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Lettre à un ami Finniste déçu

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Monsieur le Président, cher Monsieur, Dans un courrier adressé à la Fédération Française de Voile et que vous avez courageusement bien voulu rendre public, vous faites part de l’énorme scandale survenu lors de l’Open de France 2014 sur lequel personne n’avait encore osé revenir : oui Monsieur le Président, tout comme vous, nous sommes choqués qu’un Finn n’ait pas gagné l’Open de France ! Tout comme vous, Monsieur le Président, nous ne comprenons pas que l’autorité organisatrice, la FFVoile, n’ait pas pris les mesures permettant aux Finnistes de rester sur la plus haute marche du podium qu’ils trustaient depuis des années, place depuis laquelle la classe Finn illumine le monde de la voile légère française et mondiale. Oui Monsieur le Président, tout comme vous nous sommes choqués que les efforts d’ouverture auxquels la classe Finn, classe majeure, consent pour venir chaque année à l’Open de France montrer aux séries mineures ce qu’est l’essence même de la voile, ne soient pas plus reconnus et valorisés. Oui Monsieur Le Président, tout comme vous, nous comprenons que le fait d’avoir été battu sur l’eau a sérieusement « compromis l’image de marque de ce dériveur » et a « desservi les intérêts de la classe ». Oui Monsieur le Président, tout comme vous, nous pensons que « malgré le respect de la parole donnée quant à (votre) participation », il vous faudra être « extrêmement attentifs aux conditions de déroulement de l’Open de France 2015 » et conditionner votre participation à certaines décisions fédérales. Oui Monsieur le Président, nous ne pensons pas comme ces mauvais esprits qui seraient tentés de voir dans vos propos une forme de chantage à l’égard de la FFVoile. Et non Monsieur le Président, nous n’oserons jamais qualifier votre courrier comme étant l’illustration d’un manque de respect des valeurs du sport et vis à vis des autres concurrents et particulièrement vis à vis des deux qui ont eu l’outrecuidance de reléguer les Finn aux places de 3, 5, 7 et 9, places ô combien déshonorables, nous en convenons. Si nous vous soutenons de tout notre poids qui n’égalera jamais celui d’un Finniste dans votre combat pour la réhabilitation de l’honneur de la classe Finn honteusement bafoué lors de l’Open de France 2014, nous tenions néanmoins à vous faire part d’un certain nombre de remarques. Nous vous prions par avance de bien vouloir nous excuser si ces propos pouvaient vous paraître d’une impertinence insoutenable.  – Pour expliquer ce que vous jugez être l’absolue contre-performance (4 Finn dans les 10 premiers et des places de 3-5-7-9) vous mettez en avant « les parcours qui encourageaient les designs plus modernes en réduisant la quote-part de près au profit des allures portantes ». Sur la forme, j’imagine que vous souhaitiez dire « avantageaient » plutôt que « encourageaient » car à notre niveau, nous skiffeurs, ne savons pas en quoi des parcours « encouragent » des designs même si nous reconnaissons qu’ils peuvent les avantager… Sur le fond, nous avons observé avec attention les résultats de cet Open de France 2014, et nous n’avons cependant pas remarqué que les designs modernes fussent sur-représentés dans le haut du classement. Mis à part un RS700 sur la deuxième marche du podium, les designs modernes sont 32-36-41-42-51-57. Il est vrai que ceux qu’on appelle les « skiffeurs » sont sans aucun doute d’un niveau sportif affligeant par rapport aux finnistes… Mais alors si l’on suit votre raisonnement, peut être faudrait-il augmenter la « quote-part » de portant pour les « encourager », sauf à penser que ces « engins de plage » comme vous les aviez qualifiés en 2010 n’ont rien à faire sur une épreuve où la majorité des designs sont d’un âge aussi respectable que celui du Finn. A défaut d’augmenter la taille du portant, peut-être accepteriez-vous que le rating de ces « designs modernes » soit revus car quiconque connaît un peu la manière dont les ratings ont été conçus sait que les designs modernes en France sont plutôt défavorisés par rapport à un pays comme l’Angleterre ou l’intersérie est reine et à la base de la pratique voile légère. Certains rajouteront même qu’il serait bien que le Finn ait en France le même rating que celui qu’il a en GB. Pour votre info, en France l’écart de rating entre un RS700 et un Finn est de 225 points (830 contre 1055) alors que dans le système anglais de la RYA il est de 198 (852 contre 1050). Cela est loin d’être anodin… De même, quiconque connaît un peu la régate intersérie en temps compensé sait que les ratings prennent justement en compte le fait qu’un bateau soit plus ou moins typé près ou portant. