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Fiiish débarque avec une tresse « made in France »

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L’entreprise Fiiish propose cette année une tresse 8 brins élaborée en France grâce aux technologies de la Société choletaise de fabrication. Un engagement qui vise à renforcer le tissu économique national, mais également à protéger le patrimoine industriel puisque ces fils sont réalisés avec des machines en bois datant du XIXe siècle. Photos de Benoît Simon. Chassons les idées reçues : les ateliers ne sont pas tous en Chine. Car, en dépit d’une désindustrialisation rampante dans notre pays, certains gardiens des temps prospèrent et des « savoir-faire » continuent de faire tourner nos machines dans l’Hexagone, et ce malgré les nombreuses contraintes. C’est le cas de la SCF (Société choletaise de fabrication), tisseur, tresseur, tricoteur et dentellier basé à Cholet dans le Maine-et-Loire, et qui a fait de l’accessoire textile sa spécialité. Et cela avec notamment des machines en bois qui ont près de 200 ans pour certaines.

Une plongée dans le passé

Nous accompagnons Louis Leveuf, directeur technique et scientifique chez Fiiish, dans les ateliers afin d’aller voir comment est fabriquée cette fameuse tresse. La société, située au milieu des prairies angevines est entourée de cloisons avec moutons. « La SCF fait de l’écopâturage », nous glisse Louis. Le ton est donné, ici, on fait du local ! À l’arrivée, Fanny, la responsable communication du groupe, nous accueille avec le patron, Olivier Vérièle. Ils nous préviennent : « La pêche ne représente qu’une petite part de notre activité, mais elle aide à valoriser les métiers bois. » Traduisez : les machines de tissage en bois du XIXe siècle… Mais pourquoi utiliser de tels outils à notre époque ? « La plus vieille machine date de 1830, ce sont des bijoux, elles permettent un tressage d’une finesse inégalée. Les fibres sont moins sollicitées, la maille est plus serrée, et les performances techniques, dont la solidité, sont au rendez-vous. Pour certains marchés, comme les lacets haut de gamme ou même la pêche, c’est irremplaçable. Et il n’y a pas besoin d’utiliser des produits chimiques », nous explique Olivier tandis que nous nous dirigeons vers le « coeur du réacteur ».

« Les machines de tressage sont en bois. Elles datent du XIXe siècle et fabriquent un mètre de fil à l’heure. Une vitesse lente, mais gage d’une vraie qualité technique et écologique. »

Des ateliers très impressionnants

Nous entrons dans les ateliers. La perspective est vertigineuse. Nous découvrons des centaines de machines alignées qui travaillent dans un bruit pas possible. On croirait pénétrer dans une horloge tellement tout est précis, méthodique. Et puis tout tourne, mécaniquement, comme des cliquets. Certaines machines, telles que celles dédiées à la dentelle, ont un nombre inouï de bobines qui oeuvrent dans une parfaite régularité pour peu à peu dessiner ces étonnants motifs. [caption id="attachment_203144" align="aligncenter" width="500"] Les huit brins et le fil tressé. ©B. Simon[/caption] Nous avançons dans des couloirs immenses urbanisés par la présence des machines, quelques manutentionnaires effectuent des contrôles, quand soudain au milieu de cet océan de tissage, nous tombons sur le but de notre venue : les machines de fabrication de tresses. Le contraste avec le monde actuel est saisissant, car elles font partie des plus vieilles de l’usine. « Ces machines sont aussi parmi les plus lentes. Elles fonctionnent 24 heures sur 24, mais elles produisent un mètre de tresse à l’heure. C’est très lent, c’est sûr, mais c’est ce qui fait que le fil possède des propriétés particulièrement intéressantes pour la pêche. Et puis il y a plusieurs machines, chacune tourne pour un diamètre différent », précise Louis.

