Trophée Jules Verne. Sodebo en avance, Idec Sport au cap de Bonne Espérance
La fenêtre prise par Sodebo Ultim 3, considérée par Thomas Coville comme la meilleure depuis deux ans, semble se confirmer. L’équipe est en avance de 200 minutes sur le record. Elle va dépasser les Canaries ce jour, mais devra être vigilante face à la présence de conteneurs sur sa route. The Famous Project vient, quant à lui, de passer le cap de Bonne-Espérance.
Grâce à la cartographie immersive de l’équipe Sodebo et aux questions posées par les fans, on a pu observer la très belle trajectoire de Sodebo Ultim et le rythme qui commence à être pris à bord. On a également appris que 40 conteneurs, récemment tombés d’un bateau singapourien au sud des Canaries, pouvaient représenter un sérieux danger dans la zone. Victime de vents violents la semaine dernière dans l’Atlantique, au niveau des Canaries, le porte-conteneurs « One Continuity » a perdu environ 45 de ses conteneurs, et des dizaines d’autres se sont renversés et abîmés au large de Maspalomas (au sud de l’île de Gran Canaria), aux alentours du 10 décembre.
Les 8 navigatrices de The Famous Project CIC ont franchi la longitude du cap de Bonne Espérance mardi après 17 jours 2 heures et 20 minutes d’une navigation riche en rebondissements depuis Ouessant. Alexia et ses équipières déploient, dans l’attente de conditions favorables pour réparer, des trésors d’énergie et d’imagination pour naviguer et progresser malgré ce handicap de hook de grand voile bloqué.
Alexia Barrier à Bonne Espérance : “C’est un moment très fort pour nous, c’est notre premier cap sur ce tour du monde. C’est une frontière symbolique, une frontière où l’on quitte l’Atlantique et où l’on se prépare à entrer dans l’océan Indien. On sait que derrière ce cap, tout change, la mer, le vent, l’engagement. On regarde ça avec beaucoup de respect et on a hâte. En ce moment, l’enjeu principal, c’est la météo et l’état de la mer. On doit gérer des vents forts, une houle de travers d’environ 4 mètres et surtout le courant des Aiguilles. C’est un courant puissant et quand le vent souffle face au courant, ça lève une mer vraiment casse-bateau. En multicoque, c’est sans doute ce qu’il y a de plus exigeant, de plus stressant, être au vent de travers avec du vent et de la houle de travers. Du coup, on travaille sur plusieurs options de route. L’idée principale, c’est d’éviter de naviguer avec le courant de face et sur une mer trop engagée, peut-être d’aller plus au nord du courant des Aiguilles. Il y a des affaires à suivre pour ce qui est de la météo. Ça, ça se fait évidemment avec l’équipe de routage. On se parle régulièrement, on analyse, on compare, on essaie d’anticiper. L’objectif, c’est d’entrer dans l’indien, dans la meilleure position. Avec notre histoire de hook, on est limité. On doit envisager quelle hauteur de grand voile. Savoir si on doit avoir un ris, une GV haute ou deux ris… on doit anticiper. Mais ça ne nous empêche pas d’avancer et à continuer cette navigation avec le sourire, évidemment. Même si ces dernières heures, ça n’a pas été toujours facile d’avoir les idées claires sur les choix qu’on a faits.
Il faut poursuivre l’aventure. Voilà, chacune a dû faire un peu de deuil de la vitesse et de nos ambitions de temps. Mais ça y est, je pense qu’on a passé cette vague-là.”

