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Refit : Le First Class 8 dans la peau !

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Amoureux des beaux voiliers et de la performance, l’architecte sarde Paolo Bua nous a invités à bord de son magnifique First Class 8. L’occasion d’en savoir plus sur ce refit unique en son genre… Photos : Paul Gury.

Sommaire :

Le First Class 8 en chiffres

  • Long. Hors tout 8,50 m
  • Long. Coque 7,85 m
  • Long. Flottaison 7,10 m
  • Largeur 2,49 m
  • Tirants d’eau 0,70-1,75 m
  • Déplacement 1 400 kg
  • Lest 515 kg
  • Sv au prés 38,80 m2
  • Génois léger 18,50 m2
  • Grand-voile 20,30 m2
  • Spi 49 m2
  • Materiau Stratifié de verre/ Polyester
  • Motorisation hors bord
  • Architecte Jean-Marie Finot
  • Constructeur Bénéteau
  • Catégorie CE C/5 personnes
  • Production de 1982 à 1997
  • Unités construites 1 200

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Le Class 8 en 5 points

[caption id="attachment_203539" align="aligncenter" width="500"] Le First Class 8 en détails © Voiler Magazine[/caption]
  1. Le triangle avant peut recevoir une couchette qui mesure 2 m de long pour 1,30 m de large aux épaules. Présence d’un panneau de pont pour l’aération.
  2. Le carré propose des assises de chaque bord qui font aussi couchettes à l’escale. Elles font les dimensions suivantes : 2,14 m de long pour 0,54 m de large.
  3. La hauteur sous barrots au pied de la descente (fermée) est de 1,34 m.
  4. La largeur des passavants au moins étroit est de 0,34 m.
  5. Les bancs du cockpit mesurent 1,80 m de long et 0,30 m de large. La largeur du cockpit au niveau de la barre d’écoute de grand-voile est de 0,65 m.

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[caption id="attachment_203542" align="aligncenter" width="500"] Multiplier les empannages
dans le mouillage de la Pelosa : le rêve ! © P. Gury[/caption]

Quelques bords à bord

DEPUIS SA PLUS TENDRE enfance, Paolo Bua vit pour elle, cette Grande Bleue qui borde les rivages de son île adorée, la Sardaigne. Marin dans l’âme, compétiteur redoutable sur l’eau, architecte naval de talent – les Rosso, Leggero et autres Troll construits avec amour par le chantier des Ileaux portent tous sa signature –, Paolo est aussi un amateur de refit et de jolies coques « vintage ». Sur les quais de Stintino, charmant petit port niché à la pointe nord-ouest de la Sardaigne, tout le monde connaît l’homme et son inséparable First Class 8. [caption id="attachment_203548" align="aligncenter" width="500"] Malin le pilote automatique artisanal constitué de deux palans repris sur la raquette de barre. © P. Gury[/caption] De tous les voiliers amarrés sur les pendilles du coin, celui de Paolo est de loin celui qui sort le plus fréquemment, en toute saison et par presque tous les temps… De passage en Sardaigne, nous ne pouvions passer à côté d’une sortie en mer. Nous profitons donc d’un petit vent d’ouest pour voir ce que Xamamina (c’est le nom d’un médicament italien contre le mal de mer) a dans le ventre. [caption id="attachment_203541" align="aligncenter" width="500"] Le code 0 sur emmagasineur permet au Class 8 d’allonger la foulée même par petit temps. © P. Gury[/caption]