La peau de requin et la rencontre avec Fiiish

Nous restons là, quelques instants, figés, à regarder les machines tourner, entraîner les huit bobines vers le tressage pour finir avec un seul brin. Un détail attire notre attention : un étrange revêtement se trouve sur la poulie d’arrivée de la tresse. « Il s’agit d’une peau de requin. Elle permet d’éviter d’abîmer le bois et la tresse. » Et Olivier de renchérir : « Ça peut paraître curieux, mais ce métier bois, c’est justement ce qui nous a fait rencontrer Fiiish. Pour en revenir à la genèse, un de mes prédécesseurs m’avait parlé d’un ancien marché pêche qui faisait un million de mètres par an d’un petit produit très fin, très souple, une tresse plate, plus précisément une lamelle que seuls les métiers bois savent travailler grâce à leur lenteur. Cette lamelle, que l’entreprise fabriquait en différentes couleurs, était revendue pour la pêche outre-Atlantique. Puis en raison de contraintes écologiques, la production s’est arrêtée et j’ai toujours voulu relancer quelque chose dans la pêche. Jusqu’au jour où je suis tombé sur un article dans la presse évoquant Fiiish et sa volonté de créer une canne biodégradable en France. J’ai alors pris mon téléphone et je les ai appelés et ça les a tout de suite intéressés. » [caption id="attachment_203145" align="aligncenter" width="500"] Il y aura plusieurs tailles de tresses, de 15 à 24/100e. © B. Simon[/caption]

Six tailles de tresses

Nous revenons par d’autres ateliers tout aussi impressionnant, là où terminent nos fils, une sorte de perruque géante… Nous y rencontrons des artisans travaillant les finitions, dont la mise en bobine, et assurant les vérifications qualitatives. Louis reprend la parole : « On voulait un produit que l’on pouvait venir voir quand on le souhaitait, observer sa fabrication, discuter avec les équipes sur place et ainsi participer à son développement. On a fait un vrai projet de recherche ensemble : nouveaux matériaux, essais en laboratoire, tests terrain. Nous avons eu des ratés, mais la proximité géographique et philosophique a fait que nous avons vite trouvé des solutions. Et aujourd’hui, on sort une gamme de six tresses, de 15 à 24 centièmes, sans aucun revêtement chimique. Un produit solide, imperméable, durable et respectueux de la mer. Ce produit se destine à un public qui recherche du qualitatif. »

Une virée à Nantes

Soucieux de dévoiler ce savoir-faire à son public, Fiiish a apporté une machine métier bois au salon de Nantes pour une démonstration de fabrication. Une animation qui a séduit les visiteurs. Gageons que les jeunes présents dans les allées s’en sont inspirés et seront demain les gardiens, ou pourquoi pas les relanceurs, de l’industrie made in France… [caption id="attachment_203146" align="aligncenter" width="500"] La SCF encore et toujours basée à Cholet © B. Simon[/caption]

Un peu d'histoire : La Société choletaise de fabrication

Du lacet au luxe, en passant par la pêche

L’entreprise a été fondée en 1969. À l’époque, elle s’appelait SCFL – Société choletaise de fabrication de lacets. Elle réalisait essentiellement des lacets, notamment pour la marque Eram. Puis elle a considérablement diversifié ses savoir-faire : la mode, la chaussure, la maroquinerie, la chapellerie, mais aussi les équipements de protection, les matelas, le linge de maison. Les clients sont des établissements de luxe parisiens autant que des petites firmes françaises. Il n’existe plus vraiment d’écoles pour ces métiers, alors les équipes sont formées en interne. En 2010, l’entreprise a été rachetée par Olivier Vérièle, l’actuel patron qui a à cœur de valoriser les métiers bois. Il compte à son actif plusieurs acquisitions de machines du XIXe siècle et il n’entend pas s’arrêter là. L’entreprise comprend une bonne quarantaine d’employés. Outre son activité technique, la SCF a créé une société sociale et solidaire, « Made by Bobine », qui revalorise les chutes de production pour les transformer en objets du quotidien : tabourets, cabas, cintres… C’est aussi un tiers-lieu qui accueille le public, organise des ateliers, des conférences, et travaille avec des personnes en insertion. L’idée est ici de transmettre, partager, faire vivre les savoir-faire.

Toute l’actualité de la pêche en mer par ICI

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