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire que les parcours en intersérie comportent autant de près que de portant. Permettez-nous d’ailleurs d’acter le constat que lors de la dernière course raccourcie à la bouée au vent (un parcours avec plus de près que de portant donc), les Finn n’ont pas trusté les premières places de cette manche. Le problème de l’insoutenable contreperformance des Finn à cet Open 2014 est donc ailleurs… De plus, sur le rond des dériveurs médium, malgré des arrivées systématiquement au vent, les dériveurs plutôt « typés près » n’ont pas mieux marché que les dériveurs « typés portant »… Bien au contraire… Enfin, permettez-nous de vous rappeler l’Open de France 2010 à Quiberon. Les Finn, sur un parcours avec une énorme « quote-part de près », avaient largement dominé et le premier « non-Finn », 7ème de l’épreuve était le même RS700 que celui qui termine 2ème à cette édition 2014 de l’Open. Nous aurions aimé à l’époque vous entendre dire et ou reconnaitre que les parcours « décourageaient » les designs modernes… Bizarrement vous étiez plus muets et ni les designs modernes, ni les autres dériveurs solitaires plutôt typés portant n’avaient contesté la belle domination des Finn à l’époque, tout simplement parce qu’elle était réelle. Mais voilà, le monde du sport et de la compétition à cette particularité que les hiérarchies n’y sont pas figées pour l’éternité et qu’elles évoluent… – Toujours pour expliquer l’absolue et inacceptable contre-performance à vos yeux de la classe Finn à cet Open (4 bateaux dans les 10 premiers et des places de 3-5-7-9, je le rappelle) vous évoquez « la mixité avec des dériveurs en double dans (dont ?) les angles de remontée au vent ou de descente au vent arrière sont incompatibles avec ceux d’un Solitaire ». Si nous comprenons bien que la « mixité » soit un mot qui puisse vous effrayer, nous tenons à vous rappeler qu’elle est pourtant… la raison d’être de la pratique intersérie… Nous nous permettons aussi de vous rappeler que la diversité de l’intersérie, même lorsqu’elle repose sur des divisions double-solitaire plutôt que sur des groupes de vitesse, entraine de fait la rencontre de dériveurs avec des angles et des vitesses de remontée au vent ou de descente au portant différents. Trouvez-vous qu’un RS700, un solitaire pourtant, a le même angle de remontée et de descente qu’un Finn, autre solitaire ? Avez-vous vu ou entendu ces dériveurs plus rapides et/ou avec des trajectoires différentes se plaindre de croiser les Finn attardés ? Et pourtant ces bateaux n’étaient pas tous devant les Finn en compensé. Mais il est vrai que les Finnistes sont forcément les meilleurs sur l’eau… Avez-vous déjà entendu des compétiteurs se plaindre des angles des trajectoires de vos bateaux lorsque vous étiez dans un groupe où vous étiez les plus rapides des moins rapides ? – Qui plus est, toujours pour expliquer l’absolue et insoutenable contre-performance à vos yeux de la classe Finn à cet Open, vous pointez « l’affectation (de la classe Finn) en dériveur rapide malgré un coefficient voisin de 1… » Il est vrai que le Finn est un bateau dont les pratiquants ont toujours fait l’éloge de la lenteur… De même, il ne vous aura pas échappé que les catégories de rating « fast » « medium » ou « slow » ne sont pas des catégories absolues et gravées dans le marbre. L’affectation des bateaux à telle ou telle catégorie ne répond pas à des critères stricts mais bien au volume global de participation à ces événements interséries comme l’Open. Cela explique pourquoi on peut sur une épreuve donnée être le plus lent du groupe des rapides ou le plus rapide du groupe des dériveurs lents sur une autre épreuve… Si l’on regarde maintenant les écarts de rating entre les différents bateaux, vous reconnaitrez aisément que les différences de rating entre un Finn et le gros de la flotte (Fireball, Ponant, Windy, Jet etc) à laquelle vous étiez affectés sont à peu près similaires à l’écart de rating qu’il y a entre un Finn et les Laser Radial ou Europe qui constituent la majorité de la flotte solitaire des « dériveurs medium » de l’Open de France à laquelle vous auriez manifestement souhaité être affectés. De même si l’on suit votre raisonnement, faudrait-il par exemple refuser à un Laser 4.7 de courir en intersérie dériveur solitaire avec un Finn sous prétexte que l’écart de rating est de 145 points c’est à dire plus que les 85 points d’écart de rating entre un Finn et un Fireball par exemple ? La réalité, Monsieur le Président, c’est que même si, selon vous, la course intersérie en temps compensé n’est pas quelque chose de sérieux ni de juste sportivement, les différences de niveau des compétiteurs sont largement supérieures aux imperfections de rating et de comportements des bateaux