider. »

Le seul bémol reste le manque d’infrastructures, en attendant l’ouverture à Marcombes. « Le skatepark est vite saturé, ce qui peut être dangereux. L’offre doit être plus grande. La ville de Riom a montré l’exemple, avec l’ouverture d’un nouveau skatepark, le 6 septembre. Clermont devrait s’ouvrir davantage à la discipline. On va avoir du retard face aux autres villes », se désole Arthur Faucher.

Grégory Cognet à ouvert son école de skate à Clermont, la Vulcskatebording school. 

Un avis que partage, Grégory Cognet : « À Vichy et Aurillac, des structures privées et des écoles existent. Elles permettent d’encadrer les jeunes, de leur expliquer correctement les bases du sport et d’avoir un vrai suivi par la suite. Sans skatepark privatisé, il est presque impossible d’arriver à ce résultat. »

Simon Dubos

Les bonnes adresses du skate à Clermont

Vulcskateboarding school. Cours de skate à Cournon d’Auvergne et à Vichy. Tél. 06.72.04.91.46.BASS. Boutique spécialisée dans le skateboard. 23, rue Saint-Gènes, à Clermont-Ferrand. Tél. 04.73.14.20.39. Boulbag. Magasin spécialisé dans la glisse urbaine au 23, rue Saint-Dominique à ClermontFerrand. Tél. 06.66.85.80.20. boulbagshop@gmail.com