Globe40. Crédit Mutuel creuse l’écart
Partis le 22 novembre dernier de la baie de Saint Paul sur l’île de la Reunion les 8 concurrents de la 2ème édition de la GLOBE40 affrontent le grand sud. L’équipage de Crédit Mutuel au coude à coude avec l’équipage belge depuis le départ a pris un net avantage à 3 jours de l’arrivée à Sydney.
Les 8 concurrents ont d’abord été confrontés aux calmes de l’anticyclone des Mascareignes qu’ils avaient déjà rencontrés lors de la remontée depuis l’Afrique du Sud. Un passage d’une semaine environ pour se remettre dans le bain de la vie au large mais néanmoins plus rapide qu’à l’aller. Puis ce fut la quête de sud pour aller à la rencontre des dépressions d’ouest, « l’autoroute des dépressions » comme on dit en langage initié. En allant les chercher les skippers ont fini par les trouver et depuis une semaine le visage de la course a changé au fur et à mesure que le chiffre de la latitude clignotait vers le sud ; 35°, puis 40°, et maintenant pas loin de 45° Sud, étant entendu que le parcours est limité par une « barrière » fixée à 46° Sud puis à 48° Sud sous la Grande Baie d’Australie.
Le début de cette phase le week-dernier a vu malheureusement l’équipage allemand de NEXT GENERATION BOATING AROUND THE WORLD devoir renoncer à concourrir sur cette étape.Une défaillance mécanique dans le gréement ( rupture de la pièce qui porte les barres de fléches et rupture du cable intermédiaire D2) aurait pu provoquer immédiatement la chute du mât mais la réaction rapide de Leenart Burke et Melvin Fink a permis d’éviter le pire à ce stade. Aprés 2 journées de réflexion et de consultation des partenaires, assureurs, de l’organisation de la course les jeunes allemands faisait le choix de reprendre le chemin inverse vers la Reunion pour réparer avec la ferme intention de reprendre la course dés que possible, vraisemblablement pas à Sydney mais à une étape suivante. Poursuivant leur lente remontée à 5/6 noeuds de moyenne ils devraient atteindre l’ile d’ici une semaine. Premier incident sérieux en 10000 milles de course pour l’ensemble de la flotte, le sort a malheureusement frappé un équipage brillant qui avait montré toutes ses capacités avec cette deuxième place lors de la grande étape Cap-Vert / La Reunion.
Pour les autres équipages la semaine qui vient de s’écouler a été celle du grand sud, celui qu’on attend, celui qu’on vient chercher dans une telle épreuve, celui qui a été rêvé, celui qui a été phantasmé. Longues glissades avec un compteur qui s’affole ( record à ce jour 30.8 noeuds pour le team belge), froid et grisaille dans cet univers de l’au delà, et les grands albatros comme gardiens du temple dans ces eaux inhospitalières mais si marquantes.Pour la plupart habitués des circuits européens et des transats les skippers trouvent là un dépassement et un aboutissement à leur parcours de coureur au large. Mais un aboutissement qui se paye en frayeurs quand le bateau « plante » dans les creux, qui se paye aussi avec le froid et la fatigue des hommes et du matériel, qui rappelle souvent à chacun que c’est un sport « mécanique », entendons par là que chaque pièce est poussée à ses limites et peut casser quelque soit les certitudes mathématiques. Au delà de la compétition tous ont le sentiment de vivre une expérience commune qui soude les équipages entre eux. Comme nous le dit Amélie Grassi à bord de CREDIT MUTUEL dans un message cette semaine: « j’ai mesuré une fois de plus la chance que nous avons d’être en course autour du monde, à glisser inlassablement dans les vagues des mers du sud. Il faut profiter de ces précieux moments. peu d’humains ont la chance de vivre cette expérience ».
En termes de course pure le rythme n’a pas ralenti avec 3500 milles parcourus pour les premiers à une moyenne proche de 12 noeuds en route surface, soit à ce jour 61% de la distance théorique réalisée et avec encore prés de 2000 milles sur la route directe pour atteindre Sydney. Les changements de leaders restent à leur rythme habituel, 29 depuis 2 semaines et rarement plus de quelques heures pour une position de leader qu’ont alterné BELGIUM OCEAN RACING et CREDIT MUTUEL. Handicapé par plusieurs avaries, pas critiques mais pénalisantes pour la performance, l’équipe belge marque cependant pour la première fois un retard d’une cinquantaine de milles sur CREDIT MUTUEL à l’approche du passage au Cap Leeuwin à la pointe sud-ouest de l’Australie, 2ème grand cap mythique du parcours. Les Class40 classiques dit » pointus » ne sont pas loin à deux jours de mer environ et 500 milles. FREE DOM poursuit un très beau parcours qui lui permet de se construire une petite avance de 50 milles sur son concurrent direct BARCO BRASIL.WILSON est toujours à l’affut à une trentaine de milles du concurrent brésilien. Et JANGADA RACING et WHISKEY JACK se tiennent aussi en cinquantaine de milles au bénéfice du premier. Les leaders sont attendus à Sydney vers le 11/12 décembre et les 15/16 décembre pour les Class40 dit « pointus ».Mais la remontée de la Grand Baie d’Australie et le passage du détroit restent encore des étapes qui se révéler redoutables.