selon telle ou telle condition, parcours etc. Mais n’étant pas à un paradoxe près, nous constatons que si implicitement la course intersérie en temps compensé n’est manifestement pas quelque chose de sérieux pour vous, il n’est quand même pas sérieux que les Finnistes ne gagnent pas les événements interséries… – Passons enfin sur les aberrations de votre courrier (les parcours où les Finn ne peuvent pas surfer et les différences de météo arguments tout autant valables pour de la régate monotype) pour pointer du doigt ce que vous écrivez non sans une certaine forme de condescendance : « mélanger à des dériveurs qui n’ont cessé de les couvrir, sans jamais être capables, malgré leurs handicaps respectifs, de prendre le large ». Vous rendez-vous compte de ce que vous écrivez Monsieur le Président ? Vous reprochez à une majorité de compétiteurs d’être mauvais pour ne pas dire plus et c’est limite si vous ne sous-entendez pas que ces gens là n’ont pas leur place sur ce style d’épreuve… Vous parlez à juste titre du plaisir de la convivialité de l’Open de France. Ne pensez-vous pas qu’elle serait encore plus forte si vous ne teniez pas ce genre de discours insultant à l’égard de ceux qui, sans aucune prétention, ni ambition, vont se faire plaisir à naviguer sur ce genre d’épreuve à laquelle personne, et surtout pas les classes, n’est obligé de participer. Nous ne nous excuserons même pas d’être nuls, nous le savons et c’est pour cela que nous progressons… Malgré l’affichage, « Sans jamais remettre en cause le principe de l’intersérie » dites-vous, vous ne faites que cela dans votre courrier en vous en prenant à l’organisation de l’épreuve phare du sport en club, l’épreuve de ceux qui, au delà de leur appartenance à des classes, animent une pratique de proximité, de club dont le sport voile a cruellement besoin dans le contexte actuel. Qu’à cette pratique vous préfériez une pratique que vous jugez plus noble, celle de la monotypie, des classes, des kilomètres parcourus, des championnats de France débarrassés par pur snobisme de l’appellation « promotion » histoire de laisser planer une ambiguïté concernant votre appartenance revendiquée à l’élite de la voile légère, c’est une chose, c’est un choix et personne ne le conteste, ni ne le remet en question. Mais que vous pensiez que le fait que les Finnistes ne gagnent pas l’Open de France soit de nature à « compromettre l’image de marque de ce dériveur» est une grave erreur. Nous tenions même à vous rassurer : vous n’avez pas besoin de cela, il suffit que vous écriviez ce que vous avez écrit pour ne surtout pas donner envie de rejoindre la classe Finn. Pour le dire encore plus trivialement, sur ce coup là mauvaise pub pour la classe Finn, vous l’avez conçue tout seul et vous l’avez diffusée tout seul… Nous avons néanmoins la faiblesse de penser que ce que vous avez écrit ne sont que les propos d’une personne déçue de ce qu’elle juge comme étant une contre-performance et certainement pas ceux de l’ensemble des membres de la classe et des passionnés du Finn. Et ce n’est clairement certainement pas celui du premier Finniste lors de cet Open qui a su justement raison garder et sportivement féliciter ceux qui occupaient les deux premières places sur le podium, d’une épreuve sans prétention et de tous les autres Finnistes avec qui nous avons eu l’occasion de discuter sur le parking. Comme tout cela ne doit pas et ne devrait pas être trop sérieux, dans l’hypothèse ou vous jugeriez encore nécessaire pour votre image que la classe Finn soit présente à l’Open de France qui fêtera ses 20 ans en 2015, et dans l’hypothèse où vous vous seriez senti offensé par cette lettre, nous accepterions volontiers le principe d’un duel sur la pelouse de l’ENV afin que vous puissiez laver votre honneur bafoué. Nous vous laissons même le choix des armes. Du côté des « designs modernes » nous nous engageons à tout faire pour vous laisser gagner l’épreuve l’année prochaine. Nous demandons également officiellement que la Fédération Française de Voile, par l’intermédiaire du représentant des classes au CA de l’institution, prenne contact avec les différentes séries et classes, notamment les Fireball, pour qu’elles s’engagent comme les « designs modernes » à laisser gagner les Finnistes. Dans l’attente, nous vous prions, Monsieur le Président, de croire en l’expression de nos respectueuses salutations sportives. L’équipe Breizhskiff.com, l’équipe des « designs modernes » PS. Nous ne doutons M. Marc Allain des Beauvais FRA99 que vous ne manquez pas d’humour et que vous saurez prendre cet article avec le recul qui convient PPS. Les photos sont celles de l’édition 2014 de l’Open de France et ont été prises par Bernard Porte

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