SailGP. Kevin Peponnet s’explique sur son départ: “C’est un nouveau challenge !”
Kévin Peponnet intégrera l’équipe allemande de SailGP en tant que régleur d’aile dès janvier prochain, à l’occasion du lancement de la saison 6. Il revient sur les raisons de son départ.
Que s’est-il passé avec K-Challenge pour que tu rejoignes l’équipe allemande de SailGP l’année prochaine ?
Il s’est passé que mon contrat n’a pas été reconduit. C’est une décision du management de l’équipe SailGP France. Suite à cela, j’ai envisagé un transfert vers une autre équipe. Au cours de la saison, j’avais été approché par plusieurs équipes, notamment les Allemands, les Danois et les Brésiliens. Mais l’équipe allemande est celle qui me plaisait sportivement le plus, avec une très belle fin de saison, une équipe très jeune, qui a terminé avec une super dynamique et de beaux résultats.
C’est une déception pour toi de quitter l’équipe française ?
Je suis déçu, mais sans que ce soit vraiment une déception. Il y a des choses qui vont me manquer, c’est sûr. Cela faisait trois ans que j’étais dans l’équipe, donc tu noues forcément des liens. Naviguer avec des potes à bord, c’est quelque chose que j’ai toujours recherché dans mes projets. J’ai toujours intégré des équipes où il y avait des atomes crochus, de l’affect.
Là, intégrer l’équipe allemande, où je ne connais pas grand monde, va être assez différent. C’est un projet anglo-saxon et le principal enjeu pour moi sera de m’intégrer rapidement dans une équipe déjà en place. Il va aussi falloir que je bascule totalement en anglais. La communication est essentielle sur ces bateaux-là. C’est un nouveau challenge, mais ça m’attire aussi. J’avais envie de vivre cette expérience dans ma carrière, peut-être pas tout de suite, mais j’avais envie de cocher une aventure dans une équipe anglo-saxonne. Ce n’est pas moi qui ai fait ce choix initialement, ce sont les circonstances qui m’ont amené à rebondir. J’étais content d’avoir un dernier souvenir avec l’équipe de France, avec une victoire de course et un podium sur le dernier Grand Prix. On a été capables du pire comme du meilleur cette saison, où nous n’avons pas eu beaucoup de réussite. On n’a jamais eu autant de soucis matériels. On termine 5ᵉ, et je crois que c’était notre niveau. On a été capables de faire des podiums et des finales, mais aussi de finir des Grands Prix à la septième ou huitième place.
Il y a eu des rumeurs de mésentente avec Quentin et de l’arrivée des Espagnols sur le projet America’s Cup de K-Challenge. Est-ce que cela a joué ?
J’ai entendu ces rumeurs moi aussi. Les Espagnols repartent sur un projet olympique en 49er. Ils ne cachent pas que ça va être compliqué de tout faire en même temps. Je trouve ça bien qu’il y ait des navigants étrangers à bord. Il ne faut pas s’en priver, car il y a beaucoup de très bons profils. Concernant mes relations avec Quentin, nous ne sommes pas fâchés. On a pu avoir des désaccords, mais nous nous voyons toujours. Je pense que cela a été une décision collégiale du management. Je ne sais pas qui l’a réellement prise, mais c’est leur décision et je la respecte. J’entends aussi qu’il faille parfois un peu de renouveau.
Mon contrat avec SailGP France est terminé et, pour l’instant, rien n’est envisagé pour la Coupe de l’America. J’ai eu récemment des discussions avec d’autres équipes et j’ai aussi envie de m’ouvrir à d’autres projets. J’ai regardé du côté du circuit TF35, de l’ETF26. Je suis également en discussion avec quelques projets Coupe pour des missions ponctuelles, mais il devient compliqué d’allier un projet SailGP à 100 %, avec 13 événements, et un projet Coupe quasiment à temps plein. Beaucoup d’équipes sont en train de se structurer pour dissocier les équipes navigantes entre SailGP et la Coupe.
Ton objectif avec les Allemands, ça va être quoi ?
L’enjeu principal va d’abord être de m’intégrer. L’équipe est déjà en place et elle a prouvé qu’elle fonctionnait et qu’elle performait. Je vais essayer de répondre à toutes leurs attentes.
Depuis la fin d’Abu Dhabi, j’ai intégré l’équipe. Cela fait à peine quinze jours, depuis le 1ᵉʳ décembre. J’ai été assez surpris par la capacité de travail et le professionnalisme de l’équipe. C’est une structure très récente et tout est très bien organisé. Ils ont des objectifs clairs, ambitieux mais pas déraisonnables. Ils savent d’où ils viennent et savent que ce n’est pas parce qu’ils ont fait une très bonne fin de saison qu’ils se voient déjà briller et intégrer la super finale la saison prochaine.
Est-ce que tu as fait un gain de salaire ?
Non. Et pour être franc, si j’avais été motivé uniquement par l’aspect financier, je serais plutôt allé chez les Brésiliens. C’est le projet sportif qui m’a guidé, et j’ai aussi eu la chance d’avoir le choix. Le mercato existe depuis la première saison de SailGP, mais il se faisait de manière plus officieuse, comme dans beaucoup de projets voile. Avec la croissance de la ligue, l’augmentation des salaires et l’intérêt des investisseurs, l’organisation a cherché à mieux encadrer et structurer cela, notamment avec une fenêtre de négociation officielle, permettant des échanges plus clairs entre équipes, plutôt que des coups de fil ou des messages informels. Il y a aussi la possibilité de prêts d’équipiers, avec la mise en place d’une licence pour naviguer en SailGP. Tout est désormais plus structuré, et c’est une bonne chose : c’est plus rassurant. Mon « transfert » a pu se faire parce qu’il y avait une entente tripartite entre les deux équipes et moi-même. À l’avenir, il pourrait même y avoir des transferts financiers entre équipes, comme au football. J’ai signé avec les Allemands pour deux ans.

