Figaro. Hugo Cardon (Sarth’Atlantique) remporte la deuxième étape
Quelle étape ! Le suspens était entier encore la veille avec la pétole qui s’installait sur la flotte. Le bizuth Hugo Cardon sur Sarth’Atlantique n’a pas tremblé et remporte la deuxième étape de La Solitaire du Figaro Paprec après 4 jours 2 heures 14 minutes et 29 secondes. Il devance Alexis Loison (Groupe REEL), vainqueur de la première étape et Charlotte Yven sur Skipper Macif 2023 qui était proche d’un exploit. Au classement général provisoire, Alexis Loison conforte son avance avant la troisième et dernière étape dont le départ sera donné dimanche. Le rêve à portée d’étrave pour le Normand après 19 Solitaire.
L’histoire est belle. Au départ de la Baie de Morlaix, lundi dernier, qui pensait qu’Hugo Cardon, l’un des 13 bizuths de la course, allait remporter cette étape entre la Baie de Morlaix et Vigo en Espagne ? Une victoire que le jeune skipper originaire du Mans est allé chercher sur chaque point de passage, dans toutes les relances et les différentes transitions. Toujours sous la pression de Charlotte Yven et des grands acteurs de cette étape, Hugo aura réussi, grâce à de bons placements sur ce grand échiquier océanique, à se trouver là où il fallait et au bon moment. « J’accuse un déficit en vitesse par rapport aux autres, j’en suis conscient mais je pense réussir à trouver le bon placement », confiait Hugo lors de la dernière vacation radio avant l’arrivée. Il avouait également avoir puisé au plus profond de ses forces pour venir à bout de ce parcours de 486 milles qui n’aura laissé aucun répit aux 34 marins solitaires. « J’ai, je pense, fait un blackout la nuit dernière. Je ne sais plus ce que je faisais. Je n’ai pas eu d’hallucinations comme sur la première étape mais j’ai vraiment puisé au plus profond de moi-même. Cette course est incroyable et pouvoir y participer et jouer comme ça devant, c’est fou », ajoutait-il.
Charlotte Yven : « C’était une étape vraiment complète, qui nous a fait pas mal chauffer les neurones ! Je me sens euphorique, comme si j’avais fait la fête ! Je crois que je suis bien cramée. J’ai navigué comme je le sentais, j’avais mon plan en tête, tout était fluide. Une belle étape, bien complète. Maintenant, j’ai surtout envie d’une bonne douche ! Je suis super fière : deux étapes, deux podiums, le deal avec moi-même est plus que rempli. J’ai navigué comme je le sentais, j’avais mon plan en tête et j’ai réussi à bien l’actualiser. Je me sentais bien à bord, les choix venaient naturellement, tout était fluide. J’étais à la bagarre tout le temps : à la porte, avec Hugo Cardon, on avait une demi-longueur d’écart… et puis, près de la côte, le vent a molli, les cartes ont été redistribuées. Ce n’a pas été facile du tout ! »
Une histoire de dorsale
C’est le genre d’étape qu’aime le grand public : longue, intense, aux multiples rebondissements. Mais à l’inverse, ce deuxième acte entre la Baie de Morlaix et Vigo a été un véritable casse-tête pour les 34 marins. Après un départ très venté sur une mer de près de 5 mètres de haut, c’est un final d’un calme olympien, que les skippers ont dû affronter. Dès la nuit de mercredi soir et le passage de cette fameuse dorsale qui barrait la route aux marins, les nuits blanches se sont enchaînées. La nuit de jeudi à vendredi n’aura pas été plus reposante. Dix minutes par-ci, cinq par-là, les marins le savent, le sommeil n’est accessible que quand le bateau et la mer le décident. Dans ces conditions, la présence sur le pont est quasi indispensable pour essayer de tirer au maximum le bénéfice de la moindre risée.
Un final haletant
Il aura fallu attendre le dernier moment pour enfin avoir le résultat de ce feuilleton ibérique. À la faveur d’un placement dans l’ouest qui s’est avéré plus stratégique, Hugo Cardon s’impose devant Alexis Loison et Charlotte Yven. Toute la journée, sous un ciel blanc et percé de bleu, les figaristes ont eu le regard fixé sur les moindres variations de l’épiderme océanique. Une concentration sans faille très énergivore pour les solitaires qui, depuis mercredi soir, au passage de la première dorsale, ne lâchent rien.
Bien seuls sur ce magnifique terrain de jeu, ils ont pourtant pu bénéficier de quelques pauses avec les visites de plusieurs bancs de dauphins, assister à des chasses où thons et oiseaux de mer passent à table et pour certains, frayeur passée, quelques apparitions de baleines.
Nouveau top au classement général provisoire (avant jury)
Au classement général provisoire après deux étapes, Alexis Loison conforte sa première place. Charlotte Yven remonte à la deuxième place aux dépens d’Hugo Dhallenne (Skipper MACIF 2025) grâce à sa très belle étape. Arno Biston (Article.1) monte sur la troisième marche du podium provisoire grâce à sa très belle étape.
Le dernier bizuth à avoir remporté une étape de La Solitaire du Figaro Paprec n’est autre que Davy Beaudart – aujourd’hui engagé sur Hellowork – lors de l’édition 2022.
Le Trophée Bizuth et Trophée du meilleur étranger
Indiscutablement, Hugo Cardon (Sarth’Atlantique) remporte le Trophée BENETEAU des bizuths. Oliver Hill (Connected by Water) termine quant à lui premier marin non français. Il aura réalisé une magnifique course, optant pour des choix audacieux et c’est en toute logique qu’il s’impose sur ce Vivi Trophée.
“Au delà de la performance sportive, Hugo porte aussi un message fort. Il hisse haut les couleurs du dispositif Cap à l’Ouest, initié par l’association TEAM MAM, qui oeuvre pour l’accompagnement et la valorisation des athlètes en situation de handicap. À travers son engagement, Hugo incarne les valeurs de solidarité, de dépassement de soi et d’inclusion qui animent ce projet.” Pour Florent Blu, président de l’association TEAM MAM : « C’est un sentiment de fierté! Hugo a fait beaucoup de sacrifices cette saison. On a été très présent en coulisse ces derniers mois pour lui permettre de réaliser son objectif de participer à cette course incroyable. Quand je pense que Hugo du haut de ses 21 ans, avec une grand voile achetée d’occasion en dernière minute sans véritable réglage et un emploi du temps partagé entre l’entraînement et la recherche de sponsors. Ce résultat est une belle récompense et je lui tire mon chapeau. L’occasion pour moi de remercier ses partenaires et nos mécènes qui permettent de le mettre dans les meilleurs dispositions. Je suis ravi que les couleurs de notre dispositif Cap à l’Ouest, qui favorise l’inclusion par le sport de haut niveau, soit formidablement représenté par un athlète comme Hugo.”
Repos forcé
Cette escale espagnole est la bienvenue et il faudra rapidement reprendre des forces durant le week-end pour affronter un bien plus gros morceau, le retour en Normandie, à Saint-Vaast-la-Hougue, escale finale de cette 56e édition de La Solitaire du Figaro Paprec, dont le départ est prévu ce dimanche à 17h00.
*avant jury