Leader de la flotte, le Trimaran SVR-Lazartigue a contourné dimanche soir vers 18h30 heures (heure française) les îles de São Pedro e São Paulo, dernier point de passage obligatoire de la Transat Café l’OR, avant de remonter l’Atlantique, direction Fort-de-France (Martinique). Si le Pot au Noir a un temps rebattu les cartes, Tom Laperche (skipper) et Franck Cammas (co-skipper) abordent la dernière ligne droite avec près de 168 milles d’avance (environ 311 km) ce lundi après-midi. Le suspense reste pourtant entier avec de multiples scénarios encore envisageables.
Intégrer le changement de parcours
Tom Laperche avait prévenu il y a quelques jours. 
« C’est de la voile et rien n’est jamais joué ». Avant d’entamer la dernière ligne droite vers l’arrivée en Martinique, le skipper et son co-skipper Franck Cammas ont eu ces derniers jours une nouvelle illustration de la fragilité d’une position, surtout dans cette catégorie des Ultim où les vitesses folles atteintes par ces géants des mers peuvent vite faire augmenter ou réduire les écarts.
Si le Trimaran SVR-Lazartigue mène toujours la flotte, le suspense reste entier. Un changement de parcours décidé par l’organisation change également la donne. Afin de respecter des arrivées groupées à Fort de France, le parcours des Ultim a en effet été réduit. Initialement placé à l’île d’Ascension, le dernier waypoint (point de passage obligatoire) a été placé à São Pedro e São Paulo, en bordure de l’équateur géographique. Ce changement « rabote » le parcours initial de 1200 milles (2200 km).
Le délicat Pot au Noir dans le rétro
Toujours aussi imprévisible et positionné cette fois juste derrière le Cap Vert, soit plus au nord que d’ordinaire, le Pot au Noir a une fois encore joué son rôle. Encore nantis d’une avance de plus de 200 milles, vendredi au nord du Cap Vert, les deux hommes ont vu revenir leurs adversaires à moins de 70 milles, dans la matinée de samedi. 
« Ce passage n’a pas commencé terrible, commentait Tom Laperche dans la vacation du moment. 
Les voiles font flip-flop. On se bat pour essayer de les gonfler, on a essayé de changer plein de fois de voiles mais ce n’est pas top. Les grains arrivent plus vite que ce que l’on peut anticiper. C’est comme si tu essayais de prévoir où la bulle d’eau va arriver dans ta casserole quand l’eau bout. »
Pour sortir le plus rapidement de cette zone, les deux marins ont enchainé les manœuvres pour tenter de trouver la bonne trajectoire et exploiter le moindre souffle. Avec succès puisque le Trimaran SVR-Lazartigue a vu son avance à nouveau croître.
« C’est la fin de l’hémorragie, commentait plus tard Tom. 
Nous sommes contents d’avoir retrouvé du vent car le petit temps est ce qu’il y a de plus dur. Ça a duré 36 heures avec un Pot au Noir bien large. O
n a perdu pas mal de terrain. Ce n’est jamais évident nerveusement d’être à l’arrêt et de voir les autres encore avancer, d’être démunis et de devoir attendre un brin de vent. » « Ça n’a pas été facile, poursuit Franck
. On a pris tout de suite deux grains qui nous ont arrêtés tandis que nos petits camarades revenaient à fond derrière. » Beaucoup d’efforts mais deux hommes à bord encore en forme. 
« Après une semaine de course en Ultim on est forcément moins en forme qu’au Havre au départ, mais franchement, on est bien », rassure le skipper.
Un grand surf jusque à l’arrivée, vent dans le dos
Après une navigation au près pour rejoindre les îles de São Pedro e São Paulo, les bateaux sont passés au portant, dans des conditions qu’ils devraient conserver jusqu’à la ligne d’arrivée, en Martinique. Pour l’anecdote, avec le changement de parcours, le Trimaran SVR-Lazartigue n’aura finalement fait qu’un passage express dans l’hémisphère sud, coupant l’équateur deux fois en une heure.
Les 1578 milles encore à parcourir (2922 km) peuvent réserver de très nombreux changements. Lors de la précédente édition, il y a deux ans, le Trimaran SVR-Lazartigue comptait 30 milles d’avance au passage de l’Île de l’Ascension, plus au sud, alors dernier waypoint. La remontée au portant fut moins favorable. François Gabart et Tom Laperche abandonnèrent le commandement de la course comptant même jusqu’à 160 milles de retard. Un scénario que Tom cette fois associé à Franck espère bien éviter. 
« On est sous pression en permanence et il ne faut pas s’endormir sur son siège de veille, assure Franck Cammas en vacation ce lundi matin. 
A ces allures
, il faut être très concentré car on est toujours en train de flirter avec la limite de la gîte. C’est un exercice d’équilibriste sur le fil, excitant, un peu stressant, mais pas de tout repos. »
« Nous sommes à 200%, poursuit Tom. 
On met beaucoup d’énergie mais on se relaie super bien avec Franck. Le changement de parcours modifie un peu ce que nous avions en tête, mais par rapport au timing d’arrivée, nous nous y attendions. Une section très ouverte et longue nous attend. Le Trimaran SVR-Lazartigue est capable d’aller vite également dans ces conditions. Mais il va y avoir une belle compétition. Tous les bateaux sont à 100% et tout le monde navigue bien. Ce sera une fin de course à fond ! Après São Pedro e São Paulo, on a envoyé un Gennaker et maintenant, on va en Martinique. » Arrivée à Fort-de-France désormais estimée le jeudi 6 novembre.
Source : communiqué de presse SVR Lazartigue.