Un First Class 8 remis au goût du jour

Totalement refité et modernisé, équipé d’un jeu de voiles flambant neuf fabriqué chez Euro Voiles et d’un accastillage qui fait la part belle au textile, le vénérable Class 8 de Paolo a pris une allure futuriste sans rien perdre de ses aptitudes en navigation. Au près comme au portant, nous jouons comme des gamins à manoeuvrer, relancer, border, virer et empanner dans les petits airs d’une après-midi ensoleillée : le bonheur simple, le vrai ! [caption id="attachment_203534" align="aligncenter" width="500"] Le rail de génois a été remplacé par un système de rentreur en deux dimensions. © P. Gury[/caption] Nous sommes littéralement sous le charme de ce voilier aussi véloce que vivant à la barre. Quant à Paolo, il est aux anges, heureux de nous emmener naviguer dans son petit coin de paradis tout en partageant avec passion l’histoire de cette magnifique renaissance. Mais alors, comment diable cette vieille coque des années 80 a-t-elle pu se métamorphoser à ce point ? Tout a commencé à l’orée des années 90 lorsque Paolo et son père, alors à la recherche d’un quillard de sport, jettent leur dévolu sur ce plan Finot, réputé bon marcheur, exigeant à la barre et dont la monotypie fait le bonheur à l’époque des fines lames de la régate française. [caption id="attachment_203544" align="aligncenter" width="500"] Les cadres en contreplaqué et la sellerie de la couchette avant et des assises du carré sont stockés à terre. La table d’origine a été enlevée © P. Gury[/caption] L’association italienne de Class 8 basée sur le lac de Garde propose régulièrement des unités achetées dans l’Hexagone et qui sont remises en état pour le marché italien. T rès vite, l’exemplaire 701 tape dans l’oeil des Bua : il est propre, date de 1986 et n’a pas connu de dommage important lors de sa brève carrière. Contre 32 millions de lires (16 000 €), la vente est actée. Précisons que la livraison est assurée directement en Sardaigne et que la prise en main est effectuée en personne par le patron de l’association. Des conditions idéales pour rapidement jouir de cet achat coup de coeur sans se lancer dans des travaux et une logistique compliqués… [caption id="attachment_203547" align="aligncenter" width="500"] Un emplacement a été réalisé sur mesure pour recevoir le bout de sortie du bout-dehors. © P. Gury[/caption] Au début, père et fils profitent du circuit de régates organisées le week-end au départ des ports des environs pour se faire la main. Les courses se déroulent en temps compensé selon la jauge ORC (il est le seul Class 8 de l’île !). Très vite, il s’agit pour eux de tester la résistance de leur nouvelle monture avant d’y apporter des améliorations. En hiver, par coup de mistral, il n’est pas rare de les voir sortir dans le golfe d’Asinara toutes voiles dehors. Protégés de la houle par l’île éponyme et même lorsque l’anémomètre dépasse les 35 noeuds, ils ne craignent pas de se lancer dans des bords de spi d’anthologie. Et parfois de finir en vrac, les barres de flèche dans l’eau. [caption id="attachment_203531" align="aligncenter" width="500"] Pataras, bastaques et rail de GV reviennent à la main du barreur. © P. Gury[/caption] Bonne nouvelle, le bateau à la construction solide ne bronche pas et surtout se redresse toujours ! C’est donc en totale confiance que Paolo Bua continue à écumer les plans d’eau, ne ratant aucun des entraînements d’automne, d’hiver et de printemps qui sont lancés devant Stintino. En compagnie d’un équipage de jeunes, l’architecte fétiche du chantier des Ileaux enchaîne les performances. Pour gagner encore en puissance et en fluidité de manœuvre, il est décidé d’équiper le bateau d’un spi symétrique en tête. [caption id="attachment_203543" align="aligncenter" width="500"] Paolo Bua nous a emmenés à la découverte de son plan d’eau devant la réserve d’Asinara. © P. Gury[/caption] Pour éviter de faire flamber le mât – le Class 8 est à l’origine conçu en monotypie avec un spi symétrique au capelage – un guignol dans les hauts voit le jour. Peu après, un bout-dehors fixé sur le pont est installé pour y envoyer un spi asymétrique au capelage. Si son utilité est moindre en compétition, ce montage s’avère très pratique quand il s’agit de partir se balader.

« En été, sous le cagnard, il est toujours sympa de pouvoir lofer un tantinet au portant histoire de se créer du vent apparent qui apporte de la fraîcheur », nous explique Paolo.

Lors de notre sortie, nous apprécions cette voile de portant qui est simple à manoeuvrer, apporte de belles sensations à la barre et procure effectivement un petit vent très agréable… [caption id="attachment_203533" align="aligncenter" width="500"] Le bout-dehors en carbone rétractable (1,30 m de long) permet d’envoyer code et spi asy. © P. Gury[/caption] Engagé sur d’autres circuits de régate, et alors étudiant à l’université Sapienza de Rome, notre marin sarde est toutefois obligé de faire une pause. Xamamina est alors un peu délaissé même si le paternel continue à l’entretenir régulièrement et que la famille prend toujours autant de plaisir à son bord en croisière quand il s’agit d’aller poser la pioche à la belle saison sur le sable blanc du magnifique mouillage de la Pelosa. Quelques années plus tard, de retour sur son île natale et des idées plein la tête, Paolo modifie radicalement le plan de voilure pour lui apporter de la modernité. L’étai creux jugé peu fiable est débarqué tandis que les voiles d’avant à fort recouvrement (génois et foc de brise) sont remplacées par un solent passe-partout.

Un refus de tribord désastreux

Mais lors d’une régate en février 2020 devant Castelsardo, un catastrophique refus de tribord va remettre sérieusement en cause l’avenir du Class 8 familial. Le bordé est totalement enfoncé sur l’arrière bâbord à quelques centimètres de la flottaison, le pont délaminé à plusieurs endroits et la barre franche explosée. [caption id="attachment_203538" align="aligncenter" width="500"] Les trous dans le bordé et au niveau du livet de pont ont été restratifi és. © DR[/caption] De l’avis de plusieurs chantiers, le bateau ne s’en remettra pas. C’était mal connaître l’opiniâtreté de son propriétaire qui va profiter des confinements successifs qui s’abattent sur l’Europe pour fignoler son projet de réparation. Après un convoyage sous haute tension – c’est un simple bâchage à l’aide d’un sac plastique qui masque les trous dans le bordé –, le bateau fait son retour à Stintino. Ne pouvant compter sur les professionnels du coin, Paolo fait alors appel à un ami de Trieste, bricoleur dans l’âme et grand habitué des refits. C’est ainsi qu’Antonio Scarpa arrive un beau matin de mai 2020 au volant de son break Volvo rempli à ras bord d’un outillage varié. [caption id="attachment_203537" align="aligncenter" width="500"] La quille relevable a été condamnée. Le tirant d’eau est aujourd’hui de 1,85 m. © DR[/caption] En mission commando, les deux hommes vont s’atteler en seulement 20 jours à des travaux de rénovation qu’un chantier classique aurait mis plusieurs mois à réaliser. Travaillant d’arrache-pied de l’aurore à tard dans la soirée, bateau posé sur son ber, démâté et totalement vidé, ils commencent par la réparation des dégâts : les trous du bordé et du pont sont stratifiés dans les règles de l’art. Dans un second temps, ils lancent l’opération de désaccastillage pour améliorer le plan de pont et en profitent pour appliquer une nouvelle peinture (coque et pont). Elle sera réalisée au pistolet en extérieur avec l’aide d’un petit matin sans vent pour éviter au maximum les poussières volantes. [caption id="attachment_203536" align="aligncenter" width="500"] La peinture de coque et de pont a été réalisée au pistolet en extérieur. Pour garantir un travail parfait, le bateau était bâché entre chaque étape. © DR[/caption]

Des pièces textiles à la place du métal

En se servant de son expérience dans le domaine – Paolo a en effet monté une société d’accastillage (Roots Fittings) –, certaines pièces métalliques sont remplacées par des terminaisons textiles. A l’image du vieux rail de génois qui va laisser sa place à un système de rentreur 2D ou des filières passées en Dyneema. [caption id="attachment_203535" align="aligncenter" width="500"] L’étai a été passé en Dyneema pour gagner du poids. Sa tension est reprise par un lashing. © P. Gury[/caption] Exit également le bout-dehors fixé sur le pont à même le chaumard pour un vrai bout-dehors rétractable intérieur de 90 mm de diamètre qui va servir à envoyer code zéro et spi asymétrique, gage de puissance dans la molle. Seuls les winches Lewmar d’origine sont conservés après révision car considérés comme aussi fiables que les nouveaux modèles du marché. En revanche, les taquets coinceurs et l’ensemble du pouliage, eux, sont neufs. Côté gréement, les drisses en polyester sont déposées à la benne, toutes changées par du Spectra. Idem pour les câbles du pataras, des bastaques (elles sont aujourd’hui reprises sur un winch à la main du barreur et démultipliées) et de l’étai dont la tension est reprise désormais par une cascade sur « lashing ». [caption id="attachment_203549" align="aligncenter" width="500"] Paolo Bua, suite à son refit, a augmenté la puissance de son plan de voilure sur son Class8 © P. Gury[/caption] Quant au mât, des renforts en fibre de verre sont réalisés au niveau des barres de flèche, des points de capelage et de l’étambrai. Pour assurer la rigidité du cockpit, des épontilles en stratifié sont réalisées depuis l’intérieur du bateau. Le rail de GV posé sur une barre en bois vermoulue est rehaussé via des têtes cylindriques en inox tandis qu’une nouvelle barre franche en composite est faite sur mesure. [caption id="attachment_203545" align="aligncenter" width="500"] Tout a été pensé dans le cockpit pour manoeuvrer facile et en équipage réduit. Le tableau arrière devrait être fermé sous peu. © P. Gury[/caption] Enfin, pour abaisser le centre de gravité du bateau, le système de relevage de la quille en fonte est condamné. Dans cette configuration en position basse et légèrement avancée, le tirant d’eau passe à 1,85 m au lieu des 1,75 m initiaux. Il fallait oser, Paolo l’a fait et ce n’est pas tout puisque d’autres projets sont dans les cartons, à l’image d’un nouveau safran plus profond et mieux compensé, d’une quille torpille ou encore d’une fermeture du tableau arrière. A Stintino, on n’a pas fini de le voir naviguer le First Class 8 de l’enfant du pays… [gallery columns="2" size="medium" ids="203546,203532"]